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Portugal: découvrez le centre tecnologique CITEVE

By Anne-Sophie Castro

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Entre matières recyclées et découvertes de nouvelles fibres, l’innovation est aujourd’hui plus que jamais au service de la mode. L’institut technologique CITEVE, situé à Vila Nova de Famalicão au nord du Portugal, accompagne depuis vingt ans les entreprises du secteur du textile et de l’habillement dans l’évolution du marché et des tendances. Rencontre sur place avec Braz Costa, directeur général de CITEVE et CENTI, Centre de nanotechnologie et de matériaux techniques, fonctionnels et intelligents.

Avant tout, le CITEVI est un organisme privé à but non lucratif qui conçoit et développe des produits, crée des prototypes, réalise des tests de R&D grâce à des applications innovantes très recherchées par les marques européennes, que ce soit en confection, linge de maison, vêtements de sécurité ou pour le secteur automobile.

« Ce centre ultra-moderne, qui assure un lien avec le secteur public, aux niveaux national et européen, apporte une contribution importante à la mise en œuvre de politiques publiques pertinentes pour l'industrie du textile et de l'habillement », indique le site web du CITEVE.

Comment a évolué le secteur textile au Portugal ?

Lors de notre visite, Braz Costa évoque les débuts du pays dans le secteur. « Le textile et le luxe ont été inventés au XVème siècle par l’aristocratie italienne. Ce ne sont donc pas des secteurs issus de notre culture et nous avons longtemps importé la technologie pour arriver à produire dans notre pays. Mais dans les années 1960, le Portugal a été intégré à l’EFTA et a su développer une industrie forte, celle du textile, et transformer les régions rurales en industrielles avec l’implantation d’usines. Mais à l’époque, le textile ne représentait que 10 pour cent de notre économie ».

Avant 2005, à l’ouverture des marchés asiatiques, le Portugal avait augmenté sa production et son chiffre d’affaire grâce au marché européen, son premier client. Le pays a ensuite concurrencé l’Asie et lancé un processus de restructuration industrielle. « En conséquence, le nombre d'entreprises et de travailleurs ont été réduits, de nombreuses PME qui constituaient le tissu industriel portugais étaient incapables de faire face à la concurrence mondiale et au processus naissant de la numérisation. Malgré tout, le nouveau scénario n’a pas nui aux exportations ni au chiffre d’affaires du secteur, bien au contraire. »

Six ans plus tard, en 2011, la production portugaise commençait à gagner en valeur ajoutée, notamment dans les textiles technologiques, et à améliorer la productivité par travailleur. « Le système de production devenu de plus en plus automatisé a permi aux employés d’être mieux formés sur une technologie de pointe et les produits bénéficiaient d'une plus grande valeur ajoutée ». Une réalité qui confirme que le Portugal est un pays pleinement industriel, les avantages du secteur ayant évolué parallèlement à la production.

L’Europe, premier marché du Portugal

En 2018, le Portugal exportait 200 millions d’euros de produits textiles, notamment vers ses marchés prioritaires : l’Espagne, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie (le groupe espagnol Inditex étant son premier client). Cette même année, les exportations vers la France ont augmenté de 1,2 pour cent par rapport à 2017 pour atteindre les 662 916 euros de chiffre d’affaires.

En presque dix ans, de 2009 à 2018 et suite à la crise économique mondiale, le Portugal a vu fermer 14,8 pour cent de ses usines textiles, mais elle a investit, en revanche, dans une technologie de pointe lui permettant d’augmenter ses exportations de 51,8 pour cent et d’obtenir une balance import-export de + 7 pour cent. Signe d’une industrie en hausse puisque cette année, le chiffre d’affaires par employé a augmenté de 17 pour cent, chaque ouvrier produisant plus en moyenne grâce aux nouvelles machines.

« La certification OEKO-TEX est le futur de l’industrie »

Depuis 1999, le CITEVE a décidé de s’internationaliser en commercialisant des certifications. «Ici, au Portugal, nous savions que nous devions investir en technologie afain de certifier les produits que nous recevons », explique Braz Costa. Il souligne que, vue la demande croissante de produits de mode éco-responsables et durables, la certification OEKO-TEX est aujourd’hui prioritaire.

« Chaque année nous recevons plus de 100 000 échantillons à évaluer, aussi bien en fibres organiques que renovables. Nous étudions leur impact sur la santé et sur la peau. Nous faisons également des tests sur des fibres animales pour différencier, par exemple, une laine cachemire d’une laine mohair. »

Concernant le recyclage, Braz Costa reste sceptique. «Un produit recyclé va perdre son essence, son ADN, au fur et à mesure des processus de transformation qu’il va subir. Sa qualité va diminuer et on ne connaîtra plus l’origine du produit. Ici, il ne s’agit pas d’un système circulaire car les fibres originales vont être dégradées à 80 pour cent. En revanche, avec l’upcycling, on va utiliser des objets et des matériaux destinés à être jetés pour les réintroduire dans la chaîne de consommation, après leur avoir redonné une utilisation différente, une destination originale par rapport à celle qui était originellement la leur. Le recyclage s’insère dans une volonté plus large de développement durable. »

Enfin, le directeur général du CITEVE évoque le changement climatique comme l’un des responsables du comportement incertain du secteur textil actuel.

« La nanotechnologie est un avantage pour nous »

Le CITEVE a créé en 2006 un centre de nanotechnologie pour le secteur textile grâce à l’association de trois universités portugaises situées à Minho, Porto et Aveiro.

Cet institut privé d’investigation et de développement à but non lucratif est destiné à la nanotechnologie, aux matières techniques, fonctionnelles et intelligentes. Parmi les secteurs concernés, on retrouve le sport, la sécurité, l’aéronautique, l’architecture, la construction et l’automobile.

Photos : CITEVE

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