Louis Vuitton prefall 2023/2024 : l’union du cinéma sud-coréen et du luxe à la française

Le défilé prefall 2023/2024 de la marque Louis Vuitton, organisé sous le pont Jamsugyo, à Séoul, le 29 avril 2023, a été mis en scène par le réalisateur de la série Squid Games. Introduit par son actrice fétiche, Hwang Dong-Hyuk, il donne à voir une collection, signée Nicolas Ghesquière, qui démarre sur une tendance motard pour finir sur une vision de la mode plutôt new age.

Aux manettes de la mise en scène du défilé Louis Vuitton prefall 2023/2024, Hwang Dong-Hyuk, le réalisateur de Squid Games, la série dramatique de survie diffusée sur Netflix. Il engage la partie inférieure du pont Jamsugyo, à Séoul, surplombé par le flux incessant des voitures et sous un vent battant, dans un jeu de lumière et d'illusion aquatique postmoderniste dont il a le secret. De ce couloir urbain, sort le personnage principal de la série et premier mannequin du show, l’actrice, Hoyeon Jung, ambassadrice aux 22 millions de followers sur Instagram pour la marque Louis Vuitton.

Le ton est donné : la collection Louis Vuitton prefall 2023 est une histoire de va-et-vient entre deux cultures. Il souligne le lien qu’entretient le monde du luxe avec la Corée du Sud, tant sur le plan de l’échange culturel (le cinéma coréen connaît une heure de gloire sans précédent), que sur celui de l’échange commercial. La clientèle sud-coréenne est en effet devenue une cible privilégiée pour les marques haut de gamme.

Un univers sombre pour une collection qui démarre sur les chapeaux de roues

Jung Ho-yeon, queue-de-cheval au vent, est habillée d’un coupe-vent zippé bleu pétrole, rentré dans une jupe trapèze en agneau glacé clouté. La boucle de son ceinturon s’apparente à un grand cadenas, telle une protection de sa féminité. À la main, le sac Alma, d’un rouge flamboyant, souligne l’aspect color block de ce premier passage et renvoie aux origines de malletier dont les principes servent aujourd'hui de catalyseurs au vêtement. Aux pieds, Jung Ho-yeon porte des combats shoes, dont le seul nom évoque un univers où il faut batailler pour survivre (un classique de la culture cinématographique sud-coréenne).

Suit une succession de looks qui s’inscrivent dans cette mouvance Kill Bill version asiatique ou guerrière postapocalyptique. Beaucoup de cuirs, du noir, des bodys aux décolletés plongeants doté de l’iconique monogram et des coloris acidulés (jaune, rouge).

Des tenues qui s’éloignent de la dystopie pour révéler un univers plus mystique

La suite est plus paisible. La prefall 2023 prend une nouvelle allure. Pour citer le communiqué : « Elle rejoint le mouvement incessant du pont Jamsugyo, œuvre architecturale vivante qui vit en harmonie avec les caprices de l'eau, parfaite allégorie de la transformation. Elle ancre une collection elle-même en mutation ».

Vient alors une succession d’imprimés inspirés de la jungle non plus urbaine, mais animale, avec des imprimés panthères et des rayures aux bords flous. Les looks renvoient l’image d’une société qui se serait calmée, cadrée même, avec des jeux de damiers sur un pantalon ou minirobe et des costumes rayures tennis. Les derniers passages reflètent un monde adouci avec de longues tenues fluides, nanties de fines ceintures en cuir desquelles pende un long bijou en métal travaillé, un peu à l’image des cordes qui enserrent les costumes des moines.

Il y a quelque chose de mystique dans ces dernières tenues proposées par Nicolas Ghesquière, comme une envie d’apaiser la fureur (de vivre) pour la transformer en quelque chose de plus angélique. Est-ce à l’image de la saison de Squid Games prévue pour 2024 ? La question se pose. Le fait est que ce show spectaculaire fait une très bonne publicité à l’univers SF déjanté et anxiogène du cinéma de Hwang Dong-Hyuk et atteint, à ce titre, le but recherché : séduire la Corée avec des silhouettes qui évoquent, version mode, les costumes du film.