« Nous devons prendre le temps d’un moment de connexion avec le marché », Florence Rousson, présidente du directoire Première Vision
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Florence Rousson, présidente du directoire Première Vision depuis février 2024, a reçu en exclusivité FashionUnited pour sa première interview afin d'évoquer l'évolution des salons mode GL events. Une mutation qui se concrétise déjà sur l’édition Première Vision Paris, organisée du 2 au 4 juillet 2024, au parc des expositions de Villepinte.
Quel est votre background ?
Professionnellement, je suis née en 1998 en rejoignant la Fédération de la Maille pour travailler sur les salons bain/lingerie et Interfilière. J’y suis restée une dizaine d’années. Cela m’a apporté une culture btob. Nous réfléchissions beaucoup sur le contenu, le sens et la valeur concrète de ce type d’évènements.
En 2010, j’ai rejoint le groupe GL events pour me spécialiser sur les salons btob, qui étaient percutés par des crises dans d’autres univers de marché. En plus d'être directrice de la division Greentech +, filiale de GL events, en février 2024, Olivier Ginon et le conseil de surveillance de Première Vision m’ont demandé de devenir présidente du directoire de Première Vision. Ce mandat exécutif me permet de mettre en œuvre une nouvelle stratégie.
En quoi, selon vos propres impressions, le secteur du sourcing mode a-t-il changé entre 2010, date à laquelle vous avez quitté Interfilière, et 2024 ?
La taille du marché, sa verticalisation, sa mondialisation. La distribution sur l’aval a également évolué. Si on prend l’exemple d’Interfilière, l’évolution du nombre de multimarques a complètement changé, la façon dont on distribue et consomme ces produits n’est plus la même. Ces éléments ont percuté le marché.
En termes de sourcing, les marques se positionnent sur l’écoresponsabilité, car c'est une demande des acheteurs. Nous le constatons à travers le programme « A better way » de Première Vision. Nous devons apporter une valorisation de ces produits avec un éclairage pour les consommateurs. De même, les matières simless, qui apportent technologie et innovation dans des articles comme le bain ou le sport (taille, respirabilité, etc.), gagnent en importance.
PV Denim, qui s’est déroulé en juin 2024, était votre première re-immersion dans l’univers du sourcing mode ?
J’ai trouvé particulièrement réussi le respect des codes de cet écosystème spécifique. Le travail réalisé avec les écoles de mode est remarquable. L’équipe a fait travailler les étudiants comme s’ils devaient se projeter dans une entreprise, avec une collection prête à être industrialisée. Dans une logique de transmission des connaissances et d’accompagnement des jeunes, c’est un sujet extrêmement bien traité. Nous allons en tirer un enseignement et l’adapter à nos autres salons.
L’idée d’être proche des jeunes rejoint votre proximité avec le Festival de Hyères auquel vous attribuez le grand prix. Maintenez-vous ce partenariat ?
Nous ne serons plus partenaires du Festival de Hyères. Octobre 2024 sera la dernière édition. Cette décision a été prise avant que je rejoigne l’équipe. Nous sommes à la fin d’un cycle, chahutés par la crise, nous devons nous questionner, flécher les investissements différemment. Je remercie le Festival de Hyères pour cette collaboration. Nous avons une histoire couronnée de succès qui nous permet, aujourd’hui, d’avoir une marque, mais qui doit évoluer. Il y a des renoncements nécessaires.
Quelle stratégie souhaitez-vous mettre en place ?
L’idée est de construire l’histoire de la division mode de GL Events, de clarifier et d'optimiser le positionnement de notre quinzaine de produits* et de les remettre en synergie pour apporter une réponse efficace au marché. Le redéploiement va entraîner une couverture de besoins différente sur des marchés précis.
Dans un premier temps, nous allons prendre le temps de la réflexion pour se redonner un peu d’oxygène. Notre proposition sera différente entre nos salons généralistes et nos salons spécialistes ou experts. Sur ces derniers, nous serons sur de l’ultrapersonnalisation, presque individualisée.
À l’inverse, sur Première Vision Paris, nous traiterons les grands sujets de la transformation de la filière et de l’industrie, qui doivent obtenir, grâce à nous, des réponses. Notre feuille de route est : comment Première Vision Paris doit se rouvrir pour se réadapter aux marchés, dans un environnement qui a changé ? Sur quoi devons-nous capitaliser et qu’est-ce que l’on doit traiter ? Nous allons tester de nouvelles choses, certaines fonctionneront, d’autres pas.
Nous allons travailler la dimension mode : que doit-on en faire ? Comment redonner de la prospective ? Comment ne pas se cantonner à la tendance matières pour s'ouvrir à une tendance sociétale ? Des évènements viennent impacter l’industrie, Première vision doit être une place de dialogue, un endroit où les débats doivent se nourrir.
Nous avons une expertise sectorielle extrêmement forte, mais notre sélectivité implique de travailler sur les bons produits, le bon territoire et la bonne temporalité. Je vous donne un exemple concret : auparavant, il fallait exposer à Première Vision Paris pour pouvoir être sur Blossom. Nous allons y mettre fin. Nous voulons orienter notre sélectivité sur la connaissance clients.
Nous comptons nous adapter à des logiques de territoires différentes, car, peut-être, demain, les gens vont moins voyager. Aussi, nous lançons, en septembre 2024, la première édition de Tranoï Tokyo. Nous avons identifié un besoin et le fait est que le salon est déjà complet en juin. Nous devons questionner le retour sur investissement des entreprises qui nous rejoignent, qu’elles soient exposantes ou visiteurs.
Quelles sont les évolutions prévues pour Première Vision Paris juillet 2024 ?
Une offre mode resserrée autour de deux forums, une exposition sur le denim (Project Tomorrow, hall 6) et sur le cuir (Les tanneurs français, hall 5). Une valorisation du savoir-faire français avec une présence renforcée de l’UIT. Un programme de talks et conférences reconduit. Nous prévoyons des moments de convivialité le mardi 2 et le mercredi 3 juillet (au cœur du hall 5 et dans l’entre deux halls 5 et 6, dans la galerie, de 17 h 30 à 19 h 30), avec de la musique, pour permettre à la profession de s’oxygéner dans un contexte tendu. Nous voulons créer des occasions de rencontres autres que sur les stands.
Sur quoi porte l’investissement d’un million d’euros signalé dans votre dossier de presse ?
Cet investissement porte sur le programme « Hosted Guest » initié en février 2024. GL events investit un million d’euros pour inviter 200 acheteurs clefs internationaux. Nous prenons en charge leur hôtel, leur transport afin de les accueillir en VIP.
Quels sont les nouveaux partenariats signés ?
Nous initions une collaboration avec Business France qui a mis en place un nouveau programme nommé « L’export commence en France ». Nous voulons pouvoir donner une dimension politique à la manifestation. Première Vision doit pouvoir connecter la société civile et le monde politique. Nous avons commencé à le faire sur Made in France où nous avions accueilli Olivia Grégoire et organisé, dans le cadre de sa visite, un temps d’échanges avec les présidents de fédérations françaises et des chefs d’entreprises. Nous nous sommes dotés d’une agence de relations publiques, 2017, avec laquelle nous travaillons sur le lobbying.
Est-ce que les Jeux Olympiques ont influé sur le nombre d’exposants et sur les préinscriptions ?
Nous pensions en pâtir à cause de la flambée des prix, mais, aujourd’hui, il n’y a plus de frein financier à venir sur le salon et la dynamique globale qui se met en place à Paris est plutôt porteuse. Au niveau des préinscriptions des visiteurs, nous sommes en retrait, car il y a toujours un ratio qui s’opère (plus de 930 exposants contre 1200 la saison dernière, N.D.L.R.). Mais, au-delà du nombre d’individus, ce qui nous intéresse, c'est le nombre d’entreprises présentes et la qualité du niveau d’échanges.
Quels sont vos objectifs pour cette édition juillet 2024 ?
Prendre le temps d’un moment de connexion avec le marché. Le référentiel d’un Première Vision tel que nous l’avons connu, dans les éléments numéraires, ne sera peut-être plus le même. Ce n’est pas grave. Pour la feuille de route 2025, nous devons obtenir suffisamment d’éléments pour parvenir à maintenir le niveau d’expertise, avoir le bon niveau d’informations mode, des outils facilitateurs de business et des éclairages sur les nouveaux produits. Notre objectif ? Organiser un évènement qui soit juste par rapport au marché.
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