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Tunis Fashion Week : un regard vers l’Occident, un autre vers l’Orient

By Florence Julienne

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Crédits: Tunis Fashion Week. Mount Ben Braham. ©Grami Nidhal

La Tunis Fashion Week, qui s’est tenue à Carthage les 9 et 10 juin 2023, a montré sa capacité à enjamber à la fois la Méditerranée, pour aborder le marché occidental, et le Golfe Persique pour conquérir les Orientaux.

Après deux ans dans le désert de Tozeur, la quatorzième édition de la Tunis Fashion Week est revenue dans la haute société tunisienne. Les défilés se sont succédés au Musée National de Carthage, haut lieu de la culture du pays.

Post Ben Ali, la Tunis Fashion Week (TNFW) a accompagné l’émergence d’une subculture qui lorgne résolument vers l’Occident. Cette volonté reste incarnée par la présence des marques Soltana by Fatma Ben Soltane, Calestis ou Eye K by Inès Kacem. Mais aussi par de nouvelles pousses comme Haroun Ghanmi ou Outa. Ancrée dans la tendance sustainable qui plane sur l’Europe. Outa by Maud Beneteau a proposé six modèles Couture en denim, un tissu réalisé à base de fils de polyester recyclés de déchets plastiques trouvés à Kerkennah, archipel tunisien de la mer Méditerranée.

Crédits: Tunis Fashion Week. Outa by Maud Beneteau.

Post Covid, la Tunis Fashion Week donne à voir de nouveaux horizons

Mais ce qui tranche avec les années précédentes, après deux années de présence dans le désert de Tozeur, c’est l’influence orientale. À commencer par les premiers rangs, majoritairement occupés par des influenceuses ou VIP qui renouvellent le genre à travers le recours à une esthétique empreinte du modèle libanais (lèvres, pommettes, seins, fessiers, etc.).

Sans doute inspirés par la réussite d’Ali Karoui, créateur phare de la nouvelle génération, installé à Dubaï, et sans aucun doute conscients des difficultés de pénétrer le marché occidental quand l’outil de production n’est pas adapté, des créatrices et créateurs ont déroulé, plus qu’à l’accoutumée, le tapis du podium a des tenues dorées, des matières scintillantes, de strass et autres esthétiques propres à ravir les riches algériennes, marocaines, saoudiennes, etc.

Une tendance que la TNFW choisit d’accompagner en sélectionnant des marques plus à même de sensibiliser le marché oriental. C’est le cas de Souraya Sahraoui, Circé, Achraf Baccouch ou Né à Tunis, qui travaille du reste une couture en dead stocks et recyclage.

Crédits: Tunis Fashion Week. Mount Ben Braham. ©Grami Nidhal

Mouna Ben Braham, la princesse de la Tunis Fashion Week

À ce jeu, citons Mouna Ben Braham Fidèle parmi les fidèles de la TNFW, la couturière qui possède un atelier de cinq brodeuses dans le centre-ville de Tunis, créée des robes pour princesses dignes des mille et une nuits. Son marché ? La Tunisie, bien sûr, mais aussi l’Algérie, le Maroc et bientôt, c’est son objectif, les Émirats arabes unis. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a récemment défilé à Dubaï et à l’Oriental Fashion Show, à Paris, durant laquelle elle a rencontré des acheteuses internationales.

Sa marque se nomme Atmosphère Haute Couture. Certes, cette appellation est réservée à la couture parisienne, mais il faut bien avouer qu’avec des robes uniques, adaptées sur le corps de chaque cliente, inspirée de la broderie traditionnelle au fil d’or (Kontil) puis rehaussées d’un mixte de matières (tulle brodé, guipure, mousseline de soie, dentelles, etc.), la créatrice n’a pas à rougir face à ses concurrents libanais ou égyptiens. D’autant qu’avec des robes placées entre 1500 et 3000 euros, elle est clairement concurrentielle.

Et c’est sans doute dans cette compétitivité tarifaire et dans le style qui sait s’adapter aux différents marchés que la Tunisie joue son rôle dans l’échiquier de la mode internationale. « La force de Tunis Fashion Week est précisément de savoir accompagner nos créateurs nationaux, conclut le producteur Anis Montacer, au sortir de cette édition. Mais aussi d’inviter des étrangers pour inspirer le marché local, comme ce fut le cas de la marque portugaise Malteza Atelier».

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