Repenser la lingerie : pop-up Rita Intimates, entre seconde main et female gaze

Le pop-up de Valentine Cascailh, créatrice du concept Rita Intimates, se tient jusqu’au samedi 3 mai 2025 au 55 boulevard Beaumarchais (Paris 3e). Au programme : une dimension écoresponsable - de la lingerie de seconde main et des dessous (culottes et soutiens-gorge) issus de collections non vendues – et la bienveillance du « female gaze ».

Le female gaze, regard féminin en français, c’est l’art d’une nouvelle génération de femmes de se réapproprier leur corps, eu égard à des années pendant lesquelles les hommes s’en sont emparés pour les façonner à l’image de leurs fantasmes (sexualisation, objetisation, soumission, jeunisme, etc.).

C’est précisément cette approche qui motive Valentine Cascailh. Diplômée des Arts Décoratifs de Strasbourg, son mémoire critiquait déjà les standards de beauté. Elle a ensuite intégré l’équipe image de la Maison Margiela, avant de rejoindre, en freelance, Maybe, agence créative, en tant que directrice artistique et graphiste.

Côté lingerie, sa motivation pour créer Rita Intimates est née du besoin de consommer durable (vintage, seconde main) et d’apporter à ce secteur le regard d’une femme moderne, libre de son corps.

Concrètement, cela se traduit par une sélection de pièces (nuisettes, bodys, strings, soutiens-gorge) chinées ici et là, griffées (La Perla, Aubade, Miu Miu, Prada, Balenciaga, etc.) ou anonymes, et provenant de stocks non vendus (c’est le cas des culottes qui sont neuves). Le tout entre 30 et 400 euros.

Rita Intimates : de la lingerie féminine haut de gamme pour une expression de la sensualité loin, très loin, des stéréotypes

Pour montrer sa sélection, Valentine Cascailh a choisi d’exposer, du mercredi 30 avril au samedi 3 mai 2025, dans un pop-up situé au 55 boulevard Beaumarchais (Paris 3e). Ce lieu lui donne l’occasion d’exposer sa vision de la féminité, notamment à travers des visuels qui tranchent avec les images sursexualisées de la plupart des campagnes de lingerie.

Ici, le body positivisme s’exprime à travers le fait de montrer les poils pubiens et les tétons à travers la transparence d’un tissu synthétique vieux rose. Ou encore, l’acceptation d’un ventre qui garde les traces d'une opération des ovaires, orné de deux cicatrices. Mais également par l’expression d’une extrême sensualité, women to women, parce que ce qui compte, c'est bien le regard bienveillant que les femmes portent sur leur corps et non le reflet d’un miroir magique ou d’un prince pas toujours si charmant.

Pour l’inauguration de son pop-up, Valentine Cascailh a fait appel à Charlotte Fourneuf-Niel pour un déshabillage symbolique. Elle explore les liens entre corps, mémoire et identité et conclut : « En Rita Intimates, la performeuse déshabille lentement le pouvoir ambivalent de la lingerie, explorant ce qu’elle fait à nos corps et à notre construction identitaire ».