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Iris van Herpen : « Je suis complètement indépendante et souhaite le rester »

By Florence Julienne

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People |Interview

Iris van Herpen au Musée des Arts Décoratifs à l’occasion de l’inauguration de son exposition « Scuplting The Senses » Crédits: Florence Julienne

Fashionunited a rencontré Iris van Herpen à l’occasion de l’inauguration de son exposition « Scuplting The Senses », au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Nous avons eu envie de savoir comment elle parvenait à conserver sa créativité, à poursuivre ses recherches et que signifiait la Couture pour elle. Réponses toutes en précision.

Comment conservez-vous votre liberté de création ?

Iris van Herpen : L’architecture m’apporte beaucoup de liberté, car c’est une forme d’art et je vois la mode comme une forme d’art. Le plus important a été de créer mon propre ADN créatif et de m’y tenir. De ne pas avoir trop de personnes qui m’influencent. Nous avons besoin de faire évoluer la mode en mixant l’artisanat traditionnel avec des technologies innovantes.

Comment créez-vous de nouvelles matières ?

Je collabore avec des biologistes, scientifiques, artistes, architectes. Ils apportent de nouvelles connaissances au champ de la mode. C’est capital selon moi.

Comment trouvez-vous les fonds pour opérer toutes ces recherches ?

L’argent provient de notre clientèle Couture pour laquelle nous réalisons des conceptions sur mesure. Nos clients viennent dans notre atelier, à Amsterdam, ou à Paris pour le défilé. C’est un beau et pur système de financement.

Qui achètent vos créations ?

J’ai une clientèle de Haute Couture très diversifiée qui vient d’Europe, des États-Unis, d’Asie et du Moyen-Orient.

Combien de temps faut-il pour créer une tenue Iris van Herpen ?

Cela dépend des modèles. Certaines personnes commandent des robes simples qui demandent un ou deux mois de travail. Mais d’autres plus élaborées nécessitent quatre ou cinq mois de conception. Nous réalisons également des robes de mariage.

Combien coûte une robe Iris van Herpen ?

Nos prix débutent à 35 000 euros.

Quel est le statut de votre société ?

Je suis complètement indépendante.

Recevez-vous des aides gouvernementales ou autres pour vous aider dans votre travail de recherches ?

Non, rien du tout.

Souhaitez-vous rester indépendante ?

Oui, définitivement.

Iris van Herpen, Koningin Maxima et Brigitte Macron lors de l'inauguration de l'exposition Iris van Herpen: Sculpting the Senses. Credits: saywho.fr - Michael Huard

Combien de personnes travaillent pour vous ?

La société emploie environ trente personnes. Pour la préparation du show, ce nombre s’accroît. De même, mes collaborations externes (hors atelier) font augmenter ce nombre.

Vous vous êtes précédemment engagée dans le secteur du prêt-à-porter. Pourquoi avoir arrêté ?

J’ai remporté l’Andam Fashion Awards en 2014 grâce auquel j’ai bénéficié d’un mentoring de la part de Kering. Cela m’a permis de créer des collections de prêt-à-porter durant trois saisons. Mais, en réalité, je suis focus sur le fait de développer mes propres matières et techniques. Cela prend beaucoup de temps et ne peut se concevoir au sein de mon propre atelier dans le cadre du prêt-à-porter.

De plus, la notion de durabilité m’importe et c’est une des raisons pour laquelle j’ai préféré me concentrer sur la Haute Couture. Je pense qu’à l'avenir la mode doit se transformer en un mode de fonctionnement plus conscient. Travailler en couture me permet de me concentrer sur de nouvelles matières.

Biomimétisme, cymatique, morphogenèse, technologie 3d, etc. Sur quels domaines se portent vos nouvelles inspirations ?

Mes influences viennent de beaucoup de choses : la nature, l’architecture, l’art, la danse ou encore la musique comme celle créée pour mon exposition (« Scuplting The Senses » au Musée des Arts Décoratifs, NDLR) que les visiteurs peuvent écouter tout au long du parcours. La musique est une part importante de mon processus créatif. J’essaie d’être réceptive et sensible à tous les signes de vie autour de moi et de connecter la Couture au monde dans lequel nous vivons.

Quelle est votre opinion à propos de l’Intelligence Artificielle ?

Oh, c’est un vaste sujet, vous avez plusieurs heures devant vous ? (rires). Je suis curieuse. J’expérimente cette technologie, mais pas d’un point de vue créatif. Je pense que l’Intelligence Artificielle peut être intéressante pour trouver des solutions à des questions qui se posent. Mais, en même temps, j’ai peur des mains dans lesquelles elle peut se retrouver. C’est un outil très puissant et il peut être utilisé pour des missions importantes.

Croyez-vous sincèrement que la Couture, de la façon dont vous la faites, peut changer notre écosystème pétri de fast fashion et d’inégalités en termes de pouvoir d’achat ?

La Couture va bien au-delà et fonctionne à l’instar des peintures qui sont exposées dans un musée. Les œuvres d’art ont un pouvoir d’influence qui dépasse les seuls acheteurs. Ainsi, tout le monde peut venir voir mes œuvres à l’occasion de mon exposition, comprendre mon travail. Mais aussi le découvrir en ligne ou à travers des livres. La Couture n’est pas seulement un article qu’on achète. La couture montre d'où vient l'art et où peut aller la mode, la relation entre notre histoire et notre futur.

Dans cette dimension, l'artisanat est un élément très important, tout comme les nouvelles innovations. La création mode commence toujours par la Couture et se prolonge dans le prêt-à-porter avec de plus grosses marques qui la customise.

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Exposition
Iris van Herpen