« Haute Couture, un point c’est tout ! » Julien Fournié expose à la SCAD Lacoste

Fallait-il attendre que la SCAD Fash Lacoste, une école américaine basée à Atlanta et Savannah (Géorgie), des villes pas vraiment réputées pour la mode, offre au couturier Julien Fournié sa première exposition ouverte au public en France ? Il faut croire que oui.

Du 3 avril au 15 août 2023, les locaux du campus de la SCAD (Savannah College of Art and Design), située dans le village de Lacoste (Luberon), consacre deux espaces à l’exposition « Haute Couture, un point c’est tout ! ». Elle met en scène le travail du grand couturier Julien Fournié. Ce dernier rayonnait à l’occasion du vernissage qui s’est tenu le samedi 1er avril. Et non, ce n’est pas un poisson d’avril mais un vrai coup de cœur de la part de Paula Wallace, fondatrice de la SCAD, et Rafael Gomes, commissaire d’exposition.

L'art à porter de Julien Fournié ou la silhouette d’une femme émancipée

« Le vêtement est un message non verbal qui raconte une histoire, nous dit Julien Fournié. On pourrait croire que les tendances de mode émancipent les femmes, c’est faux. Elles ne souhaitent pas être toutes pareilles. Seul le modèle unique peut les affranchir. La Haute Couture, un point c’est tout ! ». Au total, 19 tenues sont exposées. Bien que d’inspirations variées, elles signent toutes son obsession pour les super women : « je ne fais pas de la mode, je crée des personnages ». Tout comme Alfred Hitchcock, il aime les blondes fatales.

Ainsi, sa robe « Les Oiseaux », une marqueterie tourbillonnante de plumes d’oie noires laquées et positionnées sur l’envers, réalisée en collaboration avec le plumassier Julien Vemeulen, est un hommage au film du réalisateur. La tiare tentacule de la robe « La sirène noire » et le collier harnais de la « Siré arc-en-ciel » ont été conçus, en verre soufflé et cristal, par le maître verrier Adrian Colin. Certaines gouttes de verre contiennent du liquide. Élixir d’amour ou poison ? Le monde imaginaire de Julien Fournié oscille entre princesses (ses clientes), fées et sorcières de conte de fées auxquelles, question de modernité, il offre liberté de mouvement et confort.

« Nous étions partis sur l’idée de miroirs mais alors que j’aurais choisi l’option sécuritaire de murs blancs et noirs, Julien a préféré un plexiglas bleu profond », nous indique le commissaire d’exposition. La robe de mariée « En majesté », de la collection couture printemps été 2023, s’y reflète à l’infini, telle une projection du voyage dans le temps qu’elle pourrait entreprendre si l’un des élèves de la SCAD Fash s’en imprégnait.

Une vitrine Haute Couture pour la SCAD, école d’art américaine

Le vernissage a été l’occasion de rencontrer seize étudiants à peine arrivés de Savannah. Dans le cadre de la formation, ils sont invités à passer huit semaines dans le campus. Ils sont logés dans la Maison Basse ou directement dans le village, au pied du château, dans l’un des soixante-dix bâtiments appartenant à l’école.

Parmi eux, des futurs designers textiles qui auront donc l’occasion de découvrir le le savoir-faire des métiers d’art, français ou indiens (pour les broderies Julien Fournié travaille avec Aya Wassef, agent pour l’atelier Shanagar). Mais aussi toutes les installations qui font de la SCAD Lacoste un lieu unique, entre vieilles pierres, histoires de France, décoration intérieure aménagée en espaces bibliothèque et enseignement high-tech donnant lieu à plus de quarante diplômes, soit cent spécificités.

« Peu de gens s’imaginent que l’une des meilleures écoles d’art américaine se trouve en Géorgie, nous explique Cédric Maros, directeur de l'établissement. Le fait d’organiser ce genre d’évènements nous permet d’offrir une expérience pédagogique à nos étudiants, qui ont la chance de rencontrer des créateurs au sein du campus, mais aussi d’avoir une ouverture vers le grand public et ainsi faire connaître notre école. »

Fallait-il que Julien Fournié vienne exposer à Lacoste pour découvrir, de l’intérieur, le travail de formation et de résidence pour artistes réalisé par la SCAD ? Il faut croire que oui.