Pour sa collection estivale 2024, Simon Porte Jacquemus rejoue Le Mépris

Sur la musique de Georges Delerue, dans la Casa Malaparte, sur l’ile de Capri, Simon Porte Jacquemus s’inspire, pour sa collection printemps/été 2024, du film phare de la nouvelle vague, « Le Mépris », réalisé par le maître du genre, Jean-Luc Godard.

Comme références vestimentaires au film, il y a le jaune, de la couleur du peignoir que portait Brigitte Bardot lorsqu’elle commence à mépriser son compagnon : robe minimaliste, bermuda, espadrilles, foulard noué autour du visage, lunettes de soleil, sac, mais c’est surtout le manteau, format peignoir, qui évoque le film. Inclusivité oblige, c'est aujourd'hui un mannequin à la peau ébène qui le porte, l'enserrant à la manière de Bardot.

Le reste de la collection s’éloigne de cette inspiration cinématographique iconique avec des silhouettes, pour certaines réalisées dans des jerseys fluides, aux formes architecturales (thème d’inspiration récurrent du créateur) : jupe exagérée en ligne A, robe trapèze, drapés grecs, bustier volanté, encolures spectaculaires, etc.…

Comme à son habitude solaire, le designer propose une palette de couleurs lumineuses qui sentent le sable chaud et la mer Méditerranée. Mais c’est sans doute le turquoise, qui fait une entrée remarquée dans la saison, qui fera le plus parler de lui. Ainsi, cette robe longue ajustée, en soie stretch transparente, fendue sur le côté avec traîne en cascade, arborée en front row par la chanteuse Dua Lupa (l’image tourne en boucle sur les réseaux sociaux) et en précommande sur le site Jacquemus à 990 euros, pourrait être son IT de l’été.

La femme, l’homme, l’Italie et une autre façon de s’inscrire dans la mode

De nombreuses personnalités ont répondu « oui » à son invitation. Des femmes (Adèle Exarchopoulos, Gwyneth Paltrow, Laetitia Casta) mais aussi des hommes (François Civil, Arón Piper).

Il faut dire que la démarche de Simon Porte Jacquemus a de quoi susciter l’engouement des artistes tant sa façon de sortir des sentiers battus (des défilés hors fashion weeks, des lieux uniques, des collections en see now buy now) a de quoi stimuler les appétits les moins féroces. En cela, il se rapproche du réalisateur suisse, qui se voyait comme un chercheur, et auquel il est impossible de ne pas se référer dans ce lieu culte.

Et c’est sans doute dans sa proposition masculine que le défilé « Casa Malaparte », qui célèbre le 15ᵉ anniversaire de la marque, que le créateur pousse plus loin la proposition artistique avec des total looks zébrés, des colors blocks (vert, marine, ou bleu Klein), des bermudas amples à plis avant, des débardeurs, des cols bateau, des pantalons aérés en denim foncé ou des polos marinières.

Le Spiaggia et le Bombola : deux nouveaux sacs signés Jacquemus

Cette description ne saurait passer à côté des sacs, qui font le succès de la marque. Après le Chiquito et le Bambino, place au Spiaggia (la plage en italien), un sac panier rond plat en raphia tressé, fabriqué à Madagascar, commercialisé 590 euros et livrable immédiatement. Ou encore le Bombola, un sac seau asymétrique, ponctué d'un gros anneau magnétique sculpté, en cuir de vache noir sur le site, couleurs sable ou jacquard léopard sur le show.

Et puisqu’il est question des accessoires de Jacquemus, segment fort pour les marques haut de gamme, comment ne pas citer les lunettes de soleil rectangle cat-eye Capri, qui évoque celle que Bardot, alias Camille, arborait quand elle rejoint Paul (Michel Piccoli), vêtue d’une fadhila rose dans le bateau. Une fadhila que l’on retrouve d’ailleurs, presque à l’identique puisqu'il n'y a pas le fameux col tunisien, cette fois portée sur un homme (à noter que ce maillot de corps à manches, arboré à l’origine par les Tunisiennes, est unisexe).

Un film culte, une collection culte ? Les professionnels de la profession nous le diront. Mais, business is business, ce sont les ventes qui auront le dernier mot.