Shein fait face à une action en justice qui menace son introduction en bourse
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Le groupe activiste britannique Stop Uyghur Genocide (SUG) a annoncé son intention d'engager une révision judiciaire contre la Financial Conduct Authority (FCA) si celle-ci approuve l'introduction en bourse (IPO) de Shein à la Bourse de Londres (LSE), rapporte Reuters.
SUG accuse la marque de mode ultra-rapide de s’approvisionner en coton issu du travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang, où la minorité musulmane ouïghoure fait l’objet de persécutions. Le groupe affirme que la FCA a l'obligation légale de bloquer la demande de cotation de Shein en vertu de la loi britannique sur l’esclavage moderne, qui impose aux entreprises de prouver les mesures mises en place pour prévenir le recours au travail forcé dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Un manque de transparence critiqué par le Parlement britannique
Lors d'une récente audition parlementaire, le représentant légal de Shein n’a pas pu confirmer si les produits de l’entreprise contiennent du coton provenant de zones associées au travail forcé. Il s’est contenté de souligner que les fournisseurs de Shein sont des entités indépendantes, une réponse jugée insuffisante par les parlementaires.
Le président du comité parlementaire sur le commerce et les affaires a vivement critiqué ce manque de transparence : « Le comité a été consterné par l’absence de preuves que vous avez fournies aujourd’hui. Vous ne nous inspirez presque aucune confiance quant à l’intégrité de votre chaîne d’approvisionnement. Vous ne pouvez même pas nous dire de quoi sont faits vos produits, ni dans quelles conditions ils sont fabriqués. Votre réticence à répondre aux questions essentielles a frôlé le mépris. » (propos rapportés par Reuters).
Des préoccupations similaires aux États-Unis
Shein, fondée en Chine mais désormais basée à Singapour, avait déjà rencontré des obstacles similaires aux États-Unis. Des accusations de travail forcé avaient contribué à faire échouer une précédente tentative d’introduction en bourse, poussant des législateurs, dont le sénateur Marco Rubio, à réclamer une surveillance accrue des entreprises chinoises à risque.
En réponse aux allégations, Shein a déclaré interdire strictement le travail forcé dans sa chaîne d’approvisionnement, rapporte Reuters. L’entreprise affirme également que les produits destinés aux États-Unis sont fabriqués à partir de coton provenant de régions approuvées hors de Chine pour se conformer à la loi américaine sur la prévention du travail forcé des Ouïghours. Toutefois, elle n’a pas précisé si cette politique s’appliquait également aux autres marchés, notamment le Royaume-Uni.
Un enjeu majeur pour la régulation du secteur de la mode
Pour l’instant, la FCA n’a pas encore réagi à la menace d’action en justice du SUG. Shein espère toujours être cotée à Londres d’ici la fin du premier semestre 2024, sous réserve d’une validation réglementaire.
L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures, non seulement sur l’expansion mondiale de Shein, mais aussi sur l’examen éthique des chaînes d’approvisionnement dans l’industrie de la mode, un secteur déjà sous pression pour adopter des pratiques plus responsables.