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Les habitants de Morez organisent une marche silencieuse pour protester contre LVMH

By Herve Dewintre

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Morez, petite ville de 5000 habitants, aime se définir comme la capitale internationale de la lunette. Il faut dire que dans cette jolie commune située en plein cœur du Haut-Jura, on ne plaisante pas avec les savoir-faire locaux qu’on préserve farouchement. Aussi, quand le principal donneur d’ordres fait faux bond au plus important lunetier de la commune (450 salariés), toute la commune voit rouge.

Petit historique des faits : la société Logo assure depuis une vingtaine d’années la fabrication exclusive et la commercialisation mondiale des montures de lunettes haut de gamme Fred et Tag Heuer, deux maisons de luxe appartenant à LVMH. Jusqu’à cette année encore, les produits LVMH représentent 97 pour cent des 40 millions d’euros de chiffre d’affaires du lunetier.

En décembre 2015, LVMH a décidé de retirer sa licence à Logo. « Une décision brutale » d’après l’avocat du lunetier. Une brutalité dont se défend LVMH qui a donné sa version des faits ce mardi par l’intermédiaire d’un communiqué détaillé : «TAG Heuer est le dernier client significatif de la société Logo après le départ des autres principales marques en raison de la gestion défaillante de la direction actuelle de la société et de son actionnaire». Le géant du luxe indique avoir maintes fois alerté le lunetier. Et ce depuis 2012. « Dès 2014, Tag Heuer a signalé à la société Logo que ces conditions anormales d’exploitation et de gestion ne permettraient pas le renouvellement de la licence à son terme».

LVMH n’imposera plus à ses constructeurs de produire français

Cette version n’a pas convaincu les salariés du lunetier. Le14 septembre, ils apprenaient en effet que LVMH lèverait bientôt l’obligation de produire français qu’il imposait jusqu’ici à ses constructeurs. Pour Renaud Semerdjian, avocat de Logo, c’est sur ce point précis que réside le vrai problème.

En effet, lorsqu’en décembre dernier, LVMH a décidé de retirer sa licence à Logo ( la licence courait jusqu’à fin 2017), le lunetier jurassien, dont le siège administratif est situé en région lyonnaise, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon. C’était le 12 mai dernier. La société avait jusqu’au 4 octobre prochain pour trouver un repreneur.

De facto, «en levant l’obligation de produire Made in France dans le contrat qu’il va signer avec un nouveau constructeur, plus aucun repreneur n’a intérêt à racheter Logo», dénonce Renaud Semerdjian qui poursuit : « cette décision, prise par des filiales d’un groupe français numéro 1 mondial du luxe - et se présentant comme le défenseur du savoir-faire français - condamne, de façon certaine, la société Logo et ses 220 emplois basés dans le Haut-Jura français ainsi que ceux des 230 salariés des filiales du Groupe Logo à l’étranger, en Italie et aux États-Unis».

La ville a décidé de soutenir le lunettier menacé de liquidation judiciaire dans les jours à venir. Pour le maire Laurent Petit, cette fermeture serait une catastrophe : « Logo est la dernière entreprise morézienne qui compte plus de 50 emplois dans l’industrie de la lunette ». D’une manière générale, La lunetterie a subi une véritable hémorragie, passant de 4.500 emplois dans le secteur de Morez dans les années 1980, à seulement 1.500 actuellement.

Entre 300 et 500 habitants de la commune ont défilé en silence ce mardi dans la ville en soutien aux salariés qui avaient suspendu trois banderoles sur les murs de l’entreprise. Sur ces trois banderoles se détachent en grosses lettres les messages suivants : «200 victimes du génocide industriel», «Logo meurt, merci Tag» et enfin «Sauvons le Made in France». L’avocat du lunettier en appelle désormais au gouvernement mais aussi, plus singulier, à Arnaud Montebourg ( au nom du made in France) pour trouver des solutions.

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