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Une montre made in France, un rêve à nouveau possible

By AFP

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Crédit : Rafael Garcin, Unsplash

Paris - Après plusieurs décennies à battre avec un coeur suisse ou asiatique, l'horlogerie française pourrait voir renaître dès l'automne un mécanisme 100 pour cent tricolore grâce à un projet porté par un nouveau groupe, implanté non pas dans le berceau franc-comtois de la profession mais à La Ciotat.

Dans les années 1990, la disparition de la manufacture France Ebauches avait sonné le glas de la fabrication en France de mouvements horlogers, la pièce maîtresse d'une montre, et plus précisément du spiral, petit ressort qui régule le balancier. "La montre française s'était éteinte mais elle est en train de revenir, et c'est tout un symbole car ce rêve était là depuis longtemps", résume à l'AFP Emeric Delalandre, co-fondateur de la marque Hegid.

Les montres Hegid et Lornet (haute horlogerie) devraient embarquer dans les prochains mois un mécanisme 100 pour cent français : elles sont en effet les marques-étendards d'un nouveau groupe, Aiôn, récent acquéreur d'une manufacture horlogère suisse - et surtout de ses 450 machines qui vont être déménagées sur le sol français.

"Dans un premier temps, l'idée est de rapatrier 30 pour cent des machines pour la fin de l'été. Ensuite, il faut prévoir trois semaines de réglage et on n'aura plus qu'à appuyer sur le bouton. L'objectif est que la production commence en septembre", indique Céline Guth, directrice générale d'Aiôn.

Le mouvement horloger produit "sera donc 100 pour cent français, on sous-traitera avec des artisans français pour ce qu'on ne sait pas faire, comme les aiguilles", précise-t-elle. Et les très rares entorses à cette règle concerneront l'utilisation d'or ou de pierres précieuses - introuvables en France.

"Nous voulons remettre sur le devant de la scène l'horlogerie française, la vraie. Il y a toujours une espèce de quiproquo sur le Made in France, et nous voulons le redéfinir. Actuellement les jeunes qui apprennent (le métier) en France partent tous en Suisse, on a l'impression qu'on se fait voler nos talents. On veut juste relocaliser un savoir-faire. Et avec des prix très compétitifs", assure Céline Guth.

"Hub" horloger

La production débutera dans des locaux provisoires, en attendant la sortie de terre d'une usine de 10 000 mètres carrés dont la capacité de production "à horizon 2025" sera de 400 000 mouvements par an. Le projet, évalué à 60 millions d'euros, est notamment soutenu par des aides publiques et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Pourquoi La Ciotat? "On a fait le choix stratégique de sortir totalement du bassin" franc-comtois notamment "pour que la main-d'oeuvre vienne par choix. Et on reçoit des CV tous les jours. On s'est aussi rapprochés de l'école horlogère de Marseille. Aujourd'hui on est 15, à la fin de l'année on sera 40 et on prévoit 160 collaborateurs d'ici 5 ans", indique Mme Guth.

Elle souligne qu'au-delà de la production de mécanismes, l'objectif d'Aiôn est également de "fonctionner comme un +hub+ horloger, en accompagnant les marques depuis la création des montres jusqu'à leur commercialisation". Actuellement, le mouvement "le plus français possible" - utilisant les composants disponibles en France - est celui de la manufacture Péquignet, avec 80% d'éléments tricolores et 20% suisses.

Après un premier mécanisme réservé à ses montres, Péquignet en a un lancé un second, Initial, plus simple, qui équipe une gamme vendue à partir de 2 500 euros mais est également proposé en marque blanche, une première: "on devient motoriste pour vendre notre mouvement à d'autres marques et promouvoir le fabriqué français", souligne Aymeric Vernhol, un des quatre dirigeants.

L'horloger Pierre Lannier a d'ailleurs choisi ce mécanisme signé Péquignet pour une série limitée de montres célébrant les 45 ans de la marque, baptisée 1977, qui sera commercialisée en septembre à 1 977 euros. "Si on voulait faire français, il n'y avait pas d'autre choix. Il y a plusieurs années que ça me trottait dans la tête de refaire une montre avec des composants français", souligne Pierre Burgun, PDG de la marque.

Le projet Aiôn? "Il est ambitieux, tant mieux s'il aboutit, je pense qu'on l'utilisera, au lieu d'acheter des mouvements asiatiques, on achètera en France", estime M. Burgun, dont la marque vend 400 000 montres par an. (AFP)

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