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Richemont en passe de racheter Buccellati?

By Herve Dewintre

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C’est une vérité de la Palisse : les maisons de luxe indépendantes sont très courtisées par les grands groupes. D’autant plus qu’à un certain niveau d’excellence, ces maisons encore indépendantes se comptent sur les doigts d’une main. Buccellati, société familiale, fait partie de ces maisons dont la gloire - fondée sur la créativité, la technicité et la signature - n’est plus à faire. Il était donc logique qu’à l’instar de Repossi, ce superbe joaillier, célèbre pour ses motifs tracés à la main par les plus grands orfèvres, entre à un moment ou un autre en contact avec LVMH, Kering ou Richemont.

Ce n’est pas un scoop, toutes les maisons ont besoin de capitaux de plus en plus pharaoniques pour lutter contre les Tycoons du secteur. La bataille fait rage pour s’accaparer les emplacements stratégiques. Buccellati en a fait l’amère expérience lorsqu’elle s’est vue déloger l’année dernière de la place Vendôme où elle rayonnait depuis 1979. La maison familiale n’a pas fait le poids face à LVMH qui avait racheté l’hôtel Heuzé de Vologer en 2011 pour un montant estimé par les experts du marché à plus de 200 millions d’euros. Aussitôt le groupe numéro 1 du luxe avait prétendu, en toute logique, exercer son droit de propriétaire et avait mis un terme au bail des locataires dont Buccellati faisait parti. La maison familiale avait bien essayé de lutter – elle était présente depuis 35 ans, c’était sa plus importante vitrine dans le monde, tant en termes d’image que de ventes- mais on connait la fin de cette bataille. LVMH a récupéré le tout: un nouveau flagship Louis Vuitton se dressera bientôt place Vendôme à la place de Buccellati qui s’est rabattue bon gré mal gré, rue de la Paix.

Surenchère sur le marché de la location

Sur le marché de la vente, l'acquisition de biens immobiliers par certains groupes de luxe est un phénomène qui existe depuis une dizaine d'années, même s’il s'est amplifié dernièrement. Ce phénomène permet en effet de maîtriser la hausse des valeurs à moyen terme. Une stratégie solide qui s’explique par l’approche, à très long terme, des grands groupes. Groupes puissants, aux bilans solides, qui peuvent accepter des retours sur investissements parfois très longs.

Les plus petits acteurs du marché comme Buccellati (la maison a réalisé 41 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2015) sont donc aux prises avec la surenchère qui sévit sur le marché de la location. Repossi vient d’accepter de voir LVMH entrer à son capital, auparavant l’italien Pomellato avait cédé aux sirènes de Kering. Et bien entendu, l’exemple le plus frappant fut le rachat de Bulgari par LVMH en 2011 pour 3,7 milliards d’euros. Buccellati, de son coté, s’était laissée racheter par un fonds (le fonds Cassandra) en 2013 à hauteur de 67 pour cent de son capital, mais entretemps, elle a compris la leçon et semble prête désormais à s’adosser à un géant du luxe. Lequel ? On murmure qu’il s’agit de Richemont. Ce qui serait une excellente affaire pour les deux parties.

Tout comme LVMH, le groupe suisse Richemont, numéro 2 du luxe mondial, s’est doté de filiales immobilières pour ses acquisitions. A titre d’exemple, si en 2012, LVMH a acquis plusieurs biens immobiliers sur New Bond Street pour un montant estimé à 300 millions de livres, le groupe suisse, propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels, n’était pas en reste de son coté puisqu’il a déboursé 380 millions de dollars pour l'hôtel St Regis à New York et environ 75 millions d'euros pour un immeuble parisien proche de l'Opéra, qui loge aujourd'hui le distributeur de montres haut de gamme Bucherer.

Richemont de plus en plus orienté vers le haut de gamme

Si Buccellati a besoin d’un grand groupe, un groupe de l’envergure de Richemont, l’inverse est vrai aussi. Longtemps vainqueur dans la course à la rentabilité, le groupe Suisse, qui est principalement composé de marques de montres d’exception, est plus durement frappé que ces concurrents par la crise. En cause, la débâcle que traverse actuellement le secteur de l’horlogerie, débâcle qui risque de s’avérer longue et pénible. Il fallait donc que ce groupe, qui n’est pas habitué aux acquisitions, force sa nature et se diversifie, à l’instar de LVMH et de Kering. La joaillerie (que le groupe connait bien avec Van Cleef & Arpels, Piaget et bien sur Cartier – la joaillerie compte pour 30 pour cent dans le chiffre d’affaires de Richemont) est le secteur parfait pour exercer cette diversification consistant à devenir de plus en plus orienté vers le haut de gamme et la distribution en propre. D’autant plus que le secteur résiste mieux que les autres aux remous qui agitent le secteur du luxe désormais.

Si la joaillerie a des marges inférieures à l’horlogerie, au cuir et aux accessoires, elle présente néanmoins des marges supérieures à la couture et au prêt à porter. Dans la haute joaillerie, les marges sont même considérables. Faut il rappeler que dans ce marché, le prix n'a plus aucune importance car on a affaire à une clientèle d'exception. A titre d’exemple, le joaillier Graff qui va lui aussi s’installer Place Vendôme cette année, génère deux-tiers de son chiffre d'affaires avec une trentaine de clients.

Une excellente affaire pour Richemont donc. Sans être au niveau de prix de joaillier comme Graff, Buccellati se situe assurément entre la joaillerie très haut de gamme et la haute joaillerie. Concrètement, selon le quotidien Il Sole 24 Ore, Richemont serait entré en négociations exclusives pour racheter au fonds Clessidra sa participation de contrôle dans le joaillier italien. Selon le quotidien italien, la famille Buccellati a préféré Richemont à d’autres candidats asiatiques. Richemont dispose d'une trésorerie nette de 5,4 milliards d'euros. L'acquisition lui serait donc très facile à financer avec un impact marginal sur le compte de résultats.

crédit photo: Buccellati

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