Trump lance l'offensive contre les politiques "DEI" de diversité

By AFP

28 janv. 2025

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Business
Credits: Jim Watson / AFP

"Diversité, équité, inclusion": ces notions ancrées de longue date dans les ressources humaines aux Etats-Unis sont aujourd'hui largement remises en question, dans l'administration jusque dans le privé, sous l'impulsion du nouveau président Donald Trump qui tonne contre des politiques "discriminatoires" selon lui.

Les politiques de "DEI", héritage du mouvement des droits civiques des années 1960, ont pour but affiché de promouvoir l'égalité des chances en prenant en compte, notamment dans le processus de recrutement, différents critères. L'origine ethnique, le genre, le handicap, l'orientation sexuelle ou encore un engagement militaire passé en font partie.

Mais au même titre que le terme "woke", l'acronyme même de "DEI" est devenu ces dernières années l'un des leitmotiv de la droite américaine, qui estime que ces politiques favorisent en réalité la discrimination par l'établissement de quotas, au détriment du mérite.

"DEI n'est qu'un autre mot pour dire racisme. Honte à quiconque l'utilise", avait lancé Elon Musk l'an dernier, avant même son ralliement à Donald Trump et son soutien affiché à des partis européens d'extrême droite.

Dès son premier jour de retour à la Maison Blanche, le président républicain a signé un décret exécutif déclarant "illégaux" les programmes et politiques de "DEI" au sein de l'Etat fédéral.

Tous les fonctionnaires et employés de ces programmes ont été placés en congé administratif forcé avant un licenciement "sous 60 jours", tandis qu'une circulaire invitant à dénoncer toute tentative de dissimuler des programmes de ce type a été envoyée au sein de différents ministères.

"Démantèlement systématique"

Un décret datant de 1965, en plein mouvement des droits civiques, a aussi été abrogé. Celui-ci interdisait toute discrimination à l'emploi au sein des entreprises sous contrat avec l'Etat fédéral "Les instructions du président Trump sont claires: plus de DEI au ministère de la Défense", a déclaré sur X dimanche le nouveau ministre Pete Hegseth.

"Le Pentagone va s'y conformer, immédiatement", a ajouté cet ancien militaire et présentateur de Fox News.

Mike Gonzalez, chercheur au cercle de réflexion conservateur Heritage Foundation, a salué le "démantèlement systématique" des politiques de "DEI" dans l'administration.

Car y mettre fin "était une promesse de campagne de Trump, une que les électeurs réclamaient", ajoute-t-il.

Au moment d'annoncer les différentes mesures de Donald Trump, la Maison Blanche a invoqué "la promesse constitutionnelle d'une égalité indifférente à la race" et la promotion du "mérite".

Mais pour les partisans des politiques de "DEI", Donald Trump met au contraire en péril la lutte contre les discriminations.

La puissante association ACLU de défense des droits civiques a dénoncé la semaine dernière "les efforts délibérés" du républicain pour "semer la confusion" et "instrumentaliser" les lois antidiscrimination existantes.

Ses décrets exécutifs "cherchent à intimider tous les employeurs" privés ou publics, en utilisant des "termes vagues et menaçants pour créer la peur" et les forcer à abandonner leurs programmes, estime l'ACLU.

"Epouvantail"

Pour Becky Pringle, présidente de la National Education Association, les politiques de "DEI" ne sont que "le dernier épouvantail en date pour les politiciens d'extrême droite et leurs alliés".

Par ces "attaques infondées", beaucoup se trouveront "refroidis" à l'idée d'employer de tels programmes dans l'éducation, avertit-elle dans un communiqué lundi.

La Cour suprême, à majorité conservatrice, avait déjà signifié par un arrêt de 2023 la fin de la possibilité pour les universités de prendre en compte des critères ethniques dans la sélection d'étudiants.

Au-delà du milieu éducatif ou de l'administration, l'offensive anti-"DEI" s'est étendue aux entreprises privées.

Meta et Amazon dans la tech, Target et Walmart dans la distribution, McDonald's dans la restauration, ou encore Ford et Harley-Davidson, dans l'industrie: autant d'entreprises américaines qui ont annoncé récemment mettre fin à leurs programmes "DEI", en partie ou en totalité.

"Le paysage juridique et politique autour des efforts de diversité, d'équité et d'inclusion aux Etats-Unis est en train de changer", avait expliqué Meta début janvier dans une note interne annonçant ce changement.

La maison mère de Facebook, WhatsApp et Instagram confirmait ainsi le virage pris par son fondateur et patron, Mark Zuckerberg, aperçu quelques jours plus tard aux premiers rangs de la cérémonie d'investiture de Donald Trump.(AFP)

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