Reprise de Go Sport : le patron d'Intersport défend son "projet industriel ambitieux"
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Paris - "Nous ne sommes pas des marchands de sable, nous avons un projet industriel ambitieux" avec "un investissement de 140 à 150 millions d'euros sur 7 à 8 ans", affirme dans un entretien à l'AFP Jacky Rihouet, PDG du groupe Intersport France, candidat à la reprise de l'enseigne Go Sport, placée en redressement judiciaire.
Votre offre sera examinée le 18 avril comme celle, concurrente, du groupe britannique Fraser, et celle de l'homme d'affaires Michel Ohayon. Pourquoi êtes-vous candidat à cette reprise ?
Jacky Rihouet : Nous avons pour Go Sport un projet industriel ambitieux: entre les stocks et les besoins en investissement, il y aura une enveloppe sur les 7-8 ans à venir, de 140 à 150 millions d'euros.
Intersport est dans une dynamique très forte : notre chiffre d'affaires a triplé en 13 ans, il est passé de 1,2 milliard d'euros en 2010 à 3,3 milliards en 2022. Nous avons 18.000 collaborateurs auxquels s'ajoutent un millier de personnes en équivalent temps plein dans notre usine de vélos de Machecoul, et chaque année nous créons 600 à 700 emplois. Nous avons 732 magasins, dont 260 sont situés en montagne (axés sur le ski, NDLR) et 18 outlets (magasins de fins de collection, NDLR) en France.
Or Go Sport nous ressemble, avec pour ADN la randonnée, le ski, le vélo... et des profils de collaborateurs similaires. Et nous avons une complémentarité géographique: là où Intersport est faible, Paris et la région parisienne, Go Sport a un maillage fort. Et Go Sport est plutôt absent des zones, en province, où on est très forts.
Combien des 169 magasins - parmi lesquels 87 sont des franchisés sous enseigne Go Sport et Endurance Shop - et des 2 160 salariés comptez-vous reprendre ?
Nous avons travaillé sur la reprise d'un périmètre de magasins très important, supérieur aux deux tiers. Notre projet repose sur l'humain, parce que nous sommes une coopérative d'entrepreneurs, et ces derniers sont extrêmement motivés, ils croient vraiment au projet. Chez Intersport chaque adhérent est propriétaire d'un ou plusieurs magasins, et derrière il y a une structure commune.
Intersport France porte le projet mais chaque magasin sera repris par un adhérent qui investira 1,5 million à 2 millions d'euros par magasin. Lorsque plusieurs adhérents sont intéressés, un comité de sélection choisira le plus performant. Notre proposition comprend une partie des magasins intégrés, et nous réfléchissons aussi à accompagner les magasins franchisés.
Sur certains magasins aux loyers et aux charges de structures très élevés pour des indépendants, comme aux Halles ou place de la République à Paris, le groupe participera à l'effort. Et pour les magasins qui ne seront pas repris, il y aura des offres d'emplois quasiment supérieures au nombre de postes concernés. Nous souhaitons proposer des solutions pour l'ensemble des collaborateurs de Go Sport.
La marque Go Sport va-t-elle subsister ?
Nous réfléchissons à la faire perdurer pour les franchisés: ils peuvent passer en statut de membres acheteurs, on peut organiser leurs achats, leur marketing... Ce sont des discussions qu'on doit avoir avec eux. Quant au personnel de Go Sport, il a trop souffert de promesses non tenues : nous, on a des engagements, ce qu'on dit on le fera, et ce qu'on fait, on l'a dit.
Chez Intersport, nous ne sommes pas des marchands de sable : nous sommes français, nous sommes des entrepreneurs locaux, ça fera bientôt 100 ans que nous existons: nous nous appelions La Hutte au départ. Et on se donne du temps pour construire. On est aussi des passionnés de sport, et nous savons que chez Go Sport il y a de très bonnes équipes en magasins: je suis époustouflé de voir comment les vendeurs se battent, alors que malheureusement les fournisseurs ont arrêté les livraisons de marchandises. Avoir des équipes qui, dans la tempête, sont très attachées à leur entreprise, c'est très important.