Première Vision se tiendra en juillet au lieu de septembre en 2021
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Dès l’année prochaine, Première Vision Paris change ses dates. La session d’hiver (pour les collections du printemps-été) qui se tient d’ordinaire mi-février (du 11 au 13), aura lieu une semaine plus tôt, du 2 au 4 février. Mais le plus grand bouleversement concerne l’édition d’été. Le grand rendez-vous de l’amont de la filière quitte septembre pour se jouer en juillet, les 6, 7 et 8 très exactement.
Par conséquent, le salon Blossom Première Vision, consacré aux pré-collections pour le luxe, qui se tenait au Carreau du Temple début juillet, va changer de concept et se tiendra pendant la deuxième semaine de septembre. L’organisation de Première Vision réfléchit à le transformer en un « nouvel événement », dont la teneur sera révélée ces prochains mois.
Les impacts seront immédiats sur le calendrier international, déjà au cordeau. Première Vision se tiendra donc une semaine après Pitti Immagine Filati à Florence qui a lieu début juillet. Et se cale en 2021 sur les dates exactes son concurrent italien Milano Unica. Une superposition qui devrait cependant être transitoire, puisque le salon italien devrait se tenir à la mi-juillet dès 2022.
Gilles Lasbordes, directeur général de Première vision Paris explique à FashionUnited les raisons de ce changement de calendrier et en détaille les enjeux.
Première Vision est le rendez-vous incontournable de la filière. Pourquoi ce bouleversement du calendrier ?
Nous suivons les évolutions du rythme du marché de la mode, de plus en plus rapide. Il faut s’aligner sur les nouveaux rythmes de collections. Nous nous sommes appuyés pour prendre cette décision sur une enquête, réalisée par l’Institut Français de la Mode en novembre, dont l’objet était d’analyser le processus de collection de la filière mode. Le panel de l’enquête est large, avec 1 765 décideurs interrogés, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ces marques et distributeurs regroupent 75 pour cent de la consommation de mode en Europe. Il en ressort trois points phares : les produits arrivent plus tôt en magasins sous la poussée des pré-collections. On assiste, et ce de plus en plus, à une accélération du rythme des collections et des livraisons. Enfin et en conséquence, le processus de mise en œuvre des collections démarre plus en amont qu’auparavant.
En moyenne, combien de collections gèrent les marques aujourd’hui ?
L’enquête de l’IFM révèle que 71 pour cent du panel orchestre à minima quatre livraisons de collections par an. Ce phénomène devient la norme. En 2015, 63 pour cent des marques fonctionnaient avec deux collections par an. En 2019, elles ne sont plus que la moitié. Par segment de marché, le luxe et le premium représentent les catégories les plus actives avec un minimum de quatre collections annuelles pour environ la moitié des acteurs. Il faut aussi compter avec l’accélération des capsules et collaborations qui viennent désormais ponctuer très régulièrement le temps de la mode. En ce qui concerne les grandes marques-enseignes, les réseaux de distribution intégrés, c’est 59 pour cent d’entre eux qui délivrent à minima 4 collections annuelles, et 40 pour cent qui gèrent dix livraisons par an. C’est énorme.
C’est pourquoi dans le cadre de cette étude IFM, nous avons demandé aux marques quelle était la meilleure date pour Première Vision. Près de 70 pour cent se sont déclarés en faveur de début juillet, pour les collections d’hiver. Dans la même optique, 72 pour cent ont opté pour avancer les dates du salon au début du mois de février, au lieu de la mi-février Nous avons décidé d’entériner une situation déjà bien présente.
L’amont de la filière, soit les tisseurs, les filateurs et tricoteurs, qui représentent une large part des 1755 exposants de Première Vision sera -t- il prêt ?
Avec ce nouveau positionnement, nous poussons nos exposants à anticiper. La saison démarre plus tôt, et les exposants rencontrent bien souvent, dès juin, leurs acheteurs pour une première impulsion. Donc oui. Eux aussi se sont adaptés à ce rythme, et à cet éclatement du marché, scandé par les capsules, les séries limités, les livraisons multipliées.
Ce rythme accéléré plaide-t-il pour un sourcing de proximité, forcément plus réactif ?
La réactivité est bien sûr un mot clé. Même si la pression des prix reste élevée, nous voyons que la zone de fabrication Euromed se maintient bien. Et bien sûr, Première Vision est positionné sur un marché créatif, avec des supply chain souvent proches et européennes.
photo : Gilles Lasbordes, Première Vision Paris