Le Mexique frappe les importations : un tarif de 19 % qui cible clairement Shein et Temu

Le Mexique a instauré une nouvelle série de tarifs douaniers visant les importations de pays sans accords commerciaux, comme la Chine. Cette décision, qui marque le début de l’année, pourrait compliquer davantage les ambitions des géants du commerce électronique, tels que Shein et Temu, dans leur expansion sur le marché nord-américain.

Un tarif de 19 % sur les produits à faible valeur

Le Service d’administration fiscale mexicain (SAT) a imposé un tarif de 19 % sur toutes les marchandises importées via des transporteurs en provenance de pays sans accords commerciaux, informe Glenn Taylor de Sourcing Journal. Auparavant, ces produits à faible valeur étaient exonérés de droits de douane. Les nouveaux tarifs, en vigueur depuis mercredi, s’appliquent aux importations d’une valeur comprise entre 1 dollar et 50 dollars. Pour les produits provenant de partenaires commerciaux comme les États-Unis et le Canada dans le cadre de l’ACEUM (Accord Canada–États-Unis–Mexique), un droit de 17 % sera appliqué aux marchandises d’une valeur comprise entre 50 dollars et 117 dollars.

Le SAT a présenté ces mesures comme une réponse à l’évasion fiscale et à la contrebande. « Ces actions réaffirment notre engagement à fournir des services efficaces aux contribuables tout en garantissant le respect des obligations fiscales et en protégeant notre économie », a déclaré l’organisme dans un communiqué.

Impact sur Shein, Temu et le commerce électronique mondial

Les nouveaux tarifs pourraient considérablement perturber les activités de Shein et Temu, qui s’appuient sur des importations exemptes de taxes pour expédier des produits à faible valeur aux consommateurs nord-américains. Les deux entreprises, dont les chaînes d’approvisionnement sont basées en Chine, utilisent le Mexique et le Canada comme hubs logistiques pour atteindre le marché américain.

Ces mesures ne cibleront pas uniquement les géants asiatiques, note Yahoo Finance. Des détaillants comme Walmart et Amazon, qui importent des marchandises de Chine pour les consommateurs mexicains, devront également faire face à des coûts plus élevés.

Tensions commerciales entre les États-Unis et le Mexique

Ces mesures interviennent quelques semaines avant l’investiture du président élu des États-Unis, Donald Trump. Trump a menacé d’imposer des tarifs de 25 % sur les marchandises provenant du Mexique et du Canada, invoquant des préoccupations concernant l’immigration et l’utilisation du Mexique comme « porte dérobée » pour l’entrée de produits chinois aux États-Unis. Selon lui, ces pratiques nuisent à la production locale et à l’emploi américain.

Pendant ce temps, les législateurs américains militent pour une réforme de la disposition Section 321 de minimis, qui permet l’entrée en franchise de droits des expéditions d’une valeur inférieure à 800 dollars. Les critiques estiment que cette faille profite injustement aux géants étrangers du commerce électronique et soulèvent des inquiétudes quant à son exploitation pour des activités illégales, comme le trafic de drogue.

Protection de l’industrie textile mexicaine

Cette dernière série de tarifs fait suite à la décision de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum d’augmenter temporairement les droits de douane sur les vêtements finis et les textiles jusqu’au 22 avril. L’objectif est de protéger l’industrie textile nationale face à une concurrence déloyale. Les droits sur des articles comme les vestes, les robes et les chemises sont désormais de 35 %, contre 20 à 25 % auparavant, tandis que les droits sur des textiles comme le denim et les fibres de polyester sont passés de 10 % à 15 %.

Le décret de Sheinbaum restreint également l’entrée en franchise de vêtements finis destinés à être réexportés aux États-Unis via le programme d’importation IMMEX du Mexique. Conçu à l’origine pour soutenir les fabricants étrangers opérant au Mexique, le programme a été exploité par des entreprises important des produits finis déguisés en matières premières.

Impact économique et réponse du secteur

L’abus du programme IMMEX a contribué à des pertes significatives dans le secteur textile mexicain, notamment une contraction de 4,8 % de sa contribution au PIB, la perte de plus de 79 000 emplois, et un manque à gagner de 1,1 milliard de pesos (53,6 millions de dollars).

Avec ces mesures, le gouvernement mexicain adopte une position plus ferme contre les pratiques commerciales qui nuisent à ses industries locales, tout en remodelant le paysage pour les entreprises internationales opérant sur son territoire. L’impact sur Shein, Temu et d’autres entreprises dépendantes des importations pourrait être considérable, les forçant à revoir leurs stratégies pour accéder au marché nord-américain.