Pauline Jaillant (Les Raccommodeurs) : « Les marques comprennent l’intérêt et les opportunités des services de réparation »

Jeune start-up française, Les Raccommodeurs a récemment mené une étude avec le média The Good Goods afin d’évaluer les craintes et les motivations des entreprises envers la réparabilité. Les sondages révèlent que 80% craignent des complexités opérationnelles.

La réparation : un moyen pour les marques de fidéliser leur clientèle ?

« Les marques sont aujourd’hui prêtes, elles comprennent l’intérêt et les opportunités des services de réparation », explique Pauline Jaillant, co-fondatrice de la plateforme Les Raccommodeurs. Lancée lors de la Journée de la Mode Circulaire, qui s’est déroulée le 26 avril 2024, l’étude s’adresse à tous les professionnels de la mode pour comprendre la manière dont ils perçoivent la réparation. Elle révèle que les entreprises de mode sont motivées par les perspectives offertes par la réparation mais que des craintes persistent.

Pauline Jaillant déclare que 46% des personnes sondées craignent un service coûteux tandis que 43% redoutent une gestion complexifiée du retour qualité client. Elle souligne néanmoins que la rentabilité de la réparation ne représente pas un facteur motivant ou freinant pour les marques, qui ne s’attendent pas à réaliser d’importantes marges. « Aucune entreprise ne pense que la réparation va devenir le business model de demain. En revanche, cela vient les enrichir et j’ai le sentiment que nos répondants ne sont plus à convaincre sur ce point », confie-t-elle.

Pour la co-fondatrice des Raccommodeurs, la réparation permet néanmoins aux marques de faire des économies car « il coûte moins cher de faire réparer un vêtement existant plutôt que de le remplacer par un autre. » À l’avenir, la valeur de ce service reposera moins sur la réparation garantie aux entreprises que sur d’autres paramètres liés à l’expérience client, au taux de confiance et à l’image de marque. Les vêtements réparés bénéficient d’une « valeur artisanale et émotionnelle » supplémentaire, octroyée par les ateliers de réparation, ajoute Pauline Jaillant. C’est pourquoi, bien que 57% des répondants perçoivent ce service comme répondant à des problématiques RSE, 30% le considèrent comme un enjeu d’expérience client avant tout.

Les Raccommodeurs inaugurent son service avec IKKS

En septembre 2023, Pauline Jaillant et son associé Malo Galliot entament la conception des Raccommodeurs, une plateforme qui accompagne les entreprises de la mode dans la mise en place de leur service de réparation sur le plan stratégique, opérationnel et logistique. Après plusieurs mois à étudier l’état du marché de la seconde main et de la mode circulaire dans son ensemble, la start-up lance son produit aux côtés de la marque de prêt-à-porter IKKS en mai. « Nous avions à coeur de créer une solution technique pour les marques et les enseignes qui veulent avoir une initiative positive et pérenne. »

La start-up Les Raccommodeurs permet ainsi aux marques de piloter leur service de réparation en magasin ou en ligne. Elle a été pensée comme une « plateforme centralisée » afin que les entreprises puissent avoir une vision à 360 degrés de la performance de leur service, et notamment savoir quels sont les produits les plus réparés. Elle accompagne aussi les équipes en boutique à l’aide d’une application de commande simplifiée qui permet notamment aux vendeurs d’établir un diagnostic et un devis immédiat de manière simplifiée auprès des clients qui souhaitent réparer l’une de leurs pièces.

Pauline Jaillant confie être en pleine négociation avec d’autres entreprises de mode et prévoit plusieurs lancements à la rentrée prochaine. Pour l’année 2024, son objectif est de déployer l’offre de réparation de l’enseigne IKKS sur l’ensemble de son parc retail. Elle souhaite parallèlement accompagner cinq nouvelles marques.

Cependant, l’actualité de la réparation, au cœur de lois françaises et européennes, suscite un véritable intérêt auprès des marques. « Il est facile d’approcher les marques qui sont de plus en plus nombreuses à vouloir adopter une démarche plus durable. »