De nouvelles marques : c’est possible ?
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La première table ronde se déroulait autour du thème : « de nouvelles grandes marques, c’est possible ». Un échange entre Isabelle Ginestet-Naudin, directrice des Fonds Sectoriels, Bpifrance et Didier Grumbach, Président, Fédération française de la Couture. Les intervenants se sont mis d’accord pour rappeler que jusqu’aux années 60, la Couture était une industrie de main d’œuvre : les couturiers étaient alors adossés à des partenaires financiers jusqu’à l’émergence d’un modèle structuré autour des licences, qui apporta des financements plus aisément mais s’est éteint avec la mondialisation.
Aujourd’hui, les créateurs ont à nouveau besoin de financer leur marque dans le cadre d’un modèle où ils gardent la majorité des parts de leur société. Dans ce cadre, Isabelle Ginestet-Naudin et Didier Grumbach ont annoncé le lancement de « Mode & Finance 2 », un fonds d’investissement procédant à des prises de participations précisément minoritaire, dont le plafond est rehaussé à 30 voire 50 millions d’euros. Il s’agit bien d’accompagner au mieux les nouvelles marques de création. Il est essentiel pour ce faire que ces marques puissent systématiquement s’appuyer sur un binôme créateur / gestionnaire, garant de leur sain développement. Un chiffre clé a émergé lors de cette table ronde : c’est le montant minimum avec lequel un créateur peut espérer lancer sa marque. On estime que cette somme se montait à 300000 euros il y a quelques années. Les intervenants étaient d’accord pour estimer qu’aujourd’hui il ne sert plus à rien de se lancer sans avoir un capital minimum de 1,5 millions et demi d’euros.
Evolution positive des relations entre la France et la Chine
Autre conférence très suivie samedi matin, la table ronde intitulée « La Chine, perspectives d’échanges et de développements croisés ». Autour du modérateur Pascal Morand, Directeur Général Adjoint de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris Ile-de-France, se sont exprimés de nombreux intervenants, parmi lesquels Philippe Pasquet, président de Première Vision SA, Chen Dapeng, vice-président de China National Garment Association, de Dominique Jacomet directeur général de l’IFM, de Mao Ji-Hong, president de Mixmind ou encore de Zhang Zhe, directeur général de Shanghai Jinchen Fashion Consultant, intervenants qui à l’unanimité ont affirmé une réelle évolution positive des relations entre la France et la Chine.
Deux craintes : d’un côté, la France éprouvait une réelle défiance en raison de l’abolition des quotas textiles et craignait la copie. De l’autre, la Chine ne voulait pas être identifiée uniquement à la sous-traitance et redoutait l’invasion des marques européennes. Ces deux craintes semblent aujourd’hui se dissiper et on sent poindre une confiance mutuelle construite sur la base de coopérations concrètes.
La Chine est une destination majeure de l’industrie française du luxe. Son potentiel de marché pour les classes moyennes (bien que toujours limité) se développe avec force. De plus les responsables chinois semblent désirer l’avènement d’une véritable Renaissance pour leur pays.
Deux points à noter : tout d’abord, il faut se rappeler que la Chine produisait à la fin du 18e siècle un tiers des objets manufacturés mondiaux. Ensuite, cette Renaissance chinoise souhaitée n’est et ne sera pas seulement économique, elle sera également créative et culturelle : les responsables chinois ont fait état du chemin à parcourir dans le domaine de la mode, en appelant aux compétences créatives françaises.
photo: Villa Noailles, festival de la mode et de la photographie de Hyères, de gauche à droite: Anne Kluytenaar, Kenta Matsushige (grand prix du festival), Pablo Henrard et Louis-Gabriel Nouchi. Photo Hervé Dewintre