Les Rencontres du Cuir : botterie française et féminisation du métier
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La botterie reste l’un des « gardiens du temple » de l’excellence de l’artisanat français. Les 13ème Rencontres du Cuir, organisées par le CNC (Conseil National du Cuir) le 15 novembre, ont mis à l’honneur ce métier qui se distingue par une féminisation croissante et des parcours de formation variées.
Parmi les artisans du cuir, 70 pour cent sont des femmes et 30 pour cent des hommes, selon l’Observatoire des métiers mode textiles cuirs. Néanmoins, cette répartition varie selon les métiers exercés. Ainsi, si les femmes représentent 80 pour cent des effectifs de la maroquinerie, les hommes sont majoritairement présents dans les métiers de l’amont : cuirs et peaux bruts, tannerie et mégisserie. On compte deux tiers d’hommes contre un tiers de femmes dans ce secteur.
La botterie représente un cas à part car la féminisation du secteur n’est apparue que tardivement, à partir de 2004 : soit l’année d’ouverture du compagnonnage aux femmes ! Une décision salutaire pour le métier lui-même, qui connaît aujourd’hui une parité totale et suscite de nombreuses reconversions féminines. A l’instar de celle d’Audrey Benguerine, ancienne cheffe de projet des systèmes d’information, qui a partagé son expérience à l’occasion de l’événement : après trois ans de cours du soir, elle décide de passer son CAP bottier en candidat libre, pour intégrer ensuite la Maison Corthay en tant que piqueuse.
Autre reconversion « spectaculaire », celle de Laura Puntillo, associée de maître bottier Philippe Atienza. Anthropologue et designeuse de formation, sa révélation naît au cours d’une exposition consacrée à Maurice Arnoult. Elle intègre par la suite l’association Maurice Arnoult pour se former au métier de bottier. La boucle est bouclée puisqu’elle Laura Puntillo est aujourd’hui formatrice au sein de l’association et se consacre à la création de chaussures féminines.
Un éventail de formations variées
Les incontournables Compagnons du Devoir représentent 80 pour cent des étudiants formés au niveau du CAP bottier. Du CAP au Bac Pro, en passant par le Tour de France, il est l’organisme référent de formation au métier de bottier. Néanmoins, d’autres cursus moins connus en centres de formation proposent des spécialités « Chaussure ». La spécialisation se fait alors en atelier, lors des stages ou des alternances. La Société Nationale des Meilleurs Ouvriers de France (SNMOF) organise ainsi depuis une dizaine d’années un concours pour les apprentis : le MAF (Meilleur Apprentis de France). Ce concours n’est pas un diplôme au contraire du titre « Un des meilleurs Ouvriers de France », reconnu par l’éducation nationale. Enfin, pour les plus de vingt-cinq ans, plusieurs formations continues sont proposées par l’AFPA (l’agence nationale pour la formation des adultes), Pôle Emploi ou encore le Centre Technique du Cuir.
« Nous sommes présents sur un grand nombre de salons consacrés à la formation. Nous rencontrons très souvent des profils d’anciens cadres et employés, et majoritairement des femmes, qui souhaitent se reconvertir dans nos métiers en quête de sens et de création manuelle » a déclaré pendant cette journée Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir.
Afin de renforcer l’attractivité de sa marque employeur, la Chambre Syndicale Nationale des Bottiers a réalisé le film « La botterie française du savoir-faire à l’innovation » afin de présenter et promouvoir les métiers de la botterie. Engagée, la CSNB est également à l’initiative de l’opération « Des Souliers pour la Vie » avec plusieurs partenaires, dont le Conseil National du Cuir. Cette tombola solidaire pour la recherche et la lutte contre le cancer sera lancée officiellement le 4 février 2022. Les gagnants remporteront une paire de souliers sur-mesure. Les métiers de l’artisanat du cuir connaissent un réel engouement. Portés par les maisons de luxe et le rayonnement du savoir-faire français, ces secteurs d’activité représentent un vivier d’emploi, à haute teneur en savoir-faire.