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Fashion Week de Londres : les marques optent pour un style pratique

By Don-Alvin Adegeest

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Chet Lo PE24 look 031 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Nous parlons souvent de la valeur que les semaines de la mode apportent à une ville, en particulier en matière d’impact économique, de retentissement médiatique, d'échange culturel et d’engagement communautaire. Cependant, le coût pour les marques indépendantes peut parfois être conséquent, réduisant l’attrait de ces événements en terme d'investissement. La Fashion Week de Londres, qui a eu lieu du 15 au 19 septembre, a connu des lacunes indéniables cette saison. Le New York Times explique que l’absence de créateurs tels que Christopher Kane, S.S. Daley, Nensi Dojaka et la jeune étoile montante Dilara Findikoglu témoignent d’un manque de fonds suffisants pour organiser un défilé lors de la semaine de la mode.

Alors que les grandes marques continuent de se déployer en organisant des présentations de plus en plus élaborées, les designers émergents peinent à attirer l'attention et la plateforme nécessaires pour cultiver leurs jeunes entreprises. Si Londres peut être le foyer de talents émergents, elle n’en reste pas moins une ville considérablement chère. Les designers ne devraient pas être contraint de choisir entre maintenir leurs entreprises à flot et présenter leurs collections lors de la Fashion Week. Caroline Rush, directrice générale du British Fashion Council, déclare à ce sujet : « Je crois que de nos jours, être un designer indépendant à Londres est plus difficile que jamais. »

Malgré ces revers, la Fashion Week de Londres a toutefois présenté des aspects positifs cette saison. L’événement de mode a coïncidé avec la London Design Week, qui se tient du 16 au 24 septembre, ce qui a donné lieu à de nombreuses boutiques éphémères et à des événements collaboratifs dans toute la ville. Ces activités ont célébré le travail de designers et d'artistes visionnaires qui, bien que manquant des ressources, ont fait preuve d'innovation et d'une grande détermination. De plus, Londres a accueilli trois expositions dédiées à la mode, mettant en lumière l'impact profond de cette industrie sur nos vies. Ces expositions allaient du manifeste de Chanel au Victoria & Albert Museum à la rétrospective « Rebel : 30 ans de mode londonienne » au Design Museum et «The Missing Thread : Histoires inédites de la mode britannique noire » à Somerset House.

Des événements à la croisée des disciplines ont également eu lieu, notamment la célébration des arts du spectacle britanniques de Vogue World, avec un tapis rouge similaire au Met Gala de New York et l'exposition «Design Transforms » de l’école Central Saint Martins, qui a célébré le travail de designers diplômés en association avec la société UPM, spécialisée dans les mesures éco-responsables. Même l’emblématique métro londonien a été temporairement pris en charge par Burberry, renommant Bond Street en Burberry Street et arborant la nouvelle couleur bleue du logo de la marque, bien que cela ait parfois déconcerté les voyageurs.

Des designers établis aux créateurs émergents, voici un résumé de nos moments forts préférés de la Fashion Week de Londres :

Burberry

Pour le deuxième défilé de Daniel Lee, les enjeux étaient élevés et l'attente était de taille. La mission du directeur créatif est de stimuler les ventes, en particulier dans les accessoires, un domaine où Burberry est à la traîne par rapport aux autres maisons de luxe. Le défilé mettait ainsi l’accent sur les chaussures et les sacs, reflétant l'expertise de Daniel Lee acquise lors de son passage chez Celine et Bottega Veneta. Pour la saison printemps-été 2024, le créateur a souhaité réduire le nombre de silhouettes et d’options, en déclinant notamment le trench iconique de la maison à l’allure nette et raffinée avec une ceinture positionnée taille basse. La pièce incarnait un style durable plutôt qu'une tendance éphémère. Les robes et les tailleurs dégageaient une forme de simplicité efficace, conçus pour la vie urbaine plutôt que pour de simples fantasmes de tapis rouge. Les chaussures étaient particulièrement marquantes, avec l'introduction de nouvelles sandales, mules et bottes.

 
 
Burberry PE24 look 010 Crédits : Lauchmetrics Spotlight
 
 
Burberry PE24 look 088 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Simone Rocha

Les amateurs de Crocs seront ravis de la version perlée et en dentelle de Simone Rocha, sans doute la paire de Crocs la plus romantique et élégante jamais vue. Intitulée « Dress Rehearsal » et organisée à l’école de ballet Mulryan Centre for Dance, Simone Rocha a présenté des robes magnifiquement brodées. Portées avec une veste de motard en cuir argenté, elles offraient un aspect pratique sans paraître excessivement luxueuses. La maîtrise de Simone Rocha des tissus, tant pour leur esthétique que pour leur capacité à être manipulés pour créer des drapés, des coupes ou des plis, était évidente, en particulier sur les robes roses et rouges avec des effets de volume saisissants au niveau du cou et de la manche - une technique signature qui pourrait réapparaître lors de sa collaboration avec la maison de couture Jean Paul Gaultier.

 
 
Simone Rocha PE24 look 018 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

JW Anderson

Les collections de JW Anderson sont connues pour leurs touches colorées et leurs singularités, mais sous les couches de tissu et les concepts innovants se trouvent de véritables vêtements adaptés à la vie quotidienne. La saison PE24 mettait en avant un sweat à capuche réinventé en toile de fond, transformé par l'art de JW Anderson en de nouvelles proportions moulées. Le pantalon cargo s’est également imposé comme un incontournable du dressing quotidien qui a maintenu le sportswear au premier plan de la mode pendant de nombreuses saisons. Porté avec une veste de motard ou un blazer à double boutonnage, il apportait un vent d’air frais sans paraître artificiel.

 
 
JW Anderson PE24 look 009 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Chet Lo

Chet Lo s'est inspiré des imprimés séduisants trouvés dans l'art érotique chinois ancien et dans le Shunga. En grandissant en tant que chinois-américain, Chet Lo a vécu la sexualité comme un tabou. La Chine reste l'un des rares pays du G20 où le mariage entre personnes de même sexe n'est pas légalisé. Le créateur perçoit dans les vêtements une manière de nous libérer, une philosophie évidente dans sa collection. Que ce soit à travers des pantalons ajustés avec des fentes aux hanches ou des robes tricotées, ornées d'un imprimé monogramme, Chet Lo aspire à donner à chacun le pouvoir de se sentir fort et confiant.

 
 
Chet Lo PE24 look 009 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Emilia Wickstead

La collection d'Emilia Wickstead dégageait une ambiance inspirée de Saint-Tropez et de la French Riviera, rappelant les années 1920 et 1930, lorsque la région était un havre de paix pour les artistes et un terrain de jeu pour des personnalités telles que Picasso et Lee Miller. Des rayures multicolores somptueuses dans des couleurs orange brûlé, bleu ciel et jaune tournesol ornaient plusieurs silhouettes, d'une robe diaphane à épaules dénudées à un manteau simple et un ensemble deux pièces qui ouvraient le défilé. L'audace et la coquetterie étaient les marques de fabrique d’ Emilia Wickstead. La créatrice a souhaité exprimé le sentiment de liberté, reflétant la manière dont les artistes s'habillent et s'expriment à travers la mode.

 
 
Emilia Wickstead PE24 look 007 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Designers ukrainiens à Londres

Les marques de mode ukrainiennes Kseniaschnaider, Elenareva et Nadya Dzyak ont dévoilé leurs collections printemps-été 2024 lors de la Fashion Week de Londres, dans le cadre de la Fashion Week ukrainienne (UFW), qui s'est tenue en dehors de Kiev en raison des conflits en cours. Malgré les sirènes d'alerte aérienne et les attaques de missiles, les designers ukrainiens ont continué à créer et l'UFW a apporté un soutien indéfectible lors de sa troisième saison internationale. La collection de Kseniaschnaider présentait des silhouettes en denim générées par l'intelligence artificielle résultant d'expérimentations et de jeux. La designer Olena Reva d'Elenareva a exploré le thème du pouvoir féminin, s'inspirant de la culture ancienne des Trypilliens et présentant des imprimés influencés par les ornements présents sur les cruches en argile trypilliennes. Nadya Dzyak s'est inspirée du travail de l'artiste Polina Raiko, dont la maison-musée à Oleshky a été inondée suite à la destruction du barrage de Kakhovka par les Russes. La designer a cherché à transférer les peintures de Raiko sur ses robes, transmettant une ambiance qui chérit le patrimoine artistique, même lorsque celui-ci a été emporté par les eaux.

 
 
Ukrainian Fashion Week PES24 look 107 Crédits : Lauchmetrics Spotlight

Cet article a initialement été publié sur FashionUnited.com. Il a été traduit et édité en français par Aéris Fontaine.

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