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Atelier Tuffery : le plus ancien jeanneur français se redéploie autour d’une offre singulière et premium

By Odile Mopin

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C’est toujours le même débat autour de l’origine du jean. Le denim viendrait de Nîmes, sa toile aurait été commercialisée pour la première fois par Levi Strauss pour confectionner les premiers jeans, mais en Camargue et en Cévennes, l’histoire fait bien rire. Et la région revendique l’invention du pantalon en denim, conçu comme un vêtement solide de travailleur, de cantonniers des Causses pierreux, bien avant de renter dans la mode.

C’est toute l’histoire d’Atelier Tuffery, fondé en 1892 par Célestin Tuffery, alors âgé de 17 ans. Il conçoit à Florac, dans son atelier de confection un vêtement pratique et robuste, en toile 100 pour cent coton provenant de la ville de Nîmes et teinté à l’indigo. L’Atelier Tuffery revendique ainsi la création du premier jean français et organise son activité autour du vêtement de travail. Dans les années soixante-dix, la maison est reconnue pour son savoir-faire et la qualité de ses vêtements, elle emploie alors une quarantaine de couturières pour produire jusqu’à 500 jeans par jour.

Aujourd’hui, après l’époque des grandes délocalisations du textile, le monde a changé. Julien Tuffery, arrière-petit-fils de Célestin, a repris voici 6 ans une entreprise vieillissante pour la relancer en joyau du jean local. « Le savoir-faire et les machines étaient là, et nous sommes particulièrement légitimes dans notre démarche de jean durable et d’excellence, ayant été le dernier atelier français à fabriquer du jean entre les années quatre-vingt-dix et 2010 », souligne-t-il. Car aujourd’hui, si le made in France a le vent en poupe, le jean représente la pointe la plus rare et convoitée de cette néo-filière textile française. Reconfigurée autour du local, de l’excellence et de la RSE.

« Nous sommes une entreprise structurellement responsable, explique encore le jeune entrepreneur. Notre démarche est ultra-locale depuis toujours. Aujourd’hui, elle simplement davantage valorisée. A ce socle séculaire, nous avons ajouté une démarché digitale moderne et efficiente ». Atelier Tuffery reconvertie en start-up DNVB, fabrique sous sa marque éponyme de très belles pièces, hyper-construites, aux coupes parfaites, à ceintures cousues, et avec un minimum d’élasthanne pour garder l’esprit « costaud » du jean. Vendues directement via son site bien connu des urbains soucieux de la durabilité de leurs vestiaires composées de beaux basiques. Qui adorent porter leur jean en laine Mérinos, en chanvre ou en coton, et raconté en ville comment il est confectionné par des tailleurs et couturières dans l’atelier de Florac.

Du mouton à la fibre, du fil au tissu…

Les derniers modèles de Tuffery sont en laine et en chanvre. Pour la laine, c’est une première : Tuffery a réussi à créer deux toiles avec de laine de moutons Lacaune élevés dans le parc national de Cévennes, l’autre avec de la laine des brebis Mérinos d’Arles, filière connue pour sa laine de grande qualité. Le jean en pur chanvre local, naturellement chiné, est lui aussi exemplaire du remaillage d’un tissu régional : la culture du chanvre se fait dans le Lot (au 18e siècle, la production s’étendait sur 180 000 hectares), le tissage chez Passsetrem, Plo, et Ferrier dans le Tarn, la production dans les ateliers Tuffery, donc en Lozère. C’est tout un réseau d’entreprise de la région Occitanie qui se redynamise. « Les circuits sont raccourcis au maximum, ce qui entraine une réduction de bilan carbone », souligne Julien Tuffery. Ce nouveau modèle, dont une première série de 300 pièces sera commercialisée début mai, promouvra aussi le renforcement de la filière chanvre dans le Lot : une partie de son prix de vente sera consacré à des investissements allant dans ce sens. Le modèle économique, raisonné, se veut ultra6circulaire et vertueux, en tous cas très cohérent.
La plus grosse partie de la production est confectionné en coton bio, teinté à l’indigo naturel. Outre ses partenaires tisseurs du Tarn, Tuffery travaille aussi avec une entrepris italienne connue pour son savoir-faire et ses métiers à tisser à navette denim Selvedge.

La plus grosse partie de la production est confectionné en coton bio, teinté à l’indigo naturel. Outre ses partenaires tisseurs du Tarn, Tuffery travaille aussi avec une entrepris italienne connue pour son savoir-faire et ses métiers à tisser à navette denim Selvedge. « L’article de mode le plus porté au monde est aussi l’un des plus exigeants en terme de coupe », rappelle Julien Tuffery. Aujourd’hui, l’entreprise de Florac emploie 24 personnes et commercialise 40 000 pièces par an, sur son e-store très pédagogique, mêlant commerce et visite d’atelier, explications sur l’origine des matières etc… Juste comme les aiment les consommateurs de mode avertis. L’entreprise intégrée (design, production, digital, logistique) vend aussi ses produits sur place dans la boutique de l’Atelier. Comme on déguste un bon vin en sortant de la visite de la cave du vigneron. « Les mains qui fabriquent sont aussi les mains qui vendent, et je crois que la communauté de consommateurs que l’on fédère comprend, et apprécie, ce modèle à taille humaine », conclut le jeune chef d’entreprise.

Crédits : Atelier Tuffery

Atelier Tuffery