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Pierre-François Le Louët : « Le marché se stabilise, la sérénité revient peu à peu »

By Odile Mopin

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Business|Interview
Pierre-François Le Louët

C’est la rentrée et avec elle souffle un vent d’espoir et dans son sillage un lot d’incertitudes. Pierre-François Le Louët, le Président de la Fédération Française du Prêt-à-Porter Féminin fait le point sur l’état du secteur après un an et demi de crise sanitaire.

FashionUnited : À la veille de la rentrée et des salons de mode, comment appréhendez-vous cette période que l’on espère post-covid ?

Pierre-François Le Louët : Nous allons apprendre à vivre avec, le virus ne va pas disparaître on le sait maintenant. Mais les choses se stabilisent, avec l’extension de la vaccination : aujourd’hui 72 pour cent de la population française a reçu une dose de vaccin, 66 pour cent les deux doses. Sur ce plan, la France est le bon élève de l’Europe et on peut espérer une rentrée plus sereine.

C’est tangible, il y a davantage de sérénité sur les marchés que 18 mois auparavant. Il est indiscutable que certaines boutiques de mode indépendantes ont beaucoup souffert. Mais cet été, comme l’été dernier d’ailleurs, les commerces situés sur les côtes ont bien fonctionné. Et les marques « bord de mer », autour de la marinière, aussi. Elles sont d’ailleurs très associées au Made in France. Je remarque que de façon générale, les marques s’en sortent bien. Il y a eu peu de défaillances parmi nos 600 adhérents.

Le wholesale va plutôt bien, ce qui est une bonne surprise. Les quinquagénaires notamment redécouvrent le plaisir d’entrer dans un magasin, de faire du shopping. Les salons repartent , pas encore sur leurs formats d’avant la crise sanitaire, mais ils repartent. Who’s Next s’apprête à ouvrir avec environ 700 exposants, ce qui est très positif, extrêmement dynamique dans un contexte où les déplacements en avion restent encore problématiques pour de nombreux pays. On sent une sorte de stabilisation.

Pourtant, le commerce parisien a beaucoup souffert et notamment dans les artères et quartiers très commerçants, comme la rue de Rennes ou le Faubourg Saint-Honoré dans un autre registre - boutiques fermées, local à louer… Vous participez demain à la conférence d’ouverture de Who’s Next avec Olivia Polski, adjointe à la Marie de Paris en charge du commerce et des métiers d’art et de mode. J’imagine que le sujet va être abordé.

Absolument. La situation est alarmante en effet et n’est pas que le fait de la crise sanitaire. Certes, les touristes ont déserté. Mais la politique de la ville influe aussi beaucoup. Il est notamment devenu très compliqué de se déplacer en voiture dans le centre. C’est pourtant de la responsabilité de la Mairie et de la Région d’agir. Paris est la capitale de la mode. C’est un point crucial, sur lequel la Fédération va appuyer. Les instances locales doivent rapidement accompagner, faciliter le retour du commerce de mode. Il faut œuvrer pour un véritable plan de relance de la mode à Paris.

RSE, accompagnement digital, la Fédération a mis en place de nombreux outils pour les marques, jeunes ou plus matures ces dernières années. Peut-on rappeler les dispositifs disponibles ?

Nous avons essentiellement mis l’accent sur les deux volets cruciaux que sont le digital et la transition responsable des marques. Avec effectivement un certain nombre d’outils complémentaires, financiers, de conseils et techniques pour les accompagner. Concernant le digital, la crise sanitaire a mis, on le sait, en lumière la nécessité pour toutes marques de progresser dans leurs activités en ligne, quelles qu’elles soient. C’est pourquoi nous avons mis en place en 2020, avec le soutien du Defi, le Plan d’Amplification Digital (PAD) pour lutter contre la fracture numérique. Un tel succès qu’il a été reconduit cette année. Il contient deux volets, une subvention et un accompagnement d’experts sur les thématiques choisies par les marques.

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L’axe RSE est tout aussi important, c’est un pré-requis aujourd’hui pour toute entreprise, alors que la loi « Climat et Résilience », qui obligera notamment les marques à afficher l’impact environnemental de leurs produits entrera en vigueur en 2022. Certaines accélèrent leur transition, les plus jeunes qui sont aussi souvent les plus agiles et les plus sensibilisées fondent leur modèle sur le respect de l’environnement et l’éthique. Nous mettons à disposition un panel d’outils, sur notre plateforme « Green », un répertoire de solutions, un annuaire pour le sourcing, les organismes de certification, les cabinets de conseils RSE, etc. Bref, une vraie boîte à outils pour les marques.

Sur le modèle du PAD, nous avons également lancé le PARSE un plan d’aide à la transition durable. Et au début de l’été, avec l’ensemble des Fédérations, nous avons souhaité rassembler dans un guide pratique de l’éco-conception, conçue comme une « bible », la multiplicité des solutions disponibles aujourd’hui pour qui veut s’engager ou progresser dans une démarche durable selon ses priorités et l’angle choisi.

Côté incubateurs et accélérateurs d’entreprises, vous avez également monté plusieurs dispositifs, quels sont les plus nouveaux ?

Effectivement autour du programme Talents, qui existe depuis cinq ans, la Fédération a lancé avec tous les incubateurs de mode en France, notamment ADC pour le cuir, le Village des Créateurs à Lyon, Maisons de Mode dans les Hauts-de - France et les Ateliers de Paris le programme « Génération Entrepreneurs ». Il propose une formation à l’entreprenariat de mode. Le maillon manquant, soit le tout début, l’amont, dans les programmes d’accompagnement existants, notamment à l’Institut Français de la Mode.

Enfin, nous allons lancer un tout nouveau programme en octobre-novembre baptisé « les Futurs ». Il s’adresse à tous les « talents » émergents autour de l’industrie de la mode : photographes, coiffeurs, maquilleurs, créateurs d’images. Grâce à ce panel d’outils, nous souhaitons créer un véritable écosystème chez les créateurs et créatifs.

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Pierre-François Le Louet