Quatre marques de mode détenues par des créateurs noirs

L’organisation The Fifteen Percent Pledge appelle les détaillants à proposer au sein de leurs rayons au moins 15 pour cent d’articles provenant de marques appartenant à des créateurs noirs. Et vous, quel est votre pourcentage ?

Presque deux ans se sont écoulés après le meurtre de Georges Floyd. Le policier qui s'est agenouillé sur son cou pendant quelques minutes, le privant ainsi d'air pour respirer, a depuis été reconnu coupable de tous les chefs d'accusation. Une lueur d'espoir dans la lutte contre les violences policières à l’encontre des personnes de couleur aux États-Unis. Néanmoins, comme le montrent les rapports quotidiens, de nouveaux cas de violences policières sont enregistrés chaque année et il reste encore un long chemin à parcourir, des deux côtés de l'Atlantique.

Le mouvement Black Lives Matter, qui a attiré l'attention sur ces injustices et d'autres, a permis de mettre enfin en lumière les diverses causes revendiquées par la communauté noires et les personnes de couleur, parmi elles : l'égalité dans l'industrie de la mode. C’est dans ce contexte que depuis mai 2020 l’organisation The Fifteen Percent Pledge appelle les détaillants de multimarques à dédier au moins 15 pour cent (pourcentage de la population noire aux États-Unis) de leur rayon à des labels appartenant à des Noirs ou à des personnes de couleur. Pour encourager les détaillants français à faire de même, FashionUnited a listé des marques de mode lancées par des créateurs noirs et chez qui les retailers peuvent dès à présent commander.

Ashes and Soil (Allemagne)

La marque de mode Ashes and Soil a été fondée en 2019 par Martina Offeh. En collaboration avec le designer Musa Simone, elle produit « des pièces cool, avec un fond encore plus cool ». Avec sa marque, la créatrice hambourgeoise aux racines ouest-africaine s'est donné pour objectif d'attirer l'attention sur les problèmes mondiaux et sociopolitiques.

La collection de l’été 2021, intitulée « Introspection », racontait l’histoire de personnes exposées à la stigmatisation en raison de leurs maladies mentales. Les vestes de la collection présentaient leurs récits à l’acheteur via des QR codes. « Dans la collection, nous reflétons les histoires de huit personnes atteintes de maladies mentales et partageons leurs expériences de stigmatisation et de rejet. La collection est dédiée à ces personnes », explique la créatrice.

« Nous croyons que la mode a la capacité d'enrichir notre compréhension et notre approche du storytelling. Avec chacune de nos collections, notre désir est de capturer des histoires de personnes marginalisées et de faire entendre des voix inconnues. De cette façon, nous visons à créer un nouveau récit qui permet un changement dans la façon dont nous interagissons les uns avec les autres en tant que société, en examinant le monde de ceux qui nous sont étrangers. »

Revendeurs : The Wearness, Not just a Label.

Groupe cible : Jusqu'à présent, principalement des femmes, âgées de 25 à 40 ans, passionnées de mode, militantes, voyageuses, métropolitaines.

Principaux marchés : Jusqu'à présent l’Allemagne ainsi que, le Royaume-Uni et la Suède.

Prix ​​public : Vestes en cuir 650-1150 euros, manteaux en laine 450-900 euros, vestes 650 euros, T-shirts 49 euros, sweats à capuche 60-75 euros, chemises 89 euros. D'autres articles à venir cette année.

Beautiful Struggles (Allemagne, États-Unis)

La marque Beautiful Struggles propose du streetwear haut de gamme avec une haute exigence de qualité. Elle a été fondée en Allemagne, par Danny Williams en 2019 et combine les deux mondes dans lesquels il a grandi : l'Europe et l'Amérique.

Le fondateur Danny Williams est considéré comme une icône de style parmi les footballeurs professionnels. Il a grandi en Allemagne avec un père américain et une mère allemande et s’est fait sa place dans la ligue de football professionnel. De Karlsruhe à Fribourg et Hoenheim, il a joué en Angleterre au FC Reading et Huddersfield et enfin dans l'équipe nationale de football des États-Unis.

« Beautiful Struggles consiste à surmonter l'adversité et à changer votre vision des choses tout en faisant face à différents obstacles dans la vie », explique le créateur. Les différentes origines de ses parents l’ont parfois amené à faire face à l'hostilité et à la mauvaise volonté, en particulier dans le football professionnel. Cela l'a poussé à s'entraîner encore plus dur pour faire ses preuves. Ces moments lui ont montré que dans la peine et les moments difficiles réside le pouvoir, une motivation pour de nouvelles et belles choses qui peuvent être découvertes grâce à un changement de perspective.

Revendeurs : Les articles sont uniquement disponibles sur leur site de vente en ligne.

Groupe cible : Unisexe, agés de 20 à 45 ans, trendy et soucieux de la qualité du vêtement.

Prix de détail : Chemises environ 260 euros, pantalons environ 300 euros, sweats à capuche environ 300 euros, surchemises 300 - 500 euros.

Akuko (Nigéria, Suède)

Akuko a été créée par Arinze Emegoakor en 2019. Avec « des racines au Nigeria et des pieds en Suède », Akụkọ est une marque de chaussettes colorées et durables qui raconte des récits venus d'Afrique à travers la mode. Akụkọ signifie « histoire » en langue Igbo : chaque produit est accompagné d'un récit qui contribue à éclairer et à changer les stéréotypes négatifs concernant le continent africain et les personnes d'ascendance africaine dans le monde.

En plus de ses chaussettes colorées aux motifs audacieux, la marque travaille actuellement à élargir sa gamme de produits, dont une collection de sous-vêtements pour tous les genres. Akuko propose des articles de haute qualité et qui suscitent la conversation. Ils sont fabriqués de manière durable, à partir de matières issues du bambou.

Groupe cible : Génération Z et Millenials qui choisissent consciemment où ils dépensent leur argent. Ou tout simplement tous ceux qui défendent l'égalité. Les chaussettes sont disponibles pour les adultes et les enfants, les sous-vêtements pour les adultes et les adolescents.

Prix public : Une paire de chaussettes coûte 10 euros.

Agence commerciale en Allemagne : APYA productions, contact : Beatrace Oola.

Iamisigo (Nigéria, Kenya, Ghana)

Iamisigo a été fondée par Bubu Ogisi. Il s’agit d’une marque d'art portable basée entre Lagos, Nairobi et Accra. Le label a été porté par le mannequin Naomi Campbell et un certain nombre d'autres célébrités. Il vise à faire de la mode et des textiles les gardiens d’une histoire vivante, capable de la transmettre tout en préservant les techniques artisanales. Ce faisant, la marque utilise le corps humain comme une toile et le vêtement comme un moyen de communication.

« Nous créons des œuvres d'art portables en utilisant des matériaux non-conventionnels et des traditions textiles ancestrales grâce à des recherches approfondies avec des communautés africaines éloignées dans différentes parties du continent africain », explique l'artiste, dont les œuvres ont notamment été exposées au Brighton Museum, au Troppen Museum d'Amsterdam et au Kunstgewerbemuseum de Berlin.

L'idée derrière la marque est de « supprimer la construction des frontières et de fusionner différentes idées. » Elle se considère comme un « agent de changement » et approche la mode comme une forme de protestation silencieuse contre le post-colonialisme et le néo-colonialisme. La marque est entièrement faite à la main et se concentre sur des techniques ancestrales tout en incorporant des fibres non conventionnelles et des techniques de recyclage.

Revendeurs : Showrooms à Lagos, au Nigeria,à Nairobi et au Kenya. Disponible chez Afrodor à Zurich, Noborders Shop Mumbai et Paris, Atelier Meraki à Paris, Studio 189 à New York.

Prix public : T-shirts autour de 150 euros, pantalons tissés main autour de 400 euros, robes autour de 800 euros.

Crédit : Akuko, Ashes and Soil, Iamisigo - AW21 White Gold, Beautiful Struggles.

Cet article a précédemment été publié sur FashionUnited.de. Il a été traduit et édité en français à partir de l’anglais par Pauline Biyerman.