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Refashion et Le Relais : les tensions autour du financement du tri textile

Le montant versé par l'éco-organisme Refashion aux acteurs du tri des textiles va passer de 156 euros la tonne à 223 euros. Une hausse vitale pour une filière sous tension qui dénonce depuis des mois un soutien insuffisant.

« Les difficultés ont commencé à l’été 2024 en ce qui nous concerne et en ce qui concerne l'ensemble de la filière », affirme Emmanuel Pilloy, président du Relais France, réseau d'entreprises de tri textile, lors d’un entretien avec FashionUnited. « Il y a en effet une baisse de l'activité : les prix du recyclage et les prix de certaines catégories sont en baisse. La demande diminue et du coup les prix baissent. »

En 2024, les acteurs du tri avaient déjà bénéficié d’un soutien supplémentaire en janvier, « mais qui était insuffisant à notre niveau », estime E. Pilloy Cette aide avait élevé le montant de la tonne de textile trié, la faisant passer de 125 euros à 156 euros la tonne. Toutefois, cette hausse n’a été active qu’en janvier 2025 sur les tonnages de 2024 explique le dirigeant. « Cela fait donc plus de huit mois que l'on dit à l'éco-organisme que ça ne suffit pas et qu'on n'y arrivera pas. »

Selon, E. Pilloy l’argent nécessaire est bien là, mais les montants prélevés par Refashion ne sont pas correctement reversés aux opérateurs de tris. L’éco-organisme prélève 4 centimes par article mis en vente par les distributeurs. Selon le rapport d'activité de Refashion pour 2024, le montant des éco-contributions s'est élevé à 139,1 millions d'euros. « Aujourd’hui, ils ont en réserve quasiment 6 fois ou 5 fois la contribution de 2024. L'argent est disponible. Il n'y a pas besoin d'en demander plus aux consommateurs. »

Pour sa défense, Refashion déclarait dans un récent communiqué : « Le Relais fait partie de la branche économie sociale et solidaire du mouvement Emmaüs et fait partie par ailleurs de FEDERREC Textile, dont il occupe la présidence, faisant de lui un acteur dominant du secteur. Les dirigeants du Relais sont également responsables de la bonne gestion de leur structure et de la pérennité des emplois qui en découlent. »

Refashion fustige également l'export massif effectué par les organismes de tri vers l’Afrique. Dans le même communiqué, l'éco-organisme affirme que ces exportations ne sont plus viables, ni économiquement, ni écologiquement et que « persister dans cette voie, c’est continuer de maintenir un système sous perfusion et c’est là le vrai danger. »

À la question : « Est-ce que les restrictions croissantes à l’export des vêtements usagés, notamment vers l’Afrique, peuvent poser problème au Relais », E. Pilloy répond « Non ». Toutefois, le dirigeant explique qu'une partie des textiles trop abîmés est valorisée sous une autre forme (en combustible solide de récupération, CSR) mais précise une limite réglementaire : le cahier des charges impose qu’au maximum 10 % des textiles collectés puissent être orientés vers cette valorisation énergétique. « Il faut trouver des débouchés pour 90 %, explique-t-il. Ces débouchés ne sont pas en France. »

La refonte de la REP en 2026

En 2026, la Responsabilité Élargie du Producteur (REP) du secteur Textile, linges de maison et chaussures devrait être repensée. Cette refonte pourrait obliger Re-Fashion à reverser un pourcentage minimum directement aux opérateurs de tri/réemploi comme Le Relais.

Par ailleurs, la contribution est aujourd’hui basée uniquement sur le tri. Il y a tout un pan de l’activité du Relais qui n'est pas soutenu, la collecte notamment. Cela pourrait changer avec la réforme de la REP. « Donc il faut tenir jusqu'à 2026 » conclut.

Enfin, le nouveau cahier des charges sur lequel travaille actuellement Refashion permettra, entre autres, de valoriser davantage de textiles et chaussures en France et en Europe, de réduire fortement le recours à l’export, et d'assurer un financement équitable et durable pour tous les opérateurs.

Aujourd’hui, Le Relais tend à augmenter ses capacités de tri et à multiplier les ouvertures de ses magasins Ding Fring, sa branche retail. L’organisme a d’autre part modernisé et agrandi ses boutiques. Entre quatre et cinq nouvelles boutiques ont ouvert ou devront ouvrir dans l’année, un chiffre similaire à celui de l’an passé.


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