Le metaverse pourrait prendre son essor dans cinq ans
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Cinq ans, c’est le temps qu’il faudra au métaverse pour prendre son essor selon une étude publiée par Sortlist, société de conseil auprès d’agences de marketing et de publicité. Alors que la Metaverse Fashion Week bat son plein , FashionUnited fait le point sur cette étude sans langue de bois.
Le rapport a été réalisé à partir d’un sondage regroupant 200 entreprises ayant déjà investi dans le metaverse, ces « univers parallèles au nôtre dans lesquels nous évoluerons et interagirons comme dans la vie réelle », selon la définition du site web Futura. Si le discours ambiant autour du sujet laisse à penser qu’il s’agit d’une évolution inévitable, la conclusion du rapport, elle, apparaît moins flatteuse. Pour Sortlist, ça n’est, pour le moment, que dans une bulle que prospère le metaverse.
Encore quelques années d’attente
Elie Saab, Etro, Ikks, Gucci, Gap ou encore Boohoo, diverses marques de luxe et de fast fashion investissent dans le metaverse et proposent, en parallèle de leur offre physique, des vêtements et expériences virtuelles sur des plateformes telles que Exclusible ou Decentraland. Au vu des communiqués de presse qui se multiplient sur le sujet, l’engouement pour les cyberspaces augmente, mais il lui faudra encore quelques années pour véritablement prospérer.
En effet, selon Sortlist 68 pour cent des entreprises interrogées pensent que le metaverse prendra son essor dans les cinq prochaines années, tandis que 3 pour cent pensent qu'une décennie sera nécessaire à son envol.
Qui le metaverse concerne-t-il ?
Selon l’étude, le metaverse s’adresse majoritairement aux hommes (64 pour cent), aux grandes marques (60 pour cent), pour des raisons financières, et à la génération Z (56 pour cent) ainsi qu’aux Millénials (52 pour cent), deux générations déjà adeptes du numérique. Toutefois, il semble y avoir un décalage entre le discours des sociétés ayant investi dans le metaverse et l’avis des consommateurs. En effet, 52 pour cent des entreprises disent que les utilisateurs sont prêts pour le metaverse, tandis qu’une seconde étude réalisée auprès du grand public, et à laquelle se réfère Sortlist, déclare que 54 pour cent des utilisateurs ne sont pas prêts à faire confiance à un monde virtuel.
En outre, bien que plusieurs poids lourds du secteur de la mode comme LVMH et Kering, misent sur l’essor du metaverse et les produits virtuels qui vont avec, le sujet est loin de faire l’unanimité chez les créateurs.
« Je ne pense pas du tout que cela remplacera la mode ni que cela soit un avenir pour la mode, bien au contraire. »
« Moi je fais des vêtements. Je ne suis pas fermé mais, pour le moment, je les aime en trois dimensions », nous répondait Guillaume Henry, directeur artistique de Patou, lorsque nous lui demandions son avis sur le sujet lors de la dernière Fashion Week femme à Paris. Même discours chez les créateurs Mossi et Meryll Rogge qui nous ont confié ne pas se sentir concernés. De son côté, le créateur Benjamin Benmoyal, bien qu’intéressé par le sujet, nous répondait : « D’un point de vue personnel, je ne pense pas du tout que cela remplacera la mode ni que cela soit un avenir pour la mode, bien au contraire. La mode, il faut la toucher, la sentir, la voir. Mais cela ouvre un autre marché, tout simplement, ça ne vient pas en concurrence avec le marché actuel. »
Le metaverse, pour quoi faire ?
Pour les marques de mode, le choix du metaverse est donc avant tout un pari financier et un investissement risqué, mais « un risque qui en vaut la peine » selon 55 pour cent des entreprises interrogées par Sortlist.
Et alors que 20 pour cent des citoyens voient dans le metaverse un « moyen d’échapper au monde réel », du côté des entreprises il s'agit surtout d'un moyen de faire du profit (pour 26 pour cent), ou d'une façon de recueillir des données (pour 17 pour cent).