Janvier / Août 2024 : le musée du FIT consacre une exposition aux manches
loading...
L'exposition Statement Sleeves, littéralement déclaration des manches, organisée au musée du FIT (Fashion Institute of Technology), à New York, par Colleen Hill, conservatrice du département Costume et accessoires, présente près de 80 pièces de mode, comportant des manches, issues de la collection permanente. La majorité est exposée pour la première fois.
L’exposition est organisée de manière thématique ou selon des esthétiques complémentaires plutôt que chronologiquement. Elle comprend des œuvres de créateurs renommés tels que Balenciaga, Tom Ford, Schiaparelli ou Vivienne Westwood. Elle met en lumière la façon dont les manches constituent un mode vital d'expression, qui reflète nos gestes et nos mouvements. Les manches sont aussi le signe d’une époque spécifique et le reflet des tendances qui s'y rattachent. Elles jouent leur rôle en tant qu'indicateurs de statut, de goût et de personnalité.
La section d'introduction, Fundamental Forms, donne un aperçu des formes de manches les plus courantes : la cloche, l'évêque et le raglan. Chacune est réalisée dans un tissu noir qui permet aux visiteurs de se concentrer sur la forme. Un chemisier en faille de soie illustre le style jambe de mouton, une énorme manche bouffante qui se rétrécit du coude au poignet, à la mode en 1890. Une robe d'homme des années 1920, faite de rayures de soie et de velours, présente des manches d'inspiration kimono. Ces exemples servent de base aux manches plus fantaisistes exposées dans le reste de la galerie.
L’espace Opening Statements illustre l'affinité de certaines décennies pour les manches élaborées
1890 : énormes manches bouffantes 1930 ; les couturiers ont montré une prédilection pour les manches de toutes sortes, les plus complexes étant les meilleures. 1980 : L'opulence et l'excès s'exprimaient souvent par des manches surdimensionnées dans des tissus luxueux. Aujourd’hui : les manches sont à la fois ludiques et à la pointe de la mode.
Pour montrer les changements d’époque et de mode, une robe de Madame Grès datant de 1980, aux manches drapées et surdimensionnées, est présentée à côté d'une robe de LaQuan Smith, conçue au printemps 2022, qui combine le drapé et la manche bouffante pour créer une silhouette tout à fait contemporaine.
L'exposition se poursuit avec Puffs and Folds. Cette section comprend un ensemble de soirée en soie brune des années 1920 de Milgrim, dont les manches droites sont ornées de bouffées de tissu rouge à motifs au niveau du coude. Ce modèle est suivi d'une série de vêtements dans lesquels le tissu est plié et drapé pour créer de nouvelles formes innovantes, comme le montre une robe en soie taupe d'Isabel Toledo dans laquelle le dos en forme de cape se déploie élégamment pour former des manches courbes en forme de pétales.
Les plis et les volants offrent d'autres moyens de créer des manches spectaculaires
Un manteau en velours bleu des années 1920 présente des manches rassemblées en larges fronces qui s'étendent de façon spectaculaire sous un large col. La minirobe noire de Rudi Gernreich, datant de la fin des années 1960, comporte des manches longues faites de volants en laine blanc cassé contrastée. Bien que d'apparence tout à fait moderne, ces manches s'inspirent des modèles du milieu du XIXe siècle. Elle est présentée à côté d'un chemisier en coton blanc à manches volantées en forme de cloche d'Hubert de Givenchy datant de 1952. Il s'agit d'une version de la célèbre blouse Bettina du couturier, nommée d'après l'un de ses modèles préférés, Bettina Graziani.
La fonctionnalité et l'adaptabilité des manches sont explorées dans une section consacrée à la performance et à l'utilité. Un manteau de la fin du XIXe siècle en brocart noir et garni de plumes de marabout, connu sous le nom de dolman, a été conçu pour être ajusté sur le torse et s'étendre sur la jupe à tournure à la mode. Sa construction aurait considérablement limité le mouvement des bras.
À l'inverse, la créatrice contemporaine Lucy Jones met l'accent sur la facilité de port, en créant des manches spécialement façonnées et amovibles destinées aux personnes en fauteuil roulant et aux personnes aux capacités diverses. Cette section comprend également le plus ancien vêtement de l'exposition, un ensemble de baleines (corset) datant d'environ 1770. Fabriqué en soie bleue, il comporte des manches amovibles fixées au corps du vêtement par des rubans. Ce modèle rare était probablement porté comme vêtement d'intérieur.
Une section est consacrée aux manches diaphanes et fendues
Elle commence par une robe réalisée vers 1830. Ses manches courtes et bouffantes sont enveloppées par des sur-manches complètes en mousseline de soie transparente. Un ensemble du printemps 2011 en soie orange et fuchsia, conçu par Marc Jacobs pour Louis Vuitton, présente des manches complètes qui sont fendues le long du bras et rassemblées en une manchette au poignet, ce qui leur permet de se déployer au gré des mouvements de la personne qui les porte.
La dernière section de l'exposition, Asymmetrical and Mismatched (Asymétrique et dépareillée), comprend une sélection de modèles particulièrement ludiques. Les créations colorées de Stephen Burrows comportent souvent des manches contrastées, comme cette robe en jersey rayé, déclinée en trois couleurs : une pour le corps, une autre pour chacune des manches. Pour sa collection de l'automne 1990, Christian Francis Roth a conçu des ensembles humoristiques inspirés de boîtes de crayons de couleur. Le tailleur d'une femme comporte une manche en laine verte ornée du mot « Rothola », qui devait ressembler à l'emballage papier d'un crayon.