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Les Cachotières : quelles sont les raisons de l’arrêt de la plateforme ?

By Sharon Camara

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Business |INTERVIEW

Courtesy of Les Cachotières

Il y a quelques jours, la plateforme Les Cachotières annonçait l’arrêt de son activité. Augmentation des frais de transports, difficultés à lever des fonds, etc. Fashionunited a interrogé la fondatrice, Agathe Cuvelier, pour en savoir plus sur cette décision.

L’aventure aura duré sept ans. Avec son modèle unique de location de vêtements entre particuliers, le site Les Cachotières développait de grandes ambitions en France et à l'international. En 2020, la plateforme proposait plus de 3 000 références et 300 marques. Des articles que l’entreprise stockait en interne et louaient aux clients, à des prix compris entre 35 et 90 euros. Après avoir développé son offre pour les particuliers, le site a lancé « Les Cachotières For Brands » qui permet aux marques de mode de proposer une sélection d’articles en location sur la plateforme. Très vite, des marques telles que Sandro, Ba&sh, Vanessa Bruno et Pablo adhèrent au projet et collaborent avec Les Cachotières. Face à ce succès, l’entreprise développait de grandes ambitions et prévoyait de « devenir la plus grosse plateforme de location multimarque en Europe ». Pourtant, le 13 avril dernier, les fondatrices ont annoncé la fin de l’aventure via des publications sur Instagram et Linkedin.

Il y a moins d’un an, l’ambition pour les Cachotières était de devenir l’une des principales plateformes de location multimarque en Europe. Que s’est-il passé entre-temps?

Beaucoup de choses ! Il faut savoir que nous sommes là depuis de nombreuses années, bien avant que la location de vêtements ne devienne une tendance. J’ai commencé à travailler sur le projet il y a neuf ans et le site a été lancé en 2016.

La location de vêtements est un modèle qui nécessite beaucoup d’investissements, surtout pour la logistique et la tech. Aussi, pour faire évoluer la plateforme, il fallait régulièrement lever des fonds. Après avoir signé des partenariats avec dix marques en 2022, nous étions sur une très belle avancée. Malheureusement, les acteurs du financement sont assez frileux face à notre modèle. Il nous fallait trouver des investisseurs, en plus de nos actionnaires qui financent le projet depuis le début. Les discussions avançaient bien avec certains fonds d’investissements, mais pour les convaincre, il aurait fallu prouver que les contrats signés avec les marques nous apportaient une vraie croissance du chiffre d’affaires sur notre haute saison 2023 (d’avril à septembre).

Le souci est que les marques avec lesquelles nous collaborions, n’avaient pas les mêmes attentes que nous. Pendant qu’elles misaient sur la communication, nous nous focalisions sur les questions liées à la data permettant d’améliorer la durée de vie du produit. Pour les marques, ce sont des sujets qui étaient encore secondaires, donc que nous ne pouvions monétiser. D’autre part, de nombreux signaux montraient que le marché de la location était en train de se développer, mais la croissance du nombre de commandes n’était pas exponentielle et même si nous commencions à avoir des marges très intéressantes, nous manquions encore de volume pour pérenniser notre modèle.

Bien avant « Les Cachotières For Brands », vous aviez une offre pour les particuliers ?

Après les dix-huit mois d’arrêt dû au confinement, il a fallu reconquérir nos clients et cela n’a pas été facile. À cela s’ajoute une hausse importante des coûts du transport ces derniers mois qui nous a obligé à augmenter nos prix. Dans une période où le pouvoir d’achat des Français ne fait que diminuer, ce n’est pas évident. Si à l’époque nos locations coûtaient entre 40 et 45 euros, nous avons été obligés de proposer des prix entre 60 et 65 euros pour une location de quatre jours. Les clientes qui ont les moyens de louer à ce tarif-là sont des CSP +, donc des clientes qui ont potentiellement les moyens d’acheter ces pièces plutôt que de les louer.

Au vu des marges que nous arrivions à dégager depuis quelques mois, je reste convaincue que le modèle de la location de vêtements est prometteur. Malheureusement, nous étions dans une période très délicate et nous avons rencontré beaucoup d’obstacles en plus du fait que nous nous étions lancés très tôt sur ce marché. Nous avons mené de fronts deux projets majeurs : une levée de fonds et une revente de la société. Jusqu’à la dernière minute, les deux projets ont failli se faire et puis revirement de situation, aucun d’entre eux n’a finalement abouti. Nous n’avions pas envie d’arrêter, mais c’est un choix qui s’est imposé à nous.

Portrait Agathe Cuvelier

Est-ce que vous avez pu faire des bénéfices au cours de ces sept ans ?

Nous aurions pu si nous étions restés uniquement sur le marché local. Nous avions de grandes ambitions aussi bien en France qu’à l’international donc tout a été réinvesti dans le but d’aller chercher de la croissance et de prendre des parts du marché. Nous étions concentrés sur l’avenir et persuadés que le projet allait être un énorme succès.

Quelles sont les prochaines étapes ?

L’entreprise a été liquidée. Nous sommes en train de retourner les stocks aux particuliers et aux marques partenaires. L’entreprise sera officiellement fermée le 30 avril prochain.

Selon vous, la concurrence de certaines marques qui se sont lancées sur ce modèle a-t-elle contribué à cette situation ?

Non, pas du tout. Selon moi, le problème est vraiment lié au marché, au fait que nous sommes arrivés très tôt et que nous avons traversé une période compliquée pour tout le monde. Mais je reste convaincue que la location a de beaux jours devant elle et qu’elle est un sujet d’avenir pour les marques de mode.

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