Fashion Days Maroc fait défiler 30 créateurs

Marrakech a accueilli la cinquième édition des Fashion Days Maroc, du 27 au 30 juin dernier à l’hôtel Four Seasons. L’évènement haute-couture, qui a ouvert ses portes pour l’inauguration le 27 et a finalisé sur une vente publique

des collections le 30, a compté deux soirées dédiées aux défilés : l’une pour les jeunes créateurs et l’autre pour les créateurs confirmés et reconnus à l’international.

Hommage à la triple culture du Maroc

Sous la bienveillance de la fondatrice des Fashion Days, la créatrice marocaine Najia Abadi, une trentaine de créateurs nationaux et internationaux se sont donnés rendez-vous –sous une température estivale avoisinant les 45ºC- autour du thème « Le Maroc en Couleurs » en hommage à la triple culture arabe, berbère et occidentale du pays.

Un premier défilé à la hauteur de l’évènement ?

Les défilés, orchestrés par le scénographe Gil Tardieu et le styliste Patrick Boffa ont réuni le premier soir une quinzaine d’artisans nationaux. Pas moins de trois heures de passages de collections –malheureusement sans grande nouveauté et les uns à la suite des autres- sous une lumière trop dense et sans pause, de quoi décourager les assistants venus voir de la haute-couture dans un cadre luxueux…Un premierlong défilé qui, bien qu’offrant la possibilité aux nouveaux talents de bénéficier d’une visibilité identique à celle des créateurs confirmés, ne semble pas trouver sa place dans un évènement de haute-couture.

Le samedi 29, les portes s’ouvrent à nouveau à 20h30 pour le second défilé. On espère y trouver de bien meilleures prestations que la veille.

Rami Salamoun, porte les couleurs du Liban

Surprise. Le libanais Rami Salamoun ouvre le bal avec de superbes robes du soir et combinaisons-short pailletées pour une femme ultra-moderne et sensuelle. Le créateur n’a rien à envier à ses confrères Elie Saab et Zuhair Murad. Avec élégance, il rend hommage aux liens qui unissent le Maroc et le Liban en faisant défiler deux hommes-drapeaux en sequins sur le podium. Sa collection s’articule autour d’une coupe traditionnelle du caftan revisité, puis fendu sur le devant et décliné en tons unis ou imprimés ethniques.

Féminité et volupté pour Christophe Guillarmé

Vient le tour de Miriam Lyoubi Guessous, créatrice traditionnelle incontournable et maître du caftan, puis du français Christophe Guillarmé qui revient pour la cinquième fois aux Fashion Days. Sa collection de robes, très féminine et légère reprend les codes des caftans marocains dans une palette de couleurs allant des beiges au rose, corail, orangé ou noir.

Karim

Tassi pour un style Touareg élégant

Parmi les assistants, le parrain de l’évènement, Xavier Guerrand-Hermès, vice-président d’Hermès Paris –et résidant dans la médina de la ville ocre- découvre attentivement la collection de Karim Tassi qui – pourrait-on croire- s’inspire des silhouettes de la célèbre maison de couture. Tassi choisi le gris foncé comme couleur dominante. C’est la collection « sombre » de la soirée. Les hommes sont habillés en costumes et vestes trois-quarts aux cols Mao portés sous de larges ceintures en cuir et mocassins bicolores. On retrouve des matières nobles comme le cachemire, la laine ou le velours. Pour les femmes, des robes Touaregs couvertes par de longs manteaux ou des shorts portés sur des chaussures à plateformes sans talons, une pièce clé de cette collection résolument raffinée.

Cette année, Patrick Boffa a imaginé en binôme avec Najia Abadi, une femme très futuriste à demi-nue portant des robes argentées et accessoires métalliques robotisants. Des lunettes de soleil aux verres sertis d’énormes pierres de Swarovski à la transparence des caftans brodés, il ne reste plus qu’une femme indépendante, sexy et moderne qui rompt complètement avec la tradition marocaine.

Un des maîtres de la soirée : Simohamed Lakhdar

Entre autres artistes, l’un des maîtres de la cérémonie, Simohamed Lakhdar, est accompagné ce jour dans les coulisses par le talentueux créateur Rbati (de la ville de Rabat), Abdelhanine Raouh, qui ne défile pas ce soir-là.

Lakhdar a créé un style tribal et coloré avec des pièces traditionnelles juxtaposées par des détails fluo, des lanières multicolores, des perles, des petites pièces et des maquillages ethniques. Dans sa collection, il choisit de faire cohabiter pantalons droits et sarouels, caftans imprimés léopard et autres transparents en organza. Lakhdar domine à la perfection ce mélange de styles et de tissus et n’hésite pas à rendre encore plus féminine la mode marocaine en y ajoutant des corsets et mini-jupes en cuir brodées de fleurs. Un plaisir pour les yeux.

C’est Stéphane Bianca, le créateur français de haute-couture –ne recevant sa clientèle que sur rendez-vous- qui a fermé cette session avec de jolies créations en tulle rouge et blanc, crêpe de soie et broderie cuivrée.

Une deuxième soirée surprenante avec de magnifiques collections ponctuée de danseurs et de remises de prix, dont un pour le réalisateur du film « la Source des Femmes », Radu Mihaileanu , tourné en 2011 près de Marrakech ou l’actrice locale Leila Bekhti, protagoniste du film. Seul bémol cependant, un trop grand nombre de participants pour défilé beaucoup trop long.

Photos : Patrick Causse pour Rami Salamoun, Christophe Guillarmé, Karim Tassi et Simohamed Lakhdar

(Anne-Sophie Castro)