Du Made in Italy fabriqué par des Chinois
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« Made in Italy by the Chinese » a reçu le award du meilleur film chinois au festival du fashion film Asvoff, qui s’est déroulé du 7 au 10 novembre 2024. Le documentaire raconte comment les immigrés chinois, principalement originaires de la ville portuaire de Wenzhou, se sont approprié le fameux « made in Italy », censé glorifier le savoir-faire des artisans italiens.
Avec son « made in, l’Italie cultive, à l’instar de la France, l’idée d’une fabrication traditionnelle haut-de-gamme. Sauf que la réalité industrielle du luxe a bouleversé cette image surannée. C’est ce que montre le film « Made in Italy by the Chinese ».
Réalisé par DJ Clark, présenté et produit par Mingjie Wang, un journaliste spécialiste des sujets sur les Chinois dans le monde, le film infiltre la filière chinoise de fabrication de vêtements et de maroquinerie à Prato et à Florence, cœur vibrant du made in Italy.
En Toscane, la communauté chinoise est passée d’exploitée à exploitante
Le film explique que, dans les années 1990, Prato a dû faire face à un défi pressant : la pénurie de main-d'œuvre et l'incapacité à suivre le rythme de la mode. C'est ainsi que Prato compte aujourd'hui l'une des plus grandes concentrations d'immigrants chinois d'Europe.
Il dépasse l’idée négative que l’on pourrait avoir des districts industriels italiens (des Chinois travaillant dans des caves, pour schématiser), pour montrer comment cette communauté a aujourd’hui franchi un cap en ouvrant ses propres entreprises. En fait de mains italiennes, il prouve, images à l’appui, que la main-d’œuvre est désormais chinoise, mais pas que.
Il raconte que la deuxième génération ne s’est pas contentée d’ouvrir ses propres unités de fabrication, elle embauche désormais tous types d’origines, y compris des Italiens.
Sa démonstration va autant pour la fast fashion (pronto moda, en italien) que pour le luxe. Même si aucune marque n’est citée (on sait combien les industriels sont réticents à donner le nom des marques pour lesquelles ils travaillent), la scène montrant un sac au monogramme GG percute.
« L’histoire ne se limite pas à Prato, explique le producteur au micro de FashionUnited. Elle se joue également à Florence, pour la fabrication d’articles haut de gamme : Gucci, Prada, Armani, par exemple. La perception que des articles de maroquinerie, vendus entre mille et deux mille euros, sont manufacturés par des Italiens est en partie fausse. Ils sont aussi confectionnés par des Africains ou des Bangladais. »