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Le sort de Kookaï, en redressement judiciaire, décidé jeudi

By AFP

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Magasin Kookaï. Credits: Valerie Dubois/Hans Lucas via AFP

Paris - Qui pour reprendre Kookaï, célèbre marque française passée sous pavillon australien et en redressement judiciaire ? Avant la décision jeudi, sept candidats sont sur les rangs, mais sans convaincre pleinement les salariés.

Kookaï, la marque qui a inventé les "Kookaïettes", ces "jeunes femmes impertinentes et cruelles avec les hommes" présentées dans des campagnes de publicité remarquées dans les années 90 notamment, suscite des convoitises. Lancée en France en 1983 et rachetée en 2017 par l'Australien Rob Cromb, la griffe a pâti comme d'autres d'un cocktail détonnant : pandémie, inflation, hausse des coûts de production, des loyers, des salaires, concurrence de la seconde main et de la fast fashion.

À cette conjoncture défavorable, il faut ajouter un changement de style propre à Kookaï, des collections pensées et taillées pour des Australiennes - jupes trop courtes, décolletés trop plongeants -, qui ont déplu aux Françaises, ont raconté de nombreuses employées à l'AFP.

En février, l'enseigne a été placée en redressement judiciaire. En septembre, le tribunal de commerce de Paris a jugé que la trésorerie de la société était insuffisante pour financer le plan de continuation proposé et a ouvert la voie à son rachat.

Au 15 novembre, sept candidats avaient formulé des offres, scrutées avec angoisse par les quelque 170 salariés (chiffre syndical). "Aucune n'est enthousiasmante", se désespère auprès de l'AFP une représentante des salariées qui a requis l'anonymat.

"Préférence pour Beaumanoir"

Celle de GD Distribution (Gérard Darel & Pablo) propose de reprendre trois baux commerciaux - deux à Orléans et un à Vincennes (Val-de-Marne) - pour 200.000 euros, ainsi que deux salariés et un apprenti.

L'entreprise a précisé que son offre pouvait "être utilement étudiée conjointement avec celle présentée par le Groupe Beaumanoir" dans la mesure où "ces deux offres portent sur des actifs distincts" de Kookaï. Le Groupe Beaumanoir (Caroll, Morgan, Cache Cache, Bréal, Bonobo, etc.) a confirmé à l'AFP "son intérêt pour la reprise de la marque Kookaï".

Dans l'offre améliorée du 15 novembre que l'AFP a consultée, le groupe proposait de reprendre 26 emplois et 8 magasins (Annecy, Bordeaux, Montpellier, Nancy, Reims, Tours, Neuilly et Paris) pour un montant d'environ 600.000 euros.

Le groupe Antonelle-Un jour ailleurs souhaite de son côté reprendre 67 salariés, 16 boutiques et de nombreux corners, et offre un prix de cession à 300.000 euros. "Antonelle propose de reprendre 60 salariés mais dans d'extrêmes mauvaises conditions de travail" avec "des coupes d'effectifs dans les magasins" et "une perte d'avantages", se désole une représentante des salariés. "On préfère (l'offre) de Beaumanoir : même s'ils reprennent moins de salariés, c'est un groupe qui a les reins solides", estime-t-elle.

Loi des séries

"On veut sauver les emplois, bien sûr, mais dans la mesure où ça n'entraîne pas de souffrance" dit celle qui "préfère une liquidation à la proposition d'Antonelle".

Kookaï détient une centaine de magasins en France et est notamment présent en Espagne, en Suisse, aux États-Unis et en Australie. En 2022, le groupe affichait un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros, en hausse de 18% par rapport à 2021, mais en baisse de 25% par rapport à 2019.

Camaïeu, Naf Naf, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don't Call Me Jennyfer, Burton of London, Pimkie, Du Pareil au Même et Sergent Major... Le secteur du prêt-à-porter en France est secoué depuis plus d'un an par une violente crise.

Elle a été fatale pour certaines marques, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement des 2.100 salariés qui avait fortement marqué les esprits. Certaines sont en redressement judiciaire, comme Naf Naf ou Don't Call Me Jennyfer.

Sans en arriver là, d'autres encore réduisent la voilure, taillant dans les effectifs et fermant des magasins, comme Princesse Tam Tam, Comptoir des Cotonniers (groupe Fast Retailing) ou Pimkie. (AFP)

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