Quentin Veron revient avec une collection réalisée en fourrure recyclée
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Exit le temps de la fourrure sauvage, puis de celle d’élevage, Quentin Veron propose une fourrure 3.0, autrement dit le recycling/upcycling d’anciennes peaux pour créer de nouvelles pièces.
Après des études au Studio Berçot, le créateur français Quentin Veron se spécialise, dès 2009, dans la fourrure et devient vite le chouchou de la fashion sphère. Représenté par le regretté et prestigieux showroom d’Ana Luisa de Pessoa, il s’attire une clientèle internationale. Ce, avant une prise de conscience, en 2015, des abus liés à l’utilisation de la fourrure dans la mode. De plus, il est bientôt rattrapé par un fourrure bashing qui extermine, purement et simplement, un savoir-faire : celui de fourreur.
Le combat en faveur de la protection animale mené par la Fondation Brigitte Bardot ou les coups de poing et happenings sanglants de l’association Peta sont légitimes. Ils frappent si fort que s’ensuit une vague de fausse fourrure et matières dites « alternatives » (pour ne pas écrire cuir vegan, terme rigoureusement prohibé par décret). Sauf que ces propositions s’avèrent être majoritairement réalisées à partir de pétrole, ce qui ne règle pas la question des préoccupations climatiques.
La fourrure 3.0 : une solution verte et sans nouvelle souffrance qui s’impose
C’est dans ce contexte que Quentin Veron fomente le projet de recycler des anciens manteaux en fourrure pour en faire des neufs. Il labellise la matière première sous le nom VQ (Vécu). Son expertise lui permet de concevoir de nouvelles pièces à partir d’anciennes, sans que la qualité n’en souffre. Avec ses pièces « squelettes », il signe une esthétique et une technique qu’il a lui-même développée, au fil du temps.
« Je ne comprends pas pourquoi le milieu de la fourrure n’a pas encore emprunté ce chemin, étant donné que ce principe existe depuis toujours. Je ne comprends pas non plus pourquoi les activistes n’ont pas eux-mêmes directement proposé cette solution évidente, et cette fois véritablement écologique et cruelty-free, écrit le fourreur dans un manifesto qui revendique ses convictions. Avec ma façon, mes moyens, mes connaissances et mon expérience dans ma spécialité j’offre une solution pour donner un coup de pouce réfléchi à notre planète, en réduisant la surconsommation et sauvant un artisanat en perdition. »
Durant la Couture Week parisienne de juillet 2023, Quentin Veron a présenté ses premières pièces en fourrure recyclée. Sa collection se nomme Madame de Vil, en référence à la plus méchante des amatrices de fourrure, Cruella de Vil (provocation quand tu nous tiens). Cape, étole, kimono, gilet, boléro, mais aussi accessoires (manches), sont un mélange noir et blanc de poils de renard et chèvre (fourrures préférées du créateur). L’avenir de la fourrure résidera-t-il dans son passé ? La question est désormais posée.