• Home
  • Actualite
  • Mode
  • Le bouton : toute une histoire de mode à la française

Le bouton : toute une histoire de mode à la française

By FashionUnited

loading...

Scroll down to read more

Mode

De l’artisanat à la facture industrielle, le métier s’est complètement transformé. Du 19 e siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale, la France occupe une place de choix dans le secteur du bouton, avec plusieurs grands bassins, l'Oise, Briare, dans le Loiret, où travailleront jusqu'à 30 000 personnes et le Haut Jura. Cette implantation perdure encore aujourd'hui, véritable coeur de la boutonnerie française.

Puis, l'arrivée massive du plastique et de l'injection remplace le tournage traditionnel des boutons. Et les délocalisations des fabricants et marques de prêt-à-porter, au tournant des années 2000, complète le processus. La production de boutons est largement délocalisée vers l'Asie.

Pourtant, il subsiste aujourd'hui une tradition du bouton à la française. Bien visible au salon Première Vision, où le bouton tient une place de choix dans l’univers des accessoires. Entre industrie et artisanat, parfois aux frontières de l'art. Modernisé, automatisé, le métier a cependant conservé ses caractéristiques uniques : le tournage et le façonnage subsistent, la filière emploie encore, dans certains cas, du personnel à domicile, et le travail délicat des matières témoigne d'un fort savoir-faire. Les boutonniers français se sont dans leur majorité repositionnés sur le haut de gamme et les maisons de luxe, proposant des articles à valeur ajouté. Parfois très simple d'apparence, mais toujours très qualitatifs, par leur matière, leur apprêt, leur mode de teinture... Les boutons sont des accessoires indispensables de la mode. Alors, ouvrons la boîte à boutons. Mosaïque de quelques acteurs essentiels de ce joli secteur.

Un métier à la frontière de l’artisanat d’art

La Compagnie française du bouton a 45 ans d'existence. Propriété de Philippe Normand, elle fait aujourd'hui figure de rareté dans le paysage. C'est l'un des seuls boutonniers n'oeuvrant pas dans le négoce établi en région parisienne, à Pantin. La maison emploie sur place 15 personnes, pour un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros. L'entreprise dispose d’un atelier pour la conception des collections, la création de prototype et les petites quantités. Les grandes productions sont réalisées en Italie. Les délais de fabrication sont de quatre semaines.

La Compagnie française du bouton travaille à 50 pour cent pour le luxe, pour des maisons comme Chanel, et le premium. Elle a également quelques marques masculines comme clients (De Fursac, par exemple), ainsi qu’un peu de mode enfantine. Elle exporte très peu, ce qui est courant dans le secteur, intermédiaire entre les confectionneurs et les marques. « C’est avant tout un métier de service il est difficile d’exporter, nous sommes des artisans intégrés dans un processus industriel de confection » souligne Philippe Normand.

Le classique est la marque de fabrique du boutonnier, notamment du fait de sa clientèle. Du métal, des mélanges de nacre et de polyester pour l'été, du polyester travaillé au laser et de l'imitation cuir pour l'hiver. "Le bouton durable, en polyester imitant la nacre, ou encore en matière recyclée, est de plus en plus demandé, même et parfois surtout dans le luxe, souligne le fabricant. Stella McCartney est la chef de file de cette tendance. Elle ne veut aucune matière animale ».

Analyse partagée par la maison Corne & Corozo Réunis, une entreprise familiale née en 1929 dans la région lyonnaise et reprise depuis quelques années par Valérie Darbin. "Le courant vegan gagne du terrain. De ce fait, on trouve beaucoup de polyester dans les nouvelles collections, des cuirs végétaux de l’imitation os. De nouvelles collections éco-responsables sont conçues. La traçabilité des matières premières est mise en avant, nos boutons en bois sont par exemple issus de forêts équitables ».

Le style est un des grands atouts de Corne & Corozo Réunis, qui décline deux grandes gammes, l’une plus urbaine et l’autre plus typée, plus fantaisie. Son savoir-faire de la maison : la gravure au laser, la teinture de la nacre, la rapidité du développement. Toute la production est développée en interne par la société, qui emploie 14 personnes. Les grosses séries sont produites en Italie et dans d’autres pays d’Europe. La clientèle de la maison est moyen-haut de gamme, et surtout dans le prêt-à-porter féminin.

La tendance Vegan gagne le bouton

Incontournable boutonnier français, Crépin Petit produit 100 millions de boutons par an. Ses plus gros clients ? Petit Bateau, Lacoste, Mât de Misaine, Armor Lux, Saint James... Avant tout des acteurs de la mode enfantine et féminine. Crépin Petit, développe une grosse activité à la demande, avec un travail spécifique, beaucoup de développement. Le chiffre d’affaires global est de 4 millions d’euros. Le savoir-faire de Crépin Petit réside de l’émaillage à chaud (pour un effet opaque, mat) et l'émaillage à froid, le bouton bijou, et les traitements de surface en général. Sa force, un nuancier immense, proche du pantone.

La maison dispose d’un site de production situé dans la Somme, qui emploie 40 personnes. Et l’entreprise travaille encore en partie avec du personnel à domicile pour le tournage du bouton dans des panneaux alvéolés pour une finition parfaite. La valeur ajoutée, encore. Les mélanges de nacre avec incrustation de cristaux Swaroski, les couleurs, le verre, les aspects nacrés sont plébiscités. Beaucoup d’aspects métallisés, cuivre, bronze, argent, et or.

Autre acteur historique du bouton à la française, Meynier Ateliers, une société centenaire dirigée par Jacques Meynier. Labellisée Entreprise du patrimoine vivant (Epv), elle est localisée dans l'ancien grand bassin du bouton, le Haut Jura. A Lavans-les-Saint-Claude très exactement, le coeur battant du bouton. Et en pleine "Plastics Vallée", qui regroupe une centaine de sites industriels et trois boutonniers français.

Meynier est spécialisé comme il se doit dans le buis du Jura, le corozo (appelé aussi ivoire végétal) mais aussi et surtout le travail des résines. La spécificité de la maison est d’ailleurs son intégration. Elle produit sa matière première, la résine polyester elle -même. Elle propose aussi beaucoup de coloris dans la masse, pour des produits plus qualitatifs. Meynier décline deux collections par an, dédiées au prêt-à-porter femme, homme et enfant, ainsi qu’au balnéaire. « Nous sommes très intégrés et très Made in France », résume Jacques Meynier.

Le Jura est le cœur du bouton français

Très spécifique également, dans un autre registre, est le savoir-faire de la maison Artmétal, dont le siège, la création et le show-room sont établis en plein quartier du Marais, à Paris. L'activité d'Artmétal s'apparente à de l'artisanat d'art. Armétal fabrique ses modèles selon la technique de l'estampage et emboutissage dans son usine située à Savigny le Temple, en Seine-et -Marne. Un estampé est un motif de métal en bas-relief réalisé par frappe ou presse à partir d'une matrice et d'un poinçon en acier gravé trempé. Ce savoir-faire confère une grande finesse aux motifs et la reproduction de nombreux détails. La matrice est une oeuvre d'art à part entière, explique la maison, c'est pourquoi l'outillage d'Artmétal fait partie du Patrimoine national. Ses boutons métalliques sont destinés à la clientèle de la mode, aux couturiers, et costumiers pour l'opéra, le théâtre, mais aussi aux uniformes militaires. Le bouton français est encore bien vivant.

photo : bouton français

bouton