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L’évolution de la Fashion Week de Londres

By Don-Alvin Adegeest

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Mode|OPINION

Londres - 1984 est l'année de la naissance de la London Fashion Week. Initiative du British Fashion Council, elle a rassemblé des expositions et des créateurs disparates pour exposer collectivement sur une même plateforme. À l'époque, ce sont Betty Jackson, Ghost et le talent émergent John Galliano qui en sont les vedettes. Vivienne Westwood avait choisi Paris, mais elle y est retournée en 1987.

C'est à la fin des années 90 que j'ai assisté à mon premier défilé de la LFW. Je ne me souviens pas si c'était le designer espagnol Amaya Arzuaga, Elspeth Gibson, Alexander McQueen ou Matthew Williamson, mais il y avait un sentiment d'excitation à l'époque, ces moments palpables où l'on est plongé dans quelque chose d'indéfiniment unique, que l'on ne peut expliquer.

Je me souviens d'avoir fait la queue dans le froid pendant des heures dans un ancien dépôt d'autobus dans le sud de Londres, en attendant que le défilé d'Alexander McQueen commence. Ou la fois où Prince est monté sur scène lors de la finale d'un défilé de Matthew Williamson, offrant au public un set inoubliable de son légendaire funk.

Rétrospectivement, il y a eu de nombreux moments déterminants qui ont marqué l'importance de la LFW à l'époque, et ce n'étaient pas les finances qui définissaient la pertinence du show. Le lancement du Fashion Fringe en 2004, une initiative phare pour découvrir des talents émergents. Ou l'année précédente, lorsque le pionnier du développement durable de la mode, Katharine Hamnett, est retournée à la LFW, cette fois-ci pour protester avec ses célèbres t-shirts graphiques contre le Premier ministre Tony Blair. Ou les débuts de Luella Bartley en 1999, avec sa collection "Papa, je veux un poney." Je me souviens de l'after party, un endroit pas très chic à Shoreditch à l'époque où Shoreditch était encore un melting pot de jeunes créatifs, de voyous et d'événements sinistre et excitants.

Faire preuve de créativité, sans argent

Une grande partie de la LFW reste floue, aussi. Le champagne qui coule à flots, la décadence et la capacité d'une créativité débridée à être présentée au public sans les productions à un million de dollars de New York, Paris et Milan. C’est l'époque où un jeune designer pouvait raconter une histoire sans avoir besoin d'une somme d'argent insondable pour parler de mode.

Londres se réjouit de son importance en tant que ville de la mode. Le premier show diffusé en direct a été celui de Steve McQueen, d'une de ses œuvres les plus révolutionnaires et fascinantes, et le dernier avant sa mort. La production était un monde sous-marin avec des modèles moitié bionique moitié humaine. En collaboration avec le photographe Nick Knight et ShowStudio, le show a été diffusé en direct dans le monde entier, une grande première fois dans l'histoire de la mode.

La mode, en tant que sentiment, a évolué

Le sentiment que la LFW est en train de faire l’histoire n’est plus d’actualité. Mais aucune des quatre grandes semaines mondiales de la mode, non plus. Le format, autant que le sentiment, a changé. C'est peut-être parce que le défilé de mode lui-même est devenu omniprésent. Pour beaucoup, la fashion week est un tapis roulant difficile à conquérir à chaque saison. D'autres disent que cela rappelle une industrie en perte de contrôle, avec de plus en plus de marques à voir, mais avec de moins en moins d'effets époustouflants.

Il est facile d’évoquer la nostalgie. Se souvenir de la grandeur de LFW "à l’époque". La mode et la créativité britanniques constituent une production économique qui doit être préservée, investie et entretenue, tout autant que célébrée. Même si les moments déterminants à venir risquent d'être perdus dans un flux Instagram.

L'avenir de la mode

En 2009, le British Fashion Council a publié un rapport sur l'avenir de la mode et les considérations stratégiques nécessaires à la croissance. L'objectif était que les nouveaux talents ne soient pas seulement mis en valeur, mais qu'ils soient soutenus dans leur transition vers la durabilité commerciale et qu'ils aident les bonnes idées à se transformer en succès commercial. Cette considération est plus pertinente que jamais, le Brexit n'étant pas clair sur la situation des détaillants, des marques et des designers dans les années à venir.

Le British Fashion Council a exhorté le gouvernement à veiller à ce que l'ensemble de l'industrie puisse améliorer sa résilience dans un environnement hautement concurrentiel et tirer parti des possibilités offertes. Plus les décennies passent plus le besoin augmente.

Le besoin d'innovation est plus grand que jamais, tout comme la nécessité de rendre la semaine de la mode inclusive et axée sur le consommateur. Il n'est plus possible de conserver la formule du défilé en tant qu'événement pour acheteur et presse uniquement. Les consommateurs façonnent l'industrie à un rythme plus rapide que les marques. Un article paru dans Bloomberg évoque la mort du vêtement. N'en faisons pas la mort de la Fashion Week.

Cet article a été traduit et édité en français par Sharon Camara.

Photo : Burberry SS19, source site Burberry ; Katharine Hamnett Brexit, source Katharine Hamnett site web
Fashion Week
London Fashion Week