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Nouveau débouché pour les vieux vêtements : l'isolation des maisons

By AFP

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Saint-Geours-de-Maremne (France) - Chaque jour, 20 m3 de vieux vêtements arrivent dans les bennes d'Emmaüs à Pau : dans quelques mois, une partie sera recyclée à Saint-Geours-de-Maremne (Landes) et finira, grâce à un nouveau procédé, en isolant thermique et écologique pour les maisons. Depuis dix ans, l'entreprise landaise Ouatéco s'est fait un nom dans la production de ouate de cellulose à partir de papier recyclé.

Forte de cette expérience et en s'appuyant sur trois ans de travaux de son service Recherche et développement, l'entreprise de dix salariés se lance désormais dans la transformation du textile, offrant un nouveau débouché aux tonnes de vêtements jetés chaque année.

Son patron, Thierry Toniutti, qui a investi deux millions d'euros, a constaté « une performance énergétique trois fois plus importante que les isolants pré-existants sur le marché », laine de roche ou laine de verre, dit-il à l'AFP, assortie d'une « tenue inégalable dans le temps. Ce qui nous permet de la garantir 50 ans ».

« La fibre textile contient de l'air, ce qui lui donne une forte inertie, très efficace contre la pénétration de l'air froid et encore plus de l'air chaud », explique-t-il. « Avec un isolant comme celui-là, on peut se passer d'une climatisation. Les économies en énergies fossiles seront conséquentes  », ajoute-il.

A cela s'ajoute le fait que produire local signifie moindre coût. Car l'idée est venue de Lescar près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), à une centaine de kimlomètres de là, où se trouve la plus importante communauté Emmaüs d'Europe.

De Pau « à Dubaï »

« Nous récupérons chaque jour 20 M3 de textile », dit son fondateur et président Germain Sarhy, « une bonne partie est revendue par notre bric-à-brac qui écoule beaucoup de vêtements. Le reste est pris en charge par une entreprise de recyclage ».

« Mais ces filières revendent une bonne partie du tonnage récupéré aux quatre coins du monde », regrette M. Sarhi selon qui « un string collecté chez nous peut se retrouver à Dubaï. C'est une contradiction énorme que de devoir faire faire autant de kilomètres à cette marchandise », déplore-t-il.

A Saint-Geours-de-Maremne, les premières machines achetées en Italie, Belgique et Hollande, ont été installées en septembre. Une deuxième vague d'équipements arrivera à partir du 15 novembre.

Un pré-tri devra être effectué par les collecteurs puis « coupage, délissage, effilochage, enlèvement des boutons, dépoussiérage, les opérations successives vont nécessiter des mises au point au moins jusque fin décembre  », prévoit le patron de Ouateco, qui prévoit le démarrage de la production début 2020.

L'innovation est soutenue par le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, qui a donné 450 000 euros via son dispositif Aquitaine Développement Innovation.

Ouatéco qui s'est engagé à passer à 25 emplois d'ici 5 ans, prévoit de traiter de 8 000 à 10 000 tonnes de textile par an. « La région Nouvelle-Aquitaine produit à elle seule au moins 12.500 tonnes de vieux vêtements par an et cela va augmenter de 30 pour cent d'ici deux ans », affirme M. Toniutti, « nous ne pourrons pas tout traiter. Nous traçons un sillon en espérant servir de modèle à d'autres », dit-il, prêt à les aider.

L'initiative est regardée de près à Bidart, au Pays basque voisin, où Chloé Salmon Legagneur anime la chaire BALI (Biarritz Active Lifestyle Industry), qui scrute les technologies à venir pour l'industrie de la mode, dans le cadre de l'école d'ingénieurs ESTIA (Ecole supérieure des technologies industrielles avancées).

« Quand détruire ou brûler des invendus de la mode devient interdit, un outil de valorisation des textiles usagés comme celui de Ouatéco trouve toute sa pertinence », approuve-t-elle.

C'est une première étape pour absorber les volumes très importants de vieux vêtements, estime la jeune femme selon qui « les industriels de la mode cherchent, à plus long terme, à recréer de la matière première pour fabriquer de nouveaux vêtements ». (AFP)

Photo : Unsplash

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