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Pourquoi la Bulgarie est le nouveau hub d’approvisionnement d’Europe ?

By Anne-Sophie Castro

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La Bulgarie, entrée au sein de l’Union Européenne il y a presque dix ans, concentre dans le sud du pays plus de 2 500 ateliers de confection. Elle représente l’une des plus importantes productions de textile d’Europe où les groupes de mode comme Inditex, C&A, H&M, Hugo Boss ou Marks&Spencer y font fabriquer une partie de leurs collections.

En moins de cinq ans, la Bulgarie est devenue le centre névralgique de la production à bas prix. Force est de contaster que les plus grosses entreprises bulgares, comme Bella Style par exemple, peuvent fabriquer jusqu’à 5 000 pièces par jours, notamment des pantalons en toile et en denim pour 15 euros, selon Euromonitor. Un prix défiant toute concurrence.

L’industrie de la mode emploie un total de 116 768 personnes et la majorité d’entre elles, soit 88 076 personnes, travaillent dans la confection. Loin derrière se trouve l’industrie du cuir avec 15 500 travailleurs et celle du textile avec 13 192 employés.

La Bulgarie vient supplanter la Chine

Si l’ancien Eldorado des marques de mode était la Chine pour ses productions de masse et ses faibles coûts de fabrication, bien en dessous des autres hubs mondiaux comme l’Inde, le Bangladesh ou la Turquie, c’est aujourd’hui la Bulgarie l’allié des marques occidentales.

La première raison d’aller délocaliser une partie de leur production en Bulgarie est le bas coût de la main d’oeuvre, l’une des moins chères d’Europe. En effet, les ouvrières travaillent huit heures par jour pour un salaire de 420 levs, soit 214 euros par mois. Un salaire supérieur au salaire chinois mais surtout le plus bas d’Europe.

Comme dans tous les pays en voie de développement, les femmes représentent le noyau du secteur avec une moyenne d’âge de 45 ans.

Les syndicats réclament une augmentation du salaire minimum à 470 levs (240 euros), mais les patrons d’usines s’y opposent et souhaitent maintenir les salaires minimum.

Des délais de livraison en trois semaines

Autre atout pour se faire une place de première catégorie sur la carte d’approvisonnement mondial : les délais de fabrication. Bien plus courts que dans le géant asiatique, les produits confectionnés en Bulgarie –pour des commandes comprises entre 200 et 5 000 pièces- sont livrés en trois semaines en Europe, contre huit semaines depuis la Chine.

Si aujourd’hui la transparence est de mise, l’étiquette du « Made in Europe » est également un avantage supplémentaire pour les consommateurs européens qui préfèreront acheter un vêtements produit au sein de l’Union Européenne, plutôt qu’en Asie.

Le textile contribue à l’économie parallèle

Malgré tout, les conditions de fabrication restent précaires. Bon nombre de couturières à domicile, réalisant des broderies ou cousant à la main des pièces délicates comme des sequins ou des perles, travaillent au noir et deviennent dépendantes des tarifs imposés et non négociables par les fabricants.

Aujourd’hui, avec la hausse de la demande, le secteur du textile en Bulgarie augmente de quatre pour cent chaque année. Le marché européen en est le principal bénéficiaire puisque 95 pour cent des vêtements, chaussures et accessoires produits dans le pays lui sont destinés.

L’an dernier, la Bulgarie a connu une croissance de 3,4 pour cent, une des plus dynamiques de l’UE. Selon le politologue Evgeni Dainov, « il est possible que la Bulgarie devienne une puissance économique, modeste certes, mais avec des salaires corrects ». Pour cela, le pays devra se libérer des « monopoles et étiquettes » et surtout de la corruption, par les organisations internationales et la population bulgare, qui forme le principal facteur de pauvreté, publiait l’AFP il y a quelques mois.

Photos: Texar Bulgaria

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