36e festival de Hyères : rencontre avec ses lauréats
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Hyères (France) - Dimanche, sous un soleil radieux, le Festival International de mode, de photographie et d’accessoires de mode de Hyères a dévoilé ses heureux lauréats. Un joyeux palmarès, à l’image de ces quatre jours de festival, qui offre à l’industrie de la mode des idées innovantes et pleines d’espoirs.
Le très attendu Grand Prix du jury Première Vision a été décerné au Britannique Ifeanyi Okwuadi. Diplômé de la Ravensbourne University, Ifeanyi Okwuadi a une formation de tailleur et a travaillé au sein de la prestigieuse adresse londonienne, Savile Row. Ce bagage lui a permis de proposer une collection masculine essentiellement composée de pièces de tailoring. Il signe également un pull en maille sombre agrémenté de scoubidous colorés travaillés en crochet, une pièce créée avec la maison Lemarié – collaboration issue du partenariat entre Chanel Métiers d’Art et le Festival de Hyères.
Ifeanyi Okwuadi, vainqueur du prix mode du festival de Hyères
Rencontré dans le cadre du festival, Ifeanyi Okwuadi a confié à FashionUnited être sur le point de démarrer un MA Fashion à Central Saint Martins, à Londres. Mais il entend bien poursuivre ses propres projets et aimerait beaucoup travailler pour des marques.
Lorsque nous lui demandons ce qu’il manque aujourd’hui à l’industrie de la mode et ce qu’il souhaite lui apporter, il répond sans hésiter : « qualité et honnêteté », expliquant que « la plupart des idées de design ne sont pas correctement développées ou pensées. Il n’y a pas de solution trouvée pour les gens d’aujourd’hui. Tous suivent d’anciennes manières de s’habiller ».
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En remportant le Grand Prix du Jury Première Vision, Ifeanyi Okwuadi reçoit une bourse de création de 20 000 euros, une visibilité lors du salon de Première Vision à Paris en février et un projet de collaboration avec les Métiers d’Art de la maison Chanel d’un montant de 20 000 euros.
Sofia Ilmonen, lauréate du Prix de la collection éco-responsable Mercedes-Benz
Le nouveau Prix de la collection éco-responsable Mercedes-Benz (bourse de 20 000 euros) a été attribué à la Finlandaise Sofia Ilomen, diplômée de Aalto University School of Arts, Design and Architecture. La créatrice a proposé une collection de robes romantiques et modulables, construites à partir de carrés à boutonner et déboutonner.
Développé depuis environ deux ou trois ans, son concept de robes transformables va poursuivre son développement à l’issue du festival puisque Sofia Ilmonen entend réfléchir à un moyen de production plus rapide – la création d’une robe prend environ trois semaines – et espère lancer sa propre marque l’année prochaine. « Avec ce concept, je pense m’orienter davantage vers le service plutôt que de produire de nouvelles choses. Il s’agirait en fait d’un système de service produit. Cela pourrait fonctionner avec chaque collection. Si vous possédez déjà un vêtement modulaire, vous pouvez le ramener à la marque et je le change en fonction du nouveau style de la saison », détaille-t-elle à FashionUnited.
Le Prix Chloé a été remis à la Lettone Elina Silina. Depuis bientôt 10 ans, cette récompense met en lumière une silhouette fidèle au style de la maison parisienne (bourse de création de 20 000 euros). Le style romantique-punk d’Elina Silina, s’appuie sur des souvenirs de son enfance, lorsque sa mère lui apprenait à tricoter. « J’aime ce qui est doux, la famille, les souvenirs, et je veux ensuite aller à l’encontre des règles pour, peut-être, réinventer des choses simples que nous connaissons tous », explique-t-elle.
La pièce Chloé proposée par Elina Silina est selon elle sa plus innovante : il s’agit d’une robe blanche en maille lâche conçues à partir de fil de jade auquel elle a ajouté des fils de soie et de viscose pour, dit-elle, « donner du poids et un meilleur tombé ». D’apparence délicate la matière cache en fait une grande solidité.
Tout au long du festival, une candidate semblait faire l’unanimité lorsqu’il s’agissait de partager ses favoris. Les festivaliers n’ont donc pas été surpris d’entendre le nom de la Suisse Adeline Rappaz lors de l’annonce du Prix du public de la ville de Hyères, lequel s’accompagne d’une résidence de création à la Villa Noailles (à l’instar de tous les prix du public cette année). Aujourd’hui assistante designer chez la maison Schiaparelli, la créatrice a imaginé une collection entièrement upcyclée, inspirée du mouvement punk et d’un esprit couture pour les coupes. Ses pièces se distinguent notamment par un travail sur la matière, un patchwork sec aux teintes passées.
Concernant ses projets futurs, Adeline Rappaz explique : « C’est la première collection que je peux présenter à un public et à un public professionnel, du coup, c’est aussi une première mise-en-bouche pour voir les réactions et pour voir si ça plait, avec ensuite l’idée de créer ma marque ».
Enfin, le Thaïlandais Rukpong Raimaturapong, diplômé de l’Institut Français de la Mode (IFM) et doté d’une formation en design graphique, a reçu le Prix le 19 M des Métiers d’Art de Chanel. Actuellement basé à Paris, il a été récompensé pour la création de ses chapeaux colorés conçus en collaboration avec la Maison Michel.
Dans la section accessoires de mode, le jury présidé par le chausseur Christian Louboutin a remis son Grand prix à la Française Capucine Huguet. Le Prix Hermès a quant à lui été décerné au Français Yann Tosser-Roussey. Enfin, le Prix du public a récompensé la Japonaise Rayna Amuro.
Côté photographie, les Français Emma Charrin et Olivier Muller sont les heureux gagnants du Grand Prix tandis que le Russo-Finlandais Sergei Pavlov a raflé deux récompenses : Prix de la photographie American Vintage et Prix du public. Enfin la dotation offerte par le magazine Wallpaper a été attribuée à la Thaïlandaise Pitchaya Pearpit. La publication dédiée au design et à la mode offre à la lauréate l’opportunité de photographier le principal éditorial mode de l’une de ses parutions.
Un nouveau grand prix pour le festival de Hyères en 2022
Jean-Pierre Blanc, fondateur du festival, a également annoncé le retour l’an prochain de l’un de ses anciens mécènes : les Galeries Lafayette. En parallèle de quoi il a annoncé la création d’un nouveau « très très grand prix » pour le festival, ajoutant que l’événement allait « grandir un peu plus ». L’organisation dévoilera ce nouveau prix dans quelques mois et donne d'ors et déjà rendez-vous au public en octobre 2022, même lieu, même heure !