Les podiums ont toujours la cote bien entendu ne serait ce que pour la richesse iconographique qu'ils offrent aux médias mais il faut bien constater - et c'est une bonne nouvelle - que la fashion week dédiée à la mode masculine
s'ouvre désormais de plus en plus largement aux presentations sans défilés. Pourquoi une bonne nouvelle? Parce que ce nouveau type de scénographie permet, en plus de son aspect économique, d'éclairer au plus près la richesse d'un vestiaire dont la qualité réside souvent dans les détails.
Antoine
Arnault, le fils du PDG de LVMH, qui pilote la transformation du chausseur traditionnel Berluti en maison de prêt-à-porter de luxe depuis quatre saisons avec l'aide du directeur artistique Alessandro Sartori (débauché de chez Zegna), n’a pas encore mis sur pied de défilés et ne s'en porte pas plus mal. Certes, les modèles ont bien fait quelques pas sur le gazon de l’hôtel de Sully ce vendredi mais la richesse des matières et du tailoring pouvait largement être inspecté au plus près par les journalistes et les cameras présentes auprès de mannequins statiques.
Dans le cadre du salon Tranoï, le designer brésilien Gustavo Lins présentait sa collection sur les marches du palais Brogniart avec un casting "de vraies personnes"sélectionnées quelques jours auparavant à l'atelier du créateur rue vieille du temple. Une dose salutaire de spontanéité se développait lors de cette présentation d'un genre hybride ( mais ô combien rafraîchissante) où l'allure des vetements extremement articulés prenait le pas sur la standardisation. Ce qui n’empêchait pas au grand public mêlé aux professionnels de pouvoir scruter avec intérêt une collection où éclatait le charme des formes épurées et aux matières recherchées sans être ampoulées tandis que la coupe suit la « carcasse », l’anatomie du corps en mouvement et offre un confort tout en souplesse.
Joie de vivre seventies
Chez Smalto, samedi au rond point des Champs Elysées dans les salons d'arcurial, la cabine Smalto prenait la pose langoureusement dans un vestiaire où explosait la joie de vivre des années 70. Cinq tableaux pour cinq mises en situation qui permettent au regard de saisir instantanément l’obsession du détail de Youn Chong Bak, qui décidément connait bien son homme Francesco Smalto : la broderie se cache derrière une doublure, le point main dit "travetta" finit les poches, les boutonnières et les dos de vestes tandis que la structure s'allège irrésistiblement à l'aide de découpe laser, de lins et de veaux velours ultra fins.
Pas
de défilé non plus pour Gaultier ou pour Balmain qui préfére la confidentialité de son showroom pour faire expertiser le vestiaire signée Olivier Rousteing qui s'amuse à imaginer la garde robe du Gainsbourg d'aujourd'hui. Une projection où le perforé s'est taillé la part du lion (légèreté oblige) et qui demande une attention particulière pour pouvoir apprécier au moins les chaînes, les galons et les broderies pied-de-poule d'un blouson qui auront nécessité parfois jusqu'à trois semaines de réalisation. Vous avez dit couture?
La grande maison lyonnaise Zilli préfère elle aussi recevoir les journalistes au sein de sa maison parisienne. Plus de confort, d'intimité et de chaleur (humaine et estivale) qui sied à merveille à une mode qui ne se résume pas à une performance mais à un art de vivre à l'image de la collection denim fidèle à jamais au coton japonais doublé de stretch ou encore des costumes d'une légèreté inouïe grâce à des mélanges recherchés ((soie, lin et soie, soie et vigogne, soie, lin et zibeline). Un cuir travaillé comme un tissu a tout l'éclat de la lumière la plus vive, certains contrastes confirment la virtuosité d'ateliers solidement implantés à Lyon, tandis qu'un micro motif pied-de-poule sur lequel sont cousues des plaques de cuir s'offre sur un modèle réversible calmement contemporain.