La mode dans les médias : loi anti fast fashion, des déchets textile devant le Sénat et des associations révoltées
21 mars 2025
FashionUnited revient, chaque vendredi, sur un fait marquant de l’actualité mode. Un an après le vote, à l’unanimité, pour l’adoption de mesures pour pénaliser la fast fashion, la situation reste floue. La dernière étape avant application, l’examen au Sénat, est sans cesse repoussée. Ces dernières semaines, les associations de lutte contre la fast fashion ont multiplié les actions et les déclarations pour faire avancer la situation. Elles ont (presque) réussi à faire évoluer les choses.
Pour les organismes de mode et les associations de lutte contre la fast fashion, la situation est devenue intenable. « En 2022, 3,3 milliards de vêtements ont été mis en marché en France, soit plus de 48 vêtements par habitant. Des habits qui, de plus en plus, sont de mauvaise qualité et à bas coût. C'est le phénomène de fast-fashion dénoncé par des associations partout en France », explique France 3.
En 2024, tous se réjouissaient de voir les choses avancer lorsque l’Assemblée nationale votait à l'unanimité en faveur du projet de loi visant à pénaliser la fast fashion. L’examen du texte au Sénat devait se faire dans la foulée. Pourtant, au moment du premier anniversaire de ce projet, rien n’avait été fait.
Selon Reporterre, « ce retard s’explique par de multiples causes, dont la frilosité du gouvernement et le lobbying des marques de “mode jetable” type Shein, qui a embauché d’anciennes figures politiques comme Christophe Castaner ».
Pour marquer cette date anniversaire, « dix tonnes de déchets textiles ont été déversées vendredi 14 mars devant le Sénat (...) Sur les photos publiées sur Instagram par l'association Amis de la Terre, on aperçoit de nombreux sacs poubelle noirs et jaunes, amoncelés devant les grilles du Jardin du Luxembourg où se trouve le Sénat. En haut du tas, un mannequin habillé de vêtements, avec une pancarte “Non à la fast-fashion” », détaille France Info.
Une opération qui s’est répétée en région également : « l'association Zéro Waste Bordeaux se mobilise. Une pile de textile a été symboliquement déposée place Pey-Berland, dans la capitale girondine, vendredi 14 mars, à quelques centaines de mètres de la rue où les ventes de vêtements sont nombreuses chaque minute », rapporte France 3.
« En ce vendredi 14 mars, un collectif de 11 associations (dont Les Amis de la Terre) s’est mobilisé au niveau national, sous la bannière “STOP Fast-Fashion”. Le but de cette mobilisation : interpeller le gouvernement et le Sénat pour que la loi contre la fast-fashion, votée il y a un an à l’Assemblée nationale, soit enfin examinée et définitivement adoptée », indiquent Les Amis de la Terre.
Le Sénat réagit
Sur son site, le Sénat annonce que « mercredi 19 mars 2025, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable [a examiné] le rapport et [a élaboré le] texte de la commission sur la proposition de loi n° 431 (2023-2024), adoptée par l’Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile (Mme Valente Le Hir, rapporteure) ».
Le texte a finalement été revu : « La nouvelle mouture propose une "définition de la fast fashion plus précise puisqu'elle cible la largeur de gamme (le nombre d'articles en vente, NDLR) », annonce Public Sénat.
Les nouvelles dispositions qui semblent vouloir rebattre les cartes : « La proposition de loi établit une définition de la fast-fashion, reposant sur des seuils quant au nombre de nouveaux modèles mis en vente par une enseigne sur une période déterminée. Ils devront être définis par décret. “Cette souplesse nous permet de cibler les deux géants chinois de vente en ligne, Shein et Temu, qui sont ma priorité, je l’assume car ils disposent d’une force de réactivité qui leur permet généralement de s’adapter aux législations”, justifie la rapporteur LR Sylvie Valente-Le Hir auprès de Public Sénat. Par ailleurs, l’élue souhaite épargner les entreprises françaises et européennes, notamment des enseignes comme Zara et H & M dont les pratiques ont pourtant déjà été épinglées (...) “ je ne veux pas reproduire ce qu’il s’est passé avec la fermeture de Camaïeu. On peut dire ce que l’on veut, mais ces marques font vivre des centres-villes” », ajoute Public Sénat.
Une nouvelle définition qui n’est pas du goût de tous.
« Du côté du gouvernement, la ministre de la Transition écologique réagit à cette manifestation : la proposition de loi "Fast-fashion" reste "une priorité", dit Agnès Pannier-Runacher. Elle dit espérer un examen au Sénat avant l'été », indique France Info
Une annonce que confirme Public Sénat. « Selon nos informations, le texte pourrait finalement arriver en séance la semaine du 19 mai ».