Dans l'ombre des Semaines de la mode, les copieurs à l'affût
loading...
'Obligés de laisser faire'
Selon Kal Raustiala, professeur de droit à l'université UCLA et coauteur du livre "The Knockoff Economy", la pratique est tellement répandue que la plupart des créateurs se sentent désarmés pour y faire face. "Les imitations sont partout. Elles sont quasiment vues comme faisant partie de la réalité de notre monde", dit à l'AFP le chercheur, qui s'est intéressé au sujet parce qu'un ami travaillant dans la mode lui avait raconté avoir fait un séjour à Londres dédié au "shopping de comparaison". "Il faisait le tour de Londres pour observer des vêtements, prendre des photos et rapporter des choses pour les copier. J'ai été surpris de découvrir que c'était légal et même monnaie courante", dit-il.Michael Chan, un avocat spécialisé dans le droit de la propriété intellectuelle, déconseille d'ailleurs à ses clients d'intenter des actions en justice pour des copies de créations. "A moins d'avoir vraiment une raison précise, vous êtes obligés de laisser faire", dit-il. "Si vous faites un imprimé léopard particulier et que quelqu'un d'autre en fait un à peine différent, eh bien, le cycle est trop rapide pour tenter quoi que ce soit", explique-t-il. Mais parfois les créateurs attaquent. Yves Saint Laurent a ainsi poursuivi Ralph Lauren pour contrefaçon à propos d'une robe-smoking, et gagné son procès, en 1994. Plus récemment, en 2007, Topshop a dû détruire plus d'un millier de petites robes jaunes style salopettes après avoir été attaqué par Chloé. Tout en niant qu'il s'agissait d'une copie, la chaîne britannique a toutefois accepté de payer 12.000 livres (15.000 euros) d'indemnisation et de frais de justice afin, a expliqué son patron Philip Green, de ne pas s'exposer à une bataille judiciaire interminable.
Mais, selon Jane Banyai, la copie est plus un problème pour les jeunes créateurs que pour les grandes maisons de mode. "Il y a une véritable dichotomie. Pour les petits, vendre une gamme peut être une question de survie. Les grands, qui sont absorbés par leurs trois autres collections, ne semblent pas autant s'en soucier et peuvent voir cela comme une flatterie", dit-elle.
Par Helen Rowe, AFP
Photo 'Into the Fashion': Bottega Veneta, FW14/15 (gauche) et Zara, FW14/15 (droit)