Swarovski démontre à Paris sa puissance technique et créative
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Swarovski est une entreprise tentaculaire, ses ramifications sont multiples et bien malin celui qui sera capable de les dénombrer. Un point commun cependant dans toutes ces activités: le cristal. Du verre taillé. L’entreprise reste une maison familiale ; elle est basée dans un petit village de 8000 habitant, un hameau lové dans une vallée paisible que borde les Alpes enneigées du Tyrol autrichien. Les responsabilités se partagent peu ou prou entre les descendants actuels du fondateur Daniel Swarovski. Cet inventeur prodigue avait apporté de sa Bohême natale, pour la protéger des regards indiscrets, une machine révolutionnaire permettant de donner au verre l’éclat du diamant. Parmi ces descendants (nous en sommes à la cinquième génération), deux figures sont souvent mises en avant dans les médias par le puissant conglomérat : il s’agit de Markus Langes-Swarovski et Nadja Swarovski. Ils sont cousins.
Plus de 120 ans après sa fondation, l’entreprise autrichienne reste encore aujourd’hui, et pour une large part, un fabricant de composants. Mais n’allez pas croire pour autant que les liens qu’elle entretient avec les créatifs soient anecdotiques. L’empire Swarovski a au contraire le monde de l’art viscéralement collé aux tripes. Les raisons de cette double casquette sont historiques : Daniel Swaroski fut non seulement un inventeur mais aussi un parfait ami des arts qui soutenait de nombreux peintres comme Gustav Klimt ; Worth, Paquin, les sœurs Callot, Chanel (qui se déplaçait en personne dans la vallée de l’Inn), Lanvin, Schiaparelli puis Fath et Balenciaga se sont tous enthousiasmés pour ses cristaux venus d’outre-rhin. Des liens que Markus Langes-Swarovski résume à sa façon : « Notre famille fonctionne comme un régime communiste. Chaque voix est égale : ce système sans chef véritable peut paraître compliqué dans la pratique, pourtant il nous permet de faire saisir véritablement toutes les nuances liées au monde du cristal. Sans ce système, on n’aurait peut être pas eu tant à cœur de tisser des liens si profonds et complexes avec le monde de l’art et du design».
Liens multiples avec le monde des arts
Complexe en effet : il faudrait des pages pour énumérer les actions liant Swarovski à la sphére créative planétaire. On peut citer en vrac le soutien aux arts visuels (partenariats poussée avec la FIAC à Paris, la Whitechapel Gallery à Londres, la Biennale d’architecture à Venise), au patrimoine (soutien au Château de versailles, à la Basilique de San Giorgio Moggiore à Venise, la Caserne de pompiers de Weil-am-Rhein en Allemagne) à l’éducation (auprès de la Central Saint Martins, de la Parsons New School fro Design). La mode, le bijou, l’architecture, le design, les exemples sont trop nombreux pour être citer.
Dans cet ensemble écrasant, Markus Lange Swarovski, porte plusieurs casquettes : il est porte-parole du board excecutif de Swarovski, président de l’entité Swarovski Professional Business, est à la tête du pole Daniel Swarovski tourism services, et a également la responsabilité en tant que directeur du Swarovski Kristallwelten. « Je m’occupe de notre cœur de métier, c’est à dire l’approvisionnement des cristaux à nos clients qui sont des industriels, des créateurs, des artistes. Il faut savoir que du sourcing en matériaux bruts au design et au service ‘à la minute’ (il le dit en francais), en passant par le développement des machines, des procédés manufacturiers, du retail, nous nous occupons de tout en interne, nous maitrisons tous les aspects de cette immense chaine de valeurs : cela crée un tel niveau d’implications dans des domaines si variés qui possèdent intrinsèquement en eux-mêmes tellement d’aspect passionnants à gérer que l’ennui est impossible. »
Un exemple particulier de dossier passionnant à gérer? L’eau et l’écologie. « On a souvent dit que mon aïeul Daniel Swarovski avait quitté sa Bohème natale, qui est aujourd’hui la République tchèque parce qu’il avait peur que son invention soit copié, la Moravie de l’époque étant l’épicentre mondial du cristal taillé. Mais la vérité c’est qu’il s’est installé au cœur des Alpes pour l’eau. Encore aujourd’hui 66 pour cent de l’énergie que nous utilisons pour l’ensemble de nos ateliers provient de l’eau de la vallée. Une énergie hydrolyque propre et écologique ».
Dans l’intitulé de ses fonctions, un titre nous interpelle : celui lié au service tourisme Daniel Swarovski. “ Les français ne le savent peut etre pas mais il s’élève à Wattens, une sorte de palais des merveilles. C’est le Swarovski Kristallwelten, qui est un musée ou plutôt une cour de récréation dédié à l’exploration sensorielle du cristal. Il reçoit 700000 visiteurs par an et ce palais va doubler de superficie cette année. Les autrichiens l’aiment beaucoup et c’est le site touristique le plus visité du pays, juste derrière le château de château de Schönbrunn. »
Pour éviter d’entremêler les messages que génèrent les nombreuses activités de l’entreprise, Swarovski tient régulièrement à rappeler à tous qu’elle n’a qu’un seul et unique but: l’art de l’éclat. C’est certainement la raison pour laquelle l’entreprise autrichienne a tenu à démontrer durant la semaine de la couture parisienne sa capacité à dialoguer avec les techniques de pointes et les artistes avant-gardistes au cours d’un cocktail d’envergure organisé le 3 juillet. Cet évènement mettait à la fois en lumière deux pierres artificielles inédites : la growing Crystal et la 3D Studs. Ces deux pierres ont été conçues par Iris Van Herpen. Swarovski a d’ailleurs profité de l’événement pour fêter les dix ans de haute couture de la créatrice néerlandaise. Pour parachever l’éclat surnaturel de l’évènement, la musicienne Björk avait été chargée de faire vibrer la foule au rythme de sa musique. Avant-gardiste un jour, avant-gardiste toujours.
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Crédit photo : Swarovski dr