Shein aurait développé un algorithme qui faciliterait la contrefaçon

Aux États-Unis, Shein fait l'objet d'un procès en justice après avoir été accusé d'avoir mis au point un algorithme permettant d'identifier, de voler et de vendre des œuvres d'art en vogue, le tout sous la houlette d'un mystérieux magnat de la technologie.

Le 11 juillet 2023, les artistes Krista Perry, Larissa Martinez et Jay Baron ont déposé une plainte contre Shein devant le tribunal fédéral de Californie. Les artistes affirment que Shein a vendu des copies presque identiques d'œuvres qu'ils ont créées et vendues eux-mêmes, en utilisant une intelligence artificielle capable d'identifier et d'imiter des œuvres d'art.

En cause, un tableau de Krista Perry, intitulé « Make it fun », vendu sur la plateforme au titre de 3D slogan, un combishort fleuri de Larissa Martinez et un autre slogan « Hello, I’m trying my best », revendiqué par Jay Baron. « La marque a gagné des milliards en créant un algorithme secret qui détermine de manière étonnante les tendances de la mode naissante, et en l'associant à une structure d'entreprise, y compris des schémas de production et d'exécution, qui sont parfaitement exécutés pour graisser les rouages de l'algorithme, y compris ses aspects peu recommandables et illégaux », ont affirmé les artistes dans le procès, une info relayée par plusieurs médias (dont The Fashion Law).

« Il n'y a pas de Coco Chanel ou d'Yves Saint Laurent » derrière l'empire Shein

Dans leur plainte, les artistes affirment que cet algorithme est le fruit du travail de Chris Xu, le mystérieux milliardaire à l'origine de Shein, qui « a fait de Shein la première entreprise de vêtements au monde grâce à la haute technologie et non à la haute conception ». Grâce à l’Intelligence Artificielle, Shein est en mesure de rester à la pointe des dernières tendances et d'attirer les acheteurs avec un catalogue constamment renouvelé de pièces de fast fashion à la pointe de la technologie.

L’action en justice dénonce également une « structure d'entreprise byzantine » (dont Roadget Business et Zoetop Business, collectivement « Shein ») qui fait qu'il est difficile pour les plaignants de savoir quelle partie poursuivre. Les plaignants invoquent la loi sur les organisations influencées par le racket et la corruption (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act, ou RICO) afin de cibler toutes les sociétés et filiales de Shein d'un seul coup. Une modification apportée en 2005 à la loi fédérale RICO s'applique aux cas de « violation criminelle d'un droit d'auteur » qui, selon les articles 17 U.S.C. 506(A) et 18 U.S.C. 2319, doit contenir les éléments d'une « violation délibérée à des fins d'avantage commercial ou de gain financier privé ».

Contactée par nos soins, la responsable communication Shein France apporte une réponse consensuelle à nos questions : « Shein prend au sérieux toutes les plaintes pour contrefaçon et prend rapidement des mesures lorsque des plaintes sont déposées par des détenteurs de droits de propriété intellectuelle valables. Nous nous défendrons vigoureusement contre cette action en justice et contre toute plainte sans fondement. » En attendant, les articles incriminés ne semblent plus être en vente sur le site.