François-Henri Pinault : ses amours, ses stock-options

Malgré une fortune considérable estimée par le magazine Challenges en 2013 à 11 milliards d'euros, la famille Pinault intéresse beaucoup moins les médias français que la famille Arnault. Pourtant, le parcours est identique. Le groupe de François Pinault a fait fortune dans le commerce du bois

 (tandis que la famille Arnault prospérait de son côté dans la construction) avant de progressivement se concentrer sur le luxe, à l’instar de LVHM dont il est aujourd’hui le concurrent principal.

Un désintérêt médiatique relatif qui s’expliquerait peut-être par le fait que François Pinault, natif des Côtes d'Armor, était d’un naturel très discret. Mais l’argument s’effondre puisque Bernard Arnault a lui aussi le calme froid et pudique des hommes du Nord.

La discrétion en tout cas, ne semble pas être un trait puissamment distinctif de François-Henri Pinault qui tient désormais l’empire de son père en main. Un empire qui s’appelle maintenant Kering après avoir changé plusieurs fois de nom. Le fringuant capitaine d’industrie, âgé de 51 ans, arpente les défilés et les tapis rouge au bras de sa femme, l’actrice et productrice à succès Salma Hayek. Il est séduisant, elle est sublime et volubile (dans le dernier Paris March, elle délivre plusieurs confidences sur son couple qu’elle décrit comme « fusionnel ») : bref, ils forment un couple de star et jouissent dans le même temps d’une relative bienveillance de la part des médias français. La preuve la plus récente : le cas Pinault défraie actuellement la chronique en Angleterre où les médias britanniques s’interrogent sur un éventuel déménagement fiscal du couple à Londres. Les journaux dans l’hexagone ont assez peu relaté l’affaire. On se rappelle que le même cas de figure avait valu des éditoriaux féroces envers Bernard Arnault. François-Henri Pinault de son côté aura simplement les honneurs d’une dépêche AFP qui cite le porte-parole du groupe comme pour solder l’affaire : « François-Henri Pinault partage son temps entre plusieurs quartiers généraux du groupe, Paris, Londres, New York, Hong Kong. Mais il entend rester résident fiscal français ».

François-Henri Pinault engrange près de 3 millions d'euros de plus-values

Si la résidence fiscale de François-Henri Pinault n’affole pas les éditorialistes français, les spectaculaires plus-values de l’homme d’affaire auront-ils plus d’échos ? Le patron du grand groupe de luxe vient en effet de toucher une plus-value de près de 3 millions d'euros grâce à l'exercice de stock-options au milieu du mois de mai, selon des documents publiés ce week-end sur le site de l'AMF. Concrètement, Pinault-fils a pu acheter, le 9 mai, 25000 actions Kering à un prix préférentiel de 101,83 euros l’unité. Il les a revendues quasi instantanément à 155,74 euros l’unité (c’est-à-dire au prix du marché). Le gain de cette opération purement financière est conséquent : 1,35 million d'euros. Trois jours plus tard, même manœuvre portant avec cette fois sur un lot de 30000 titres. Prix d’achat : 101,83 euros, prix de revente : 155,45 euros. Gain de l’opération en trois jours : 1,61 million d'euros. Soit 2,96 millions empochés au total mi-mai.

Une superbe opération boursière pour le patron de Kering qui fait partie du peloton des patrons les mieux payés de France. En 2013, il a ainsi touché 4 millions d'euros, dont 1,1 million de salaire fixe, 1,2 million de variable et 1,5 million au titre de la performance à long terme. Comment sera accueillie cette information, au moment où Kering finalise sa cession de la Redoute et annonce la mise en place d’un plan social de grande ampleur qui concerne 1178 salariés du centenaire VPCiste dans le nord de la France ? Le PDG de Kering, après avoir franchi une étape décisive dans la cession du pôle distribution de son groupe, pôle pour lequel il n’a jamais ressenti le feu sacré de la passion, ne semble déranger outre mesure par ce hasard de calendrier et préfère se consacrer dorénavant à Puma dont il vient de qualifier la relance comme « une priorité absolue du groupe ».