Mycoworks : le mycélium (racine du champignon) comme alternative magique au cuir ?
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Direction les États-Unis avec MycoWorks, à la découverte d’un procédé industriel à base de mycélium, partie souterraine du champignon, qui permet de créer une nouvelle matière. Le Reishi se veut une alternative au cuir (forcément animal), sans avoir recours au pétrole.
Matt Scullin, CEO de MycoWorks, reçoit FashionUnited dans son bureau parisien situé rue de la Paix. Le but ? Faire la démonstration que le mycélium, qu’il produit sur 13 000 m² dans son usine en Caroline du Sud (État du sud-est des États-Unis), est bel et bien une solution écologique et non pas un énième résidu du pétrole comme les matières obtenues à base d’ananas ou de pommes.
Et pour cause, la matière qu’il promeut est composée à 100 % de mycélium. Le mycélium est constitué de fils, appelés hyphes, à partir desquels les champignons poussent. Son entreprise industrielle le cultive, à la lumière infrarouge, sur des plateaux d’un mètre par 50 centimètres, et le nourrit avec de la sciure de bois recyclé. Selon les attentes des clients, il est possible de customiser le matériau par l'ajout d'un textile (biodégradable comme le coton). En poussant, les fibres se confondent et il suffit alors de détacher des couches de quelques millimètres pour obtenir la matière brute, appelée et brevetée Reishi.
Reishi : une nouvelle catégorie de matériaux naturels, fabriqués à partir de la technologie Fine Mycelium exclusive de MycoWorks
Le Reishi est disponible en trois finitions : Natural, Doux et Pebble. À la base, il possède une couleur orangée terreuse. Mycoworks délègue sa production à des tanneurs qui se chargent de la teindre en fonction des souhaits des clients. « Cette méthodologie nous permet de produire à la demande », confie le dirigeant à FashionUnited, arguant, par là même, une démarche plus écoresponsable puisque pas de stocks (il faut compter quatre semaines entre une commande et la livraison).
Avec quelques millions de m2 de Reishi cultivés, contre deux milliards pour l’industrie du cuir, Matt Scullin se consacre pour l’instant au marché du luxe. Après Hermès qui a beaucoup communiqué sur l’expérimentation de cette nouvelle matière, ce sera bientôt au tour de Ligne Roset de prouver qu’on peut faire des canapés Togo en Reishi.
Mais le dirigeant a déjà les yeux fixés sur un marché plus mass-market, notamment à travers sa collaboration avec Général Motors. C’est sans doute là que réside le véritable enjeu d’une matière qui permettrait de limiter l’impact carbone de l’élevage et, particulièrement, la raréfaction des peaux premier choix.
À noter que Mycoworks sera présent sur le salon Lineapelle (du 20 au 22 février 2024, Milan) et est le parrain du sommet Biofabricate, qui se tient du 10 au 12 janvier 2024, à la Fondation Fiminco, à Romainville.