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Le collectionneur de mode, un acheteur comme un autre ?

By Julia Garel

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Mode|Opinion
Sarah Jessica Parker dans la série And Just Like That... Credits: Photograph by Craig Blankenhorn/HBO Max

Avec la montée en puissance du marché de la seconde main (6 milliards d'euros de chiffre d’affaires en France rien que pour le prêt-à-porter), se déploie un goût prononcé pour l’ancien, le rare, l’unique. Autrement-dit, l’achat d'une mode vintage fait désormais vibrer un large public qui pourrait bien préférer le flair du collectionneur aux diktats des tendances.

Un nombre croissant de collectionneurs français

La France compte plus de 32 millions de collectionneurs (47 % de la population), selon le rapport réalisé par la plateforme de ventes aux enchères Catawiki et Hypebeast. Et ce chiffre devrait croître puisque cette pratique attire de plus en plus d'adeptes, avec 10 % des répondants affirmant vouloir commencer leurs propres collections.

Désormais, ces collectionneurs ne sont plus seulement des férus de timbres ou de pièces de monnaie, mais aussi des passionnés de mode ou des investisseurs qui placent leur argent dans des sacs de luxe dont la cote ne cesse de grimper (Hermès, Chanel).

On note d’ailleurs que dans le milieu des ventes aux enchères, les chiffres du segment mode sont croissants. Selon le CMV (Conseil des Maisons de Vente), en 2023, la catégorie Mode et accessoires a augmenté de +55% sur le marché des enchères pour atteindre 32 millions d’euros. Et l’étude menée par Catawiki et Hypebeast corrobore cette information en indiquant que les catégories les plus prisées des collectionneurs sont notamment les bijoux (30 %), la mode (24 %) et les montres (23 %), particulièrement populaires parmi la Génération Z.

Cette évolution est corrélée à la démocratisation de l’achat d'articles d’occasion, dont 73 % des Français pensent qu’il deviendra la norme (étude Catawiki / Hypebeast). Mais pas seulement.

« On a vécu dans notre métier une révolution numérique, au même titre que beaucoup de professions », a affirmé la commissaire-priseur Chloë Collin, à propos du secteur des ventes aux enchères au micro du podcast Les Gens de la Mode. « Aujourd'hui on peut enchérir en ligne (…), c'est-à-dire qu’on peut enchérir lorsque le commissaire-priseur est filmé. [On peut mettre] un prix en live, en direct, mais aussi online, comme sur Ebay, où l’on peut vraiment enchérir sur des œuvres mis à disposition dans un catalogue [durant] 10 jours, avec juste une limite spatio-temporelle. »

Dans ce contexte, la récente création de Penelope’s prend tout son sens. Jeune maison de ventes aux enchères, elle a ouvert ses portes en septembre 2024 et fait de la mode sa spécialité.

Une nouvelle maison de ventes aux enchères dédiée à la mode

Après 18 ans à exercer en tant qu’experte mode pour le compte de plusieurs maisons de ventes, notamment chez Artcurial, Pénélope Blanckaert a décidé de se lancer. Son idée : adapter les outils des maisons de vente à la mode, une spécialité à part dans le domaine des enchères et qui requiert un savoir et des méthodes spécifiques.

Le site de Penelope's a l’attrait d’un e-shop de mode, avec une interface ludique et une approche éditoriale. Les pièces mises en vente sont généralement vintage et n'atteignent pas, pour l’essentiel, des sommes mirobolantes. Les articles restent donc accessibles et c’est là la raison pour laquelle les participants qui enchérissent sur Penelope's sont également les acheteurs qui fréquentent les plateformes de seconde main comme Vestiaire Collective ou The RealReal, autrement dit un large public.

Pièces en ventes sur la plateforme de vente aux enchères Penelope's. Credits: ©PENELOPE’S.

Aujourd'hui, les acheteurs de mode ou de bijoux dans les ventes aux enchères ne sont pas nécessairement des collectionneurs au sens traditionnel du terme. Ils ne conserveront peut-être pas leurs pièces indéfiniment, notamment parce que cela est contraignant : il faut connaître les méthodes de conservation du textile, trouver l’espace, etc. Leurs motivations sont autres : le plaisir de porter la pièce soit-même, ou une revente avec plus-value. Néanmoins, cette manière d'acquérir un produit est bien similaire à celle des collectionneurs, ce qui est loin d'être anecdotique. D'une part, parce qu'elle reflète un courant de fond en totale opposition avec l’ultra-fast-fashion, qui prône l'envie de longévité et de personnalisation. D'autre part, parce qu'il s'agit d'une façon d'acheter démocratique, accessible à tous et à toutes les bourses.

Les chiffres à retenir
  • 32 millions de collectionneurs en France.
  • +55 % : l’augmentation sur le marché des enchères de la catégorie « Mode et accessoires » à 32 millions d’euros en 2023.
  • +5% : hausse des ventes aux enchères de « Joaillerie et Orfèvrerie » à 256 millions d’euros en 2023.
Seconde main
Vente aux enchères