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Pouvoir d’achat : que nous réserve 2022 ?

By Herve Dewintre

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Les couts de production continuent de s’envoler et pourraient décider les entreprises à répercuter ces hausses sur le consommateur.

C’est un fait: les prix augmentent. L’automne déjà avait été houleux. En hausse de 2,2 pour cent en septembre, les prix à la consommation en France avaient connu une augmentation de 2,8 pour cent sur un an en octobre selon les données provisoires publiées par l’Insee, en raison de l'envolée des cours de l'énergie notamment. Cette hausse des prix à la consommation, calculée par l’indice IPCH, est de 3,4 pour cent sur un an. Un mouvement qui touche toute l’Europe où l’indice des prix harmonisés (calculé selon un périmètre un peu différent de celui de l’Insee) a bondi en moyenne de 4,1 pour cent (avec un pic en Allemagne 4,5 pour cent). Du jamais vu depuis 13 ans. D’autant plus que la flambée des prix de l’énergie n’est pas seule en cause : les prix des services augmentent aussi.

Dès Octobre, les experts avertissaient donc que ce regain d’inflation devrait durer de longs mois encore, faisant planer un risque sur la consommation des ménages mais aussi sur les entreprises. « La poussée d'inflation sera plus longue que prévu », prédisait la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. La Banque Centrale expliquait quant à elle cette poussée par les phénomènes de pénuries qui accompagnent mécaniquement la réouverture simultanée des économies mondiale et qui entravent la production. Une hausse plus forte que prévue, en résumé, et qui pourrait durer plusieurs trimestres encore.

Hausse des prix de production de 15,6 pour cent en un mois

Néanmoins, tempéraient les experts et les économistes jusqu’au mois de novembre dernier, ce phénomène serait temporaire et s’atténuerait progressivement au cours de l’année à venir. Pourtant, cet optimisme modéré se voile de nouveau, depuis quelques semaines, de pessimisme devant les résultats publiés par l’Insee concernant les couts de production qui s’envolent littéralement : sur un mois, les prix de production, de transport et de distribution d'électricité affichent une hausse de 15,6 pour cent « en raison du passage aux tarifs d'hiver et aussi de hausses persistantes sur des prix sur les marchés de gros », souligne l'Insee.

Sur un an, les industriels français ont donc vu leurs couts de production augmentés de 16,3 pour cent, ce qui n’était jamais arrivé depuis janvier 1995. La désorganisation, constatée dès l’automne, des chaines d’approvisionnements ne va finalement pas se résorber rapidement, comme cela était initialement prévu. Pour l’instant, les entreprises ne semblent pas vouloir relever leurs prix. Pour combien de temps ? Dans ses dernières projections, l’insee estime que la hausse des prix atteindra 1,8 pour cent pour les biens manufacturées et 2,4 pour cent pour les produits alimentaires d’ici juin 2022, ce qui alimentera l’inflation. L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) devrait de ce fait se situer l'an prochain à un niveau supérieur à ce qu'il était avant la pandémie, selon la Banque centrale. En conséquence, la préservation du pouvoir d’achat des Français dépendra des hausses de salaires. Sur la quarantaine de branches dont les minima conventionnels étaient inférieurs au SMIC, un tiers a d’ores et déjà revalorisé ses grilles salariales. La situation est en revanche bloquée dans les branches des grands magasins et de la coiffure. Une intersyndicale réunissant la CGT, FO, la FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et UNL, a appelé à une mobilisation interprofessionnelle « sur les salaires et l'emploi » le 27 janvier.

Credit: Pexels
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