Affichage environnemental et DPP : 4 questions à Lectra pour comprendre les enjeux de transformation
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Celles-ci peuvent bénéficier d’un engagement accru de leurs consommateurs, d’une amélioration de leurs pratiques de RSE et d’une plus grande capacité à innover grâce à une meilleure exploitation des données.
1. Quel contexte à l’échelle européenne ?
En 2022, selon l’Agence Européenne de l’Environnement, chaque Européen a généré en moyenne 16 kg de déchets textiles. La consommation de textile est l’une des consommations des ménages européens qui génère le plus d’utilisation de matières premières, d’émissions de gaz à effet de serre, de consommation d’eau et de terres.
Pour y remédier, le règlement européen sur l’éco-conception des produits durables (ESPR) est entré en vigueur en 2024. Il introduit de nouvelles exigences sur la conception et l’étiquetage des produits. Pour les vêtements, il a prévu la création d’un passeport numérique de produit (DPP – Digital Product Passport) contenant des informations clés sur l’origine des fibres, leur impact environnemental et leur gestion en fin de vie.
Comme l’explique Lutz Walter, secrétaire général du réseau Textile ETP (European Technology Platform for the Future of Textiles and Clothing) : « l'industrie de la mode est en train de vivre la transformation la plus importante depuis des décennies. Le passage d'une industrie non réglementée à une industrie réglementée signifie que les entreprises doivent repenser la manière dont elles gèrent les données, les chaînes d'approvisionnement et la conformité réglementaire. Celles qui mènent ce changement auront un avantage concurrentiel ».
2. En quoi le DPP permet-il de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs ?
Un nombre croissant de consommateurs souhaitent privilégier une mode durable et recherchent des informations sur la durabilité des matières, la réparabilité et les possibilités de recyclage des vêtements.
D’après PwC, certains consommateurs sont prêts à payer en moyenne 9,7% plus cher pour des biens produits de manière durable. Dans la mode, les marques aux pratiques éthiques, aux matériaux durables et aux processus transparents peuvent être privilégiées. Celles qui n’informent pas clairement leurs clients sur la durabilité de leurs produits risquent donc de perdre des parts de marché. L’affichage environnemental et le DPP peuvent renforcer la confiance des consommateurs et favoriser leur fidélité.
3. Comment le DPP peut-il aider les marques à structurer et concrétiser leurs engagements RSE ?
Selon Philippe Ribera, Vice-Président de l'Innovation chez Lectra, « le défi auquel sont confrontées de nombreuses marques de mode est qu'elles opèrent encore avec des chaînes d'approvisionnement obsolètes et opaques. Il est donc difficile de suivre et de valider les déclarations de durabilité ».
En améliorant la traçabilité des matières et la mesure de l’impact environnemental tout au long du cycle de vie, le DPP aide à identifier les points critiques de la chaîne d’approvisionnement et à engager des actions ciblées. Le niveau de transparence exigé facilite la sélection de fournisseurs certifiés et renforce les liens dans la chaîne de valeur. Il permet aussi de concrétiser les engagements RSE sur le terrain.
4. Pourquoi le DPP est-il aujourd’hui un levier stratégique pour accélérer la transformation technologique du secteur ?
La gestion des données devient un enjeu central pour moderniser les processus et répondre aux normes. Le DPP incite les marques à intégrer les technologies de l'industrie 4.0 pour accéder aux données utiles, grâce au cloud, au big data, à l'IoT et à l'IA. Cela passe aussi par la formation des équipes internes et la mobilisation des partenaires.
Le DPP devient ainsi un outil de conformité mais aussi un levier stratégique, impliquant fabricants, détaillants, services de réparation et recyclage.
« Chaque entreprise doit se demander : qui sera responsable de notre stratégie DPP ?. Il ne s'agit pas seulement d'une tâche pour les équipes chargées de la conformité – cela demande un leadership transversal sur plusieurs départements, depuis le développement des produits jusqu’aux IT, en passant par le marketing », indique M. Walter.
Les investissements technologiques permettront de suivre le cycle de vie des produits, de la matière première au recyclage. Le DPP est un tremplin vers une mode circulaire, au-delà de la simple mise en conformité.
« D'ici 2028, tous les produits textiles vendus dans l'UE devront être conformes à l'ESPR. Les entreprises ont donc tout intérêt à entamer cette transformation dès maintenant. Cartographier les chaînes d'approvisionnement, gérer les données efficacement et s'entourer des bons partenaires permet de se conformer, mais aussi de créer de la valeur : process optimisés, transparence, et impact environnemental réduit », conclut Philippe Ribera, vice-président de l'innovation chez Lectra.