Tom Ford choisit de s'installer à Paris pour sa renaissance créative avec Haider Ackermann

Vu le succès de la première collection Tom Ford signée par le franco-colombien Haider Ackermann, la marque américaine, propriété du groupe Estée Lauder, choisit Paris rive droite pour installer son studio de création.

Et pour cause : Haider Ackermann est parisien. Sa première collection automne-hiver 2025/2026, qui a défilé dans le calendrier de Paris Fashion Week mars 2025, a suscité un tel enthousiasme que l’histoire est partie pour durer.

Pour preuve : l’accolade que se sont portés les deux créateurs, à la fin du show, en front row, telle une reconnaissance suprême du fondateur de la marque, aujourd’hui retiré de la mode et en piste pour renouer avec le cinéma.

Haider Ackermann s’est plongé dans les archives pour incarner l’esprit d’origine

Pour restituer l’esthétique Tom Ford, Haider Ackermann s’est inspiré non seulement des archives de Tom Ford pour sa marque éponyme, mais également de ses collections alors qu’il était directeur artistique pour Gucci, de 1990 à 2004, puis pour Yves Saint Laurent, de 1999 à 2004.

De fait, on retrouve sa prédilection pour les coupes impeccables, les matières nobles (ici cuir Buffalo, cuir nappa, cachemire, soie et cuir toucher peau pêche, etc.) et ce mix entre le glamour féminin et le côté gentleman/dandy ou encore « métrosexuel », un terme plus trop utilisé, mais qui signait parfaitement ce que Tom Ford a apporté au genre masculin.

Mais ce qui fait également la force de la collection, ce sont les alliances de couleurs : un costume rose pâle et une chemise vert gazon, une veste de costume vert d’eau et une chemise/pantalon marron, sans oublier le noir et le blanc, couleurs de prédilection de la griffe. Ce sens des couleurs, on le retrouve dans la grande palette de fonds de teint et de rouges à lèvres, présentée à l’occasion du resee, qui rappelle que Tom Ford appartient désormais à un groupe spécialisé dans ce secteur (Estée Lauder).

Autres faits marquants : les chaussures pointues (même les mocassins pour hommes) ; les pochettes de costume dans lesquelles peuvent se loger un portefeuille ; le peignoir bleu azur col châle qui rappelle le style Hugh Hefner (Playboy) et invite à retrouver la dimension érotique de l’univers Tom Ford.

Tom Ford, c’est la nuit. Haider Ackermann, c’est le petit matin

Une dimension jadis associée à la tendance « porn chic », que l’artiste américain a incarnée au côté de la rédactrice de mode Carine Roitfeld et du photographe Mario Testino (époque Gucci). À notre époque où les mœurs sont moins libres, Haider Ackermann joue cette carte avec subtilité, même si, à en lire le communiqué qu'il a lui même rédigé, il intègre parfaitement cet aspect de la marque :

« J'ai été attiré par l'homme lui-même, dont la personnalité résonne à travers tout ce qu'il a imaginé. Il est la vie nocturne, je suis le lendemain matin. Le lendemain matin, tout le superflu a été laissé derrière. Ce qui reste, ce sont des sentiments, des impressions et des lèvres rouge sang qui ont été embrassées toute la nuit. Je crois en l'amour ».

Ainsi, au-delà du mariage entre les looks féminins et masculins qui se répondent (veste en cachemire blanc ceinturée pour elle, long manteau dans la même matière pour lui), le final apporte la touche glamour sans laquelle Tom Ford ne serait pas tout à fait Tom Ford avec des robes aux fentes suggestives, des couleurs flamboyantes et ce reste de noir qui rend l’allure, même transgressive, toujours chic.