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On en sait un peu plus sur Fashion3

By Herve Dewintre

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L’annonce cet été d’une mutualisation de 8 marques textiles liées à la galaxie Mulliez avait marqué les esprits. « Mulliez » : on ne présente plus ce groupe familial nordiste, qui sous l’égide de Gérard Mulliez (dirigeant de l’entreprise Phildar) a fondé Auchan avant d’ agglomérer autour de lui une myriade d’enseignes importantes, dont Decathlon, Kiabi, Happychic (Brice, Jules, Bizzbee) etc. Cette galaxie d’enseignes est pilotée par l’association familiale Mulliez (AFM) qui est un groupement d’intérêt économique. Cette association est elle-même composée de cinq sociétés en commandite par actions auxquelles prennent part différents membres de cette famille dont la fortune est évaluée à 40,6 milliards d’euros, la première fortune de France, selon le magazine Capital.

Cette annonce, venant d’un acteur puissant du monde du textile laissait présager la mise en place d’une stratégie inédite et offensive, destinée à lutter contre les effets de la crise qui depuis 2008, secoue la mode dans toutes ses composantes. Le terme de mutualisation méritait cependant quelques éclaircissements. Serait-elle financière, logistique, comptable ? Une restructuration qui ne dit pas son nom?

On sait déjà qui dirigera cette mutualisation. Il s’agit de Jean Christophe Garbino que la famille Muliiez apprécie beaucoup puisqu’il est l’homme qui a mis Kiabi en orbite entre 2007 et 2014. Il est habitué aux « entités » étant donné qu’il a dirigé à partir de 2016 une structure nommée Modema : elle regroupait alors Pimkie, Grain de Malice, Rouge Gorge et Dorsay, soit 1,134 milliard d’euros de chiffre d’affaires au total en 2016 auquel il faut désormais ajouter 750 millions supplémentaires avec l’ajout des marques de Happychic (Brice, Jules, Bizzbee, la Gentle Factory).

« Le marché de l’habillement en France est engagé dans une guerre »

Jean Christophe Garbino avait annoncé qu’il livrerait sa feuille de route d’ici à la fin de l’année mais on en sait deja un peu plus sur les leviers qui seront actionnés par ce nouvel ensemble mutualisé. Son nom tout d’abord : Fashion 3 (le 3 se prononce cube). Si cet ensemble n’a aucune entité juridique, il a néanmoins une finalité très précise : resister à la déferlante Fast fashion dont les principaux représentants sont H&M, Zara, Primark mais aussi lutter contre les nouveaux pure players que sont Amazon, Asos et Zalando. Le tout dans un marché du textile en crise. Pour rappel, le marché de l’habillement a perdu 14 pour cent de sa valeur en 10 ans.

Résister, lutter : « Aujourd'hui le marché de l'habillement en France est engagé dans une guerre. Tout le monde ne passera pas la ligne d'arrivée d'ici à dix ans. Si nous voulons y arriver à huit, voire plus, face aux plus forts aujourd'hui... il faut se mettre en ordre de bataille », lance le dirigeant de Fashion3 au magazine Les Echos. Comment ? « En faisant coopérer les enseignes entre elles ». Des enseignes interconnectées.

Jean Christophe Garbino est catégorique, il ne s’agit pas d’une restructuration mais plutôt d’un « état d’esprit, d’un écosystème ». C’est à dire ? « il s’agit d'inventer un nouveau type de management, pour que ces enseignes soient plus créatrices de valeur. » Pour créer de la valeur, les Mulliez croient désormais aux vertus de l’ « omnicanal ». Cela signifie-t’il que les marques de la galaxie Mulliez vont converger vers une plateforme numérique commune ? Il est trop tôt pour le dire mais il s’agit néanmoins d’un sujet important pour AFM qui a confié ce dossier sensible à un expert : Pingki Houang, l’ancien directeur général de Showroomprivé, une entreprise très appréciée dans les Hauts de France.

Autre dossier concret : les économies substantielles liées à la mutualisation. « L'union faisant la force, on peut imaginer aller ensemble négocier avec les bailleurs » cite en exemple Jean Christophe Garbino. Plusieurs groupes de travail ont été mis en place sur des sujets aussi divers que l’achat de fournitures communes aux enseignes (par exemple les spots), l’immobilier, la logistique. Une mutualisation des achats sur certains produits basiques est également à l’étude. Pas question cependant de faire disparaître certaines marques. Les Mulliez restent confiants et croient encore au potentiel de leurs enseignes d’habillement. Ils se sont simplement mis sur le pied de guerre pour les batailles à venir.

Crédit photo : Happychic, dr

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