Maitrepierre et Germanier : la nouvelle génération de créateurs à l’œuvre de la mode écoresponsable
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La deuxième journée de la semaine de la mode parisienne, dédiée aux collections prêt-à-porter luxe et marques créateurs automne-hiver 2024/2025, a permis à Maitrepierre et Germanier d’exprimer leur créativité artistique tout en s’inscrivant dans le champ d’une mode responsable. Une démarche qui peut sembler surréaliste (à l’image de leurs collections) quand on sait l’âpre concurrence qui se joue, en cette période, sur le marché de niche qu’est la mode créateurs.
Des coiffes qui évoquent les créations d’Elsa Schiaparelli, réalisées par un coiffeur, Gabriel de Fries, avec Less Is More, une gamme de produits capillaires naturels autrichienne, n’est-ce pas surréaliste ? Des sculptures aux couleurs pop, conçues à partir de résidus de maïs OGM par l'artiste plasticienne new-yorkaise Gracelee Lawrence, en guise d’écharpes XXL, n’est-ce pas surréaliste ? Tout ça pour dire que pour se lancer dans le grand bain de la fashion week parisienne, il faut être un peu fou. Ou bien animé par le besoin urgent de transformer la mode, telle qu’elle est pratiquée, à travers des créations conscientes que nous sommes désormais passés dans le monde d’après.
C’est le cas d’Alphonse Maitrepierre qui devient ambassadeur officiel de Nona Source (fournisseur de dead stocks des marques du groupe LVMH) et atteint son objectif de neutralité, puisque 100% des pièces de sa collection automne-hiver 2024/2025, sont issues de dead-stock, de déchets ou de matières certifiées, recyclées.
Par ailleurs, MaitrePierre collabore avec la marque de chaussures Carel, avec une série de babies élaborés à partir de matériaux biosourcés (pas plus de précision à ce stade d’écriture). La bien-nommée « Less&More », présentée Espace Commines, aborde « le thème de la dualité, dans un monde rempli de paradoxes, à cheval entre virtuel et réalité ».
En n'utilisant que des matériaux recyclés, Germanier vise à établir une nouvelle norme en matière de durabilité et de couture dans l'industrie de la mode
À sa manière (et c’est une interprétation), pour sa collection automne-hiver 2024/2025 intitulée « Les Épineuses », Kevin Germanier décrit le cirque d’un monde de la mode qui se veut responsable. Son show, organisé au Théâtre Libre, débute sur la fanfare de l'Orchestre Ancienne Cécilia. Le ton est donné pour son style qui aurait peut-être à gagner à s’inscrire dans le calendrier de la Couture Week.
L’intention y est : sa collection met en avant l’utilisation de matériaux recyclés, avec une emphase particulière sur les perles. « Chaque vêtement, explique le communiqué, présente des perles soigneusement sourcées et réutilisées, transformant des matériaux abandonnés en pièces haute couture (justement) qui redéfinissent l'opulence et l'élégance à travers le recyclage. »
« Les Épineuses » renvoient l’image de belles de cabaret avec des coiffes hautes en plumes, des silhouettes qui évoquent des sapins de Noël, des corps auréolés de perles tricotées, rassemblées sur des explosions de silicone. Dans un contexte épouvantable (menace d’intervention militaire en Ukraine, marché asiatique au ralenti, prédominance des marques de luxe établies), Kevin Germanier parvient à rendre festive la semaine de la mode parisienne. Pour un Suisse, ce n’est pas neutre.