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Eric Tibusch: "Je pars en Chine habiller la masse"

By FashionUnited

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Le couturier français Eric Tibusch présente sa collection Printemps-Eté 2014 à FashionUnited et dévoile ses projets d’expansion, notamment en Asie où il installera prochainement un bureau de style et prêtera ses services à une enseigne chinoise.


La vocation d’Eric Tibusch est presque arrivée par hasard. À 42 ans, cet homme corse a grandi entre l'île de beauté et Tahiti. À en voir son élégance à la fois naturelle et soignée, rien d’étonnant à ce qu’il ait entrepris le chemin de l’esthétique et de la création. Repéré une dizaine d’années auparavant par Jean-Paul Gaultier dans la première boutique d’Isabel Marant à Paris dont il était gérant, mais surtout sensible aux coupes et aux matières, le couturier lui a proposé de rejoindre ses ateliers pour compléter sa formation d’autodidacte.

Après avoir fait ses armes, notamment avec Gaultier, Lagerfeld ou Galliano, il lance sa marque éponyme en 2006. Avide de nouvelles techniques, Eric Tibusch aime la tradition, la modernité et surtout l’élégance. Il utilise un accessoire-clé dans bon nombre de ses créations : la perle de nacre, raffinée, délicate et exotique tel un fragment de son enfance passée en Polynésie. C’est aussi le reflet de ce qui se dégage de sa personnalité et de ses créations qui mélangeant les cultures au gré des codes de la french touch.

Un site marchand fin 2014 et une collection PAP Homme en 2015

Si Eric Tibusch ne dispose pas de point de vente en France -mais lancera son site-marchand fin 2014- il a pourtant plusieurs cordes à son arc et de gros projets d’expansion. Habitué des podiums haute-couture à Paris depuis 2006, il a défilé dernièrement en Algérie, en Chine et bientôt au Koweït et au Liban. Il maitrise la haute-couture pour femme, le sur-mesure pour homme, il imagine deux lignes de prêt-à-porter pour femme -en luxe et demi-luxe- et lancera en 2015 une collection de prêt-à-porter pour homme.

Son univers se crée pas à pas et il a ajouté à son panier des accessoires qui viennent compléter ses collections : bijoux fantaisie, joaillerie, sacs, chaussures, lunettes de soleil et d’optiques ou encore du mobilier en collaboration avec le créateur Marc Cotelle pour une chaise Couture qu’il présentait l’an dernier.

Bye-Bye Paris : un rendez-vous balnéaire de luxe

« Bye Bye Paris », la dernière collection haute-couture présentée le 20 janvier dernier à Paris, propose une évasion balnéaire et un clin d’œil à plusieurs villes mythiques comme Acapulco ou New York. « J’ai voulu rendre hommage aux femmes chic parisiennes dans des tailleurs flous et coupés en biais. Une collection plutôt difficile à réaliser non seulement pour le travail de la coupe, mais aussi pour le tomber et l’aplomb ». Avec un total de 50 modèles -« le nombre idéal », dit-il, pour retranscrire ses idées et émotions – il rend hommage aux grands couturiers passés et aux années 1950.

Des femmes comme Marlène Dietrich l’inspirent, mais comme Tibusch a le don de capter les ambiances avec facilité et justesse, tout est pour lui source d’inspiration : la rue, le désert, la télévision…

La femme qui porte Tibush est une femme active, autonome et qui a du caractère. « Elle provoque le désir de son homme et entre dans un jeu de séduction », explique le couturier en citant Yves Saint-Laurent : « La femme doit s’habiller pour se plaire et plaire à l’homme qu’elle aime ».

20 ouvertures en Chine d’ici deux ans

L’ensemble de ses créations sortent tout droit de son atelier parisien. Sa clientèle est européenne, moyen-orientale, chinoise et nippone et l’Asie constitue aujourd’hui sa cible principale. Au Japon, il compte un réseau de trois boutiques et certains modèles de prêt-à-porter arrivent à se vendre entre 10.000 et 20.000 euros la pièce. Il ouvrira un nouvel établissement en Chine à Guangzhou en septembre prochain et prévoit d’inaugurer 20 points de vente supplémentaires dans le géant asiatique d’ici deux ans. « Le mois prochain, nous ouvrons un bureau de style à Guangzhou, Shanghai, et Hong Kong et nous développerons nos marchés asiatiques -Taiwan, Singapour, Corée, Japon - directement de Chine Populaire. Je vais donc m’installer là-bas pour tout organiser. L’avenir est l’Asie et la Chine, à elle seule, représente un marché fulgurant ».

Pour mener à bien le projet de développement de sa Maison et se consacrer entièrement à ses nouvelles lignes de prêt-à-porter, Eric Tibusch a choisi de ne pas présenter de collection couture en juillet prochain.

Le couturier, sollicité par une enseigne chinoise –dont le nom reste confidentiel- créera pour elle des collections. «On gagne plus d’argent à habiller la masse qu’à habiller le luxe », dit-il en citant Pierre Cardin, une de ses références en modèle d’entreprise. « La masse est donc en Chine où le secteur du prêt-à-porter homme et femme est en train de prendre beaucoup d’ampleur, c’est pour cela que j’y vais », dit-il. «Pour satisfaire ma clientèle et la conserver, je maintiens ma qualité, mais je ne baisse pas mes prix. Mes clients doivent reconnaître la qualité, donc rien n’est impossible à faire ».

Une ligne de PAP Femme « Made in China »

La ligne de prêt-à-porter femme sera construite et développée directement de Chine avec une main d’œuvre locale, tandis que les lignes de luxe et la haute-couture resteront en France. « Nos collections seront vendues en dollar et non plus en euro, ce qui nous permettra d’être plus concurrentiel sur ce segment ». Cette nouvelle ligne de prêt à porter aura un prix boutique allant de 50 à 800 euros et verra le jour au mois de septembre.

Après l’Asie, Eric Tibusch devrait continuer son ascension internationale vers d’autres marchés porteurs : l’Amérique et Amérique du Sud.

Photos: Collection "Bye-Bye Paris", Printemps-Eté 2014

(Anne-Sophie Castro)

 

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